L’élection municipale revêt un caractère particulier à Saint-Mathieu. Après 20 ans sous la gouverne de Lise Poissant, la municipalité de quelque 2300 citoyens devra faire son choix entre trois candidats le 2 novembre.
Jean-Luc Dulude – Équipe Dulude
À la table du conseil depuis 12 ans comme conseiller, Jean-Luc Dulude vise à succéder à la mairesse.
«J’entends être dans la continuité de Mme Poissant, mais avec ma couleur, laisse-t-il entendre. On a eu de bonnes discussions au fil des ans pour faire avancer la Ville. Ce sont de grosses chaussures à chausser.»
Au cours des derniers mois, le dauphin de la mairesse a pu se familiariser avec les réunions de la MRC où il a établi des contacts avec les maires du Roussillon.
Saint-Mathieu, située entre l’autoroute 15, une ligne électrique d’Hydro-Québec, la voie ferrée du Canadien Pacifique et la rivière de la Tortue présente un territoire à 97% agricole. En ce sens, il est difficile de modifier le schéma d’aménagement, rappelle-t-il. Une réalité à considérer dans le développement.
«Je n’ai pas l’intention qu’on devienne une grosse municipalité, a annoncé le candidat. Mais j’aimerais attirer des commerces de proximité et avoir plus de services.»
La municipalité fait partie de la communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Les citoyens doivent donc défrayer 150$ supplémentaires en taxe d’immatriculation.
M. Dulude aimerait voir la municipalité se retirer de la CMM d’autant plus que Saint-Mathieu n’est pas desservie en transport en commun.
«Je reçois des demandes de jeunes familles, a-t-il dit. J’aimerais débuter avec un stationnement incitatif, mais le terrain envisagé, sur la Principale, appartient au ministère des Transports du Québec (MTQ), a-t-il avancé. Il faudrait ensuite voir avec exo combien ça pourrait coûter. Un projet-pilote avait coûté 100 000$ à l’époque et servait trois citoyens seulement en plus de 9 de Saint-Rémi.»
Patrick Pépin – Équipe Pépin
Au cours des quatre dernières années, Patrick Pépin a représenté les citoyens du district 3. Élu comme indépendant, il présente cette fois une équipe pour accéder à la mairie.
«J’en mange de la politique, a-t-il assuré. J’ai siégé sur 7-8 des 10 comités et j’ai vu des choses qui fonctionnaient et d’autres moins bien. De me lancer en équipe démontre que je suis groundé. Ça démontre que je suis prêt.»
Il se présente comme un vent de fraîcheur qui veut faire la politique différemment. Sa campagne le démontre avec ses vidéos, une présence accrue sur les réseaux sociaux, ses kiosques au lieu d’un porte-à-porte qu’il qualifie d’intrusif et ses affiches électorales qui attirent l’œil, même celui d’Infoman.
M. Pépin propose un regard nouveau. «C’est un beau défi, mais il y a des enjeux, insiste-t-il. Tu dois agir en pensant. Tu peux dire que tu as bien fait ta job quand tu fais un move qui sera toujours bénéfique dans 20 ans.»
Le terrain privé de Cité Val-Boisé, un territoire qui comprend le tiers des résidences de Saint-Mathieu qu’il qualifie de particulier, mérite d’être traité comme les autres quartiers, mais via une approche différente, soutient-il.
La sécurité routière est aussi dans sa mire alors qu’il rappelle qu’il y a eu un décès malheureux sur la Principale il y a trois ans.
«On a demandé un stop à l’angle de Saint-Pierre et de la Principale, mais le MTQ ne veut pas, se désole-t-il. Mais on ne fait que piocher du pied et signer des résolutions. Il faut aller les porter en main propre et s’assurer que le dossier ne retombe pas en bas de la pile.»
Relier tout le monde ensemble avec un réseau doté d’une piste multifonctionnelle adéquate pour le transport actif sécuritaire est aussi dans ses propositions.
Il apprécie aussi le cachet «rural à 5 minutes de tout». Si bien que le développement résidentiel doit se faire intelligemment selon lui.
Juliano-Leroi Rouhana
Confronté à deux équipes, le candidat indépendant Juliano-Leroi Rouhana se présente comme une alternative à Saint-Mathieu.
«J’ai un profil différent et les gens me disent aimer «l’autre choix» dans mon porte-à-porte, a-t-il affirmé. Un maire indépendant n’est pas là pour le parti X ou Y, il est là pour la communauté.»
Superviseur en ingénierie et toujours étudiant à la maîtrise en administration des affaires (MBA), il croit fermement à l’éducation. Issue d’un milieu défavorisé, sa scolarité lui a permis de contrer la pauvreté chronique et d’accéder à un certain niveau de fierté et de sécurité alimentaire.
Son parcours l’inspire à mettre sur pied un programme de bourses étudiantes pour encourager la jeunesse de la communauté.
Aussi stimulé par les organismes communautaires comme Entraide Saint-Mathieu ou la Vigile verte, il entend remettre au moins 30% de son salaire pour réinvestir dans la communauté.
«Je veux être proche de la population, soutient-il. Je ne suis pas désespéré à être élu, la vie continue après le 2 novembre. Mais je veux redonner à la population de Saint-Mathieu.»
La santé est aussi dans son programme électoral, lui qui souhaite encourager la mise en place d’un bureau médical public dans la municipalité.
Les citoyens lui ont aussi parlé des enjeux de sécurité routière, ce qu’il reconnaît et veut améliorer.
Sa voix non partisane, sans affichage à Saint-Mathieu, semble avoir résonné dans la communauté.
«J’ai semé une graine de curiosité par ma jeunesse et mon courage, a-t-il mentionné. J’amène un choix différent. C’est ça la démocratie. J’ai des idées complémentaires. Les autres candidats semblent avoir remarqué ce que je propose et j’aimerais qu’ils reprennent de mes idées. Parce que même si je ne gagne pas, je compte mettre des choses en place.»
