Actualités
L’embouteilleur Richard Lalonde a fait des victimes à l’extérieur de la région
le jeudi 14 janvier 2021
Modifié à 16 h 35 min le 14 janvier 2021
Les gens dupés par l’homme à la tête de l’entreprise Embouteilleurs R. Lalonde inc., qui avait pignon sur rue à Delson, sont nombreux au-delà de la région. Une mise en demeure se prépare à Sainte-Anne-des-Plaines, où un ancien Constantin témoigne s’être fait avoir en voulant aider Richard Lalonde à développer son marché d’embouteillage.
À la suite de l’article publié dans Le Reflet en novembre au sujet de l’entrepreneur, des dizaines de témoignages ont été envoyés à l’auteure de ces lignes.
Le nom de Patrick Duchesne a notamment été mentionné. Il s’est retrouvé aux premières loges du subterfuge de M. Lalonde. Client de ce dernier lorsqu’il demeurait à Saint-Constant, il a fait affaire avec lui, afin de l’aider à développer son marché à Sainte-Anne-des-Plaines, sa nouvelle ville de résidence. Il n’a jamais eu de problèmes avec M. Lalonde, jusqu’à l’automne, au moment même où plusieurs ont été floués sur la Rive-Sud.
«Il m’appelait tous les mois pour m’offrir des bouteilles, même si j’étais déménagé. Ici, tout le monde achète de l’eau embouteillée alors je me disais que c’était une bonne occasion de développement», explique M. Duchesne.
Il raconte être devenu ce que M. Lalonde appelait «son représentant», en juillet. Il distribuait des brochures, vendait des bouteilles et des coupons de remplissage aux clients. Il avait une entente verbale avec l’embouteilleur, qui lui, faisait la livraison, affirme l’ancien Constantin. Les revenus devaient être divisés en deux. Aucun contrat n’a été signé à l’effet que M. Duchesne était l’employé ou l’associé de M. Lalonde, ajoute-t-il.
[caption id="attachment_102484" align="alignnone" width="444"] Le dit coupon que M. Lalonde a distribué à bon nombres de clients.[/caption]
Une centaine de nouveaux clients ont été acquis dans les secteurs de Sainte-Anne-des-Plaines, Bois-des-Filion, Blainville et Dollard-des-Ormeaux.
«À l’automne j’ai commencé à décrocher. Chaque fois que je faisais des ventes, il débarquait chez moi en me disant qu’il avait besoin d’argent. Il me demandait 100% des revenus en me disant que j’aurais ma moitié plus tard», se souvient M. Duchesne.
Il lui a fait confiance, à tort. L’homme estime qu’à ce jour, M. Lalonde lui doit «au moins 3 000$» en commissions. Il a de surcroît investi 500$ pour des bouteilles. Ses pertes totales s’élèveraient entre 4 000$ et 5 000$, incluant notamment des frais pour un système de paiement par carte de crédit. À sa connaissance, des reçus étaient remis à ceux qui en demandaient un.
Pour sa part, M. Lalonde lui réclame 8 000$ et affirmerait aux clients que ce montant lui a été dérobé par «son représentant», avance ce dernier.
La conjointe de M. Duchesne, Isabelle Senechal, a sonné l’alarme quand les revenus n’étaient plus divisés comme prévu, reconnaît-il.
Elle fait elle-même savoir que son conjoint «a dû porter plainte pour harcèlement, car il appelait à répétition, ou débarquait à la maison, et ce, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit».
«Il prenait une bouteille à un qui l’avait payée et qui avait déboursé pour un coupon de remplissage, pour la vendre à un autre ailleurs et recommencer son manège.» -Patrick DuchesneRecours à la justice M. Duchesne confie qu’il a avisé M. Lalonde que «ce qu’il faisait, c’était du vol». Il récupérait les bouteilles vides payées 10$ à la base, chargeait pour le remplissage et ne livrait pas l’eau. Il aurait argumenté qu’il s’agissait seulement d’emprunts. Une autre victime, Sylvie Chartier, a pris les choses en main. Elle travaille sur une mise en demeure. Une quarantaine de personnes se sont jointes à elle à ce jour. Résidente de Sainte-Anne-des-Plaines également, elle dit avoir fait une plainte à la police. «Il m’a appelé en pleurant et en disant qu’il ne voulait pas aller en prison ou que sa réputation soit ternie. Il blâme tout sur Patrick Duchesne», fait savoir Mme Chartier. Le principal concerné rétorque. «Je suis une victime là-dedans. Heureusement, les clients comprennent la situation», soutient-il. Dans la région, un dossier pour fraude est sous enquête depuis décembre, a confirmé la Régie intermunicipale de police Roussillon, tandis que l’Office de la protection des consommateurs dit n’avoir aucune plainte pour l’entreprise. Le Journal a tenté à maintes reprises de joindre Richard Lalonde, qui a changé son numéro de téléphone lorsqu’il a quitté Delson, en vain. Le propriétaire de son local rue Sutton qui ne souhaitait pas commenter publiquement a également été contacté par la rédaction. Sa compagnie est enregistrée au Registre des entreprises du Québec sous le nom Distributions R. Lalonde, depuis le 27 novembre. Il y déclare avoir de 6 à 10 employés. Lettre à ses clients Tous les clients avec qui le Journal s’est entretenu mentionnent que le décès de la femme de M. Lalonde, survenu en avril, semble être l’événement qui a tout fait basculer. «Moi, je n’ai plus d’empathie pour lui», affirme Mme Chartier. Une autre femme de Candiac, qui souhaite garder l’anonymat, a perdu plus de 500$ aux mains de M. Lalonde. Elle a partagé des documents provenant de ce dernier, dont une lettre de trois pages dans laquelle il décrit sa tristesse et les impacts engendrés par la perte de sa femme. Il distribue également des photos et inclut le signet funéraire de la défunte sur ses brochures. «Il a distribué cette lettre-là partout, ici aussi», partage M. Duchesne.