Pionnière dans son sport
Parmi les 43 athlètes masculins de l’équipe de football juvénile des Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne cette saison, une joueuse s’est taillée une place au sein de l’alignement partant. Ariel Lemelin a toujours voulu prouver qu’elle était capable de jouer au même niveau que ses confrères et elle l’a fait, une fois de plus, au Bol d’or, le 21 novembre.
Lorsqu’elle est arrivée pour la première fois à l’établissement scolaire de Sainte-Catherine en 2017, la passionnée de football a voulu essayer le flag football, un sport dérivé sans plaqués, mais la période d’inscription était terminée. L’école lui a donc suggéré de tenter sa chance auprès du programme de football.
«Les Dynamiques acceptent tous les élèves dans l’équipe, mais ils ne font pas jouer tout le monde», fait savoir l’adolescente de 15 ans.
Puisque la résidente de Saint-Constant était parmi les membres les plus grands et costauds de la formation, elle a pu se mesurer aux garçons de son âge. Elle s’est taillé une place au sein de la ligne offensive où elle a évolué pendant trois ans. Bien que cette position lui ait demandé de la rigueur technique, l’adolescente a voulu relever un défi plus stimulant.
«J’ai changé de position pour être plaqueur défensif, car je voulais vivre plus d’action», explique-t-elle.
Son père, David Lemelin, mentionne que sa fille a toujours eu une bonne force physique pour son âge. Une drôle d’anecdote en démontre l’ampleur, confie-t-il.
«Lorsqu’elle avait 6 ans, elle a été en mesure de lever du sol l’ancien hockeyeur Guillaume Latendresse», dit son père en ricanant.
Blague à part, ce dernier avoue qu’il était craintif au départ, lorsque sa fille lui a dit qu’elle jouerait aux côtés de garçons.
Ariel Lemelin a joué trois ans sur la ligne offensive. (Photo: Gracieuseté - Marc Joannette)
«Cette année, j’avais peur en raison de la largeur des joueurs, raconte le conseiller municipal à Saint-Constant. Par contre, quand je l’ai vu aller, je l’ai trouvée technique et exceptionnelle.»
Le paternel admire les efforts déployés par sa fille pour être au meilleur de sa forme.
«Si elle a la même détermination dans tout ce qu’elle entreprend, elle ira loin», renchérit-il.
Acceptée sur le champ
Ariel Lemelin soutient avoir été accueillie à bras ouverts dès le premier jour par ses coéquipiers.
Si elle était déçue de sa performance, ceux-ci étaient prêts à l’encourager pour lui remonter le moral.
«C’est comme une grande famille, affirme-t-elle. Les entraîneurs, les physiothérapeutes et les autres membres de l’équipe ont été là pour moi depuis que j’ai joint le programme.»
Jusqu’à présent, l’adolescente a fait bonne figure sur la ligne défensive et n’a craint pas de renverser l’adversaire.
«Ce n’est pas tant difficile quand tu connais la technique et les jeux, estime celle qui porte le numéro 91. Je veux me dépasser et devenir meilleure chaque jour.»
Éloges
L’entraîneur-chef des Dynamiques, Michel-Pierre Pontbriand, souligne l’éthique de travail ainsi que la persévérance de son unique joueuse.
«Il s’agit d’un sport qui demande beaucoup d’énergie et d’engagement, indique M. Pontbriand. C’est une fierté de voir qu’Ariel a été une cheffe en la matière.»
Celui qui est à la barre de l’équipe depuis quatre ans ajoute qu’elle n’a peur de rien et qu’elle est prête à relever tous les défis.
«C’est une jeune fille qui s’entraîne très fort et qui est très acharnée dans son désir de s’améliorer, affirme-t-il. C’était une évidence pour nous de l’avoir dans l’équipe.»
Il est même d’avis que l’accomplissement d’Ariel Lemelin inspirera d’autres filles à joindre le programme.
«Beaucoup de jeunes filles voient Ariel comme un modèle», estime-t-il.
La principale intéressée attire l’attention des autres élèves à l’école.
«Les plus jeunes viennent me voir à l’heure du dîner et me posent pleins de questions, se réjouit-elle. Ils disent avoir hâte de jouer avec moi.»
Selon elle, les parents démontrent aussi une belle ouverture et félicitent sa résilience.
Aux jeunes filles qui souhaitent suivre ses pas, Ariel Lemelin leur dit ceci: «Il ne faut pas voir le football comme un sport dangereux. Fonce, mais si ce n’est pas pour toi, au moins tu auras essayé.»
Pas de suite… ou presque
Malgré son parcours de rêve, l’élève de quatrième secondaire ne croit pas poursuivre le football au niveau collégial, puisqu’elle considère qu’elle ne sera pas en mesure d’affronter des hommes au physique plus développé.
Toutefois, elle aimerait essayer le rugby, un sport qui s’apparente beaucoup au football. D'ici là, elle retrouvera l'équipe juvénile pour sa dernière année au secondaire.
Bol d’or
Les Dynamiques se sont inclinés en finale contre le Cactus du Collège Notre-Dame par la marque de 26 à 25. Ariel Lemelin a souligné l’effort de son équipe malgré le résultat crève-cœur.
«Nous ne nous attendions pas à ça, nous pensions que nous allions gagner», confie-t-elle en faisant référence à l’avance de 11 points que les Dynamiques ont perdu avec seulement 2 minutes et demie à jouer.
Selon l’entraîneur-chef, ce dénouement amer fera grandir les joueurs.
«C’est une défaite dans laquelle nous avons beaucoup appris, soutient Michel-Pierre Pontbriand. Néanmoins, j’étais content qu’ils puissent tous vivre ''la grande danse''».
Il s’agissait de la 2e présence des Dynamiques au Bol d’or en trois ans.
«J’ai été accueillie par les autres joueurs comme si j’avais toujours fait partie de leur équipe.»
-Ariel Lemelin