Opinion

La culpabilité

le mercredi 11 mai 2016
Modifié à 0 h 00 min le 11 mai 2016
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Le billet du 11 mai 2016 d'Hélène Gingras.

Souffrez-vous de culpabilité?

J'emploie le mot souffrance parce que c'est le cas. La culpabilité fait mal. Ronge et dévore. Nous tient éveillé. Elle s'empare de notre tête. Nous empêche parfois de se concentrer. D'avoir les idées claires. De trancher. 

La culpabilité atteint aussi nos émotions. Nous bouleverse ou nous rend agité. Nerveux. Créant un malaise interne qui ne nous quitte pas. 

Est-ce que c'est génétique? Je ne pense pas. Lié à notre éducation? À la religion? Au sexe? 

J'ai très tôt ressenti souvent un sentiment lié à une faute. Imaginaire où réelle. À me sentir responsable d'une situation. D'un revirement inattendu. À en prendre le blâme. En tout ou en partie. 

Je me rappelle encore très bien du sentiment de culpabilité que j'avais ressentie quand le directeur de l'école primaire que je fréquentais nous avait surpris à fouiller dans un casier. 

C'était un vendredi. Une journée pédagogique. Je m'étais malgré tout retrouvée dans la cour d'école en compagnie de deux amis. L’un d’eux avait eu l'idée d'aller chercher le ballon d'un autre de nos amis. Dans son casier. Celui avec lequel on jouait à toutes les récréations sans exception.

Avec surprise, nous avions constaté que les portes de l'école n'étaient pas barrées. Le directeur nous avait surpris au moment où nous prenions le ballon. 

Nos explications, quoi que vraies – c'était le ballon de notre ami et nos intention n'étaient pas de le voler –, n'avaient pas convaincu le directeur. Qui avait exigé qu'on lui donne notre nom complet sur-le-champ. Puis, avait exigé que nous allions le rencontrer à son bureau à la première heure le lundi matin.

Contrairement à mes deux amis qui me répétaient d’arrêter de m’en faire, je n'avais pas dormi de la fin de semaine. J'étais terrorisée. Apeurée. À la seule idée que le directeur nous impose une retenue. Parce qu'on n'avait rien voulu faire de mal. Encore plus à l'idée de devoir raconter ensuite le tout à mes parents. De m'expliquer. Parce que les apparences jouaient contre moi, je me sentais coupable.

Il ne nous est finalement rien arrivé le lundi suivant. Ce n’est même plus clair dans ma tête si nous avions rencontré le directeur ou non.

Il ne m’est resté de cette histoire que ce sentiment de culpabilité. Encore aujourd'hui, il m'arrive souvent de me faire prendre au piège. Même sans raison.  

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