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La Prairie, épicentre d'une mobilisation contre le bannissement des fusils de airsoft
le jeudi 25 mars 2021
Modifié à 15 h 23 min le 24 mars 2021
Le projet de loi C-21 du gouvernement fédéral, qui vise à resserrer la législation des armes à feu et des répliques d’armes d’assaut, pourrait mettre fin à l’industrie du airsoft au pays, déplore des intervenants locaux. La Fédération sportive d’airsoft du Québec (FSAQ), située à La Prairie, est le fer de lance d’une mobilisation à travers le pays depuis un mois.
«La Prairie est un peu l’épicentre d’une tempête qui commence à se faire ressentir d’un bout à l’autre du Canada», lance le cofondateur de la FSAQ, Jean-Luc Tessier.
Amateurs, associations, fédérations et commerçants de l’industrie du airsoft ont joint leurs voix dans les médias et auprès des députés fédéraux au cours des dernières semaines afin de s’opposer au projet de loi, clamant que les fusils de airsoft ne sont que des jouets utilisés dans un cadre récréatif.
«Quand tu joues sur un terrain, c’est comme le hockey ou le football, tu dois mettre ton équipement de protection. C’est une bille qui sort quand même à 400 pieds par seconde. Si quelqu’un se met à tirer sur quelqu’un d’autre qui n’a pas d’équipement de protection, il peut le blesser, lui faire des bleus. Ça peut crever un œil, casser une dent, mais ça ne peut pas tuer», soutient M. Tessier.
Pas concernés
Les adeptes jugent que sur le plan de la sécurité publique, «ça ne changera rien» d’empêcher l’utilisation de leurs fusils.
«Les criminels ne s’équipent pas de jouets pour faire des mauvais coups, ils s’équipent de vrais outils, fait valoir le propriétaire des Petits Guerriers de airsoft à La Prairie qui propose des activités de airsoft aux jeunes de 10 à 16 ans. Par rapport au contrôle des armes à feu, on n’est pas pour, on n’est pas contre, on n’est juste pas concernés à titre d’organisation.»
Le fusil de airsoft est un propulseur électromécanique ou aéromécanique à air qui permet de lancer de petites billes de fécules de maïs biodégradables, explique-t-il.
«Il n’y a aucun moyen d’adapter un air soft pour le transformer en arme à feu», assure-t-il.
«Ça ne développe pas un sentiment de violence chez l’individu, c’est un jeu amical.» -Jean-Luc TessierCampagne politique Une table de concertation, Airsoft in Canada, a récemment été formée et regroupe entre autres des gens de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et des Maritimes. Ils se rencontrent deux fois par semaine afin d’assurer une action coordonnée face au gouvernement. Mais ultimement, c’est la FSAQ, la seule fédération active au Canada dans le milieu, qui se chargera de déposer un mémoire au comité de la sécurité publique du gouvernement fédéral, fait savoir M. Tessier. Des compromis possibles La communauté d’Airsoft, qui a «bon espoir» de faire changer les choses, est prête à faire des compromis avec le gouvernement. Parmi ses recommandations, elle propose d’établir des règles de transport des fusils de airsoft dans un étui approprié, de restreindre leur utilisation à des sites appropriés ou encore de mettre en place un programme de formation de sécurité. Elle propose également de limiter l’achat de fusils de airsoft aux 18 ans et plus et l’utilisation aux 10 à 12 ans et plus avec l’autorisation parentale. «Pour ce qui est de l’apparence, il y a des états comme la Californie qui sont arrivés avec des solutions innovantes, par exemple d’installer un bout orange sur le bout du canon, des couleurs vives qui permettent de les distinguer visuellement d’une arme», exemplifie M. Tessier. «La communauté du airsoft est composée de monde raisonnable et à l’écoute», affirme-t-il. Pas des propriétaires d'armes à feu Selon un sondage national réalisé dernièrement par la FSAQ auprès de 2 000 membres de la communauté, 75% ne sont pas des propriétaires d’armes à feu et 65% n’ont pas de permis d’armes à feu. Des chiffres qui corroborent les arguments de la Fédération, selon Jean-Luc Tessier. «Avec Les Petits Guerriers, j’en ai quelques-uns qui vont aller étudier en techniques policières ou entrer dans les Forces armées canadiennes, mais c’est des poussières de pourcentage sur les 2300 membres de l’organisation», dit-il. Des pertes importantes Si le projet de loi C-21 était adopté, ce serait la fin de l’industrie entière du airsoft et une partie de celle du paintball, affirme Jean-Luc Tessier qui chiffre les dépenses annuelles à 350 M$. «Si on regarde les dépenses récréotouristiques autour de ça, on frise le milliard de dollars», ajoute-t-il. On compte environ 1 200 emplois directement liés à l’industrie au Canada. «C’est une petite usine de Bombardier que tu mets à la porte du jour au lendemain!» compare le Laprairien. Il déplore d’ailleurs l’absence d’un programme de rachat pour les propriétaires de airsoft, qui dépensent en moyenne 5 000$ à 10 000$ en équipement, selon le sondage réalisé par la FSAQ. «Tu ne peux pas les vendre, les céder, les utiliser. Si tu te fais pogner avec ça dans la rue, tu peux te le faire saisir par la police.»¸ Une campagne Go Fund Me lancée par la FSAQ a permis d’amasser plus de 26 000$ qui serviront notamment à payer des frais d’avocats pour défendre les joueurs contre le projet de loi.