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VIDÉO - Un été à l’eau pour les agriculteurs

le mercredi 06 septembre 2023
Modifié à 16 h 57 min le 06 septembre 2023
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Le Marché des jardiniers compte 17 marchands. (Photo : Le Reflet – Denis Germain)

Des marchands du Marché des jardiniers, à La Prairie, confirment que les phénomènes météorologiques de cet été sont les pires qu’ils ont vécus depuis qu’ils vendent leurs produits au marché local du chemin de Saint-Jean.

Plusieurs affirment que les agriculteurs avec lesquels ils font affaire ont perdu entre 50 et 60% de leurs récoltes, majoritairement en raison des pluies diluviennes qui sont tombées sur la province au cours de l’été.

«J’ai des producteurs qui ont vu leurs cultures moisir en raison de l’accumulation d’eau, fait savoir Karine Leclerc, propriétaire de Leclerc & Filles. Nous n’avons pas la qualité des fruits et légumes que nous recevons habituellement.»

Karine Leclerc de Leclerc & Filles. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)

Ces conséquences obligent parfois les producteurs à augmenter leurs prix. De plus, plusieurs légumes récoltés à la fin de l’été, comme les cucurbitacées, sont en péril, selon Mme Leclerc.

«Les citrouilles et les courges sont mûres, mais elles pourrissent avec le temps, explique-t-elle. Ce sont des aliments qui se conservent moins bien.»

Celle qui produit des plantes et des fleurs a également noté des conséquences au niveau de l’horticulture.

«Les consommateurs en arrachent avec leur jardin, se désole-t-elle. Lorsqu’il y a trop d’eau, la terre n’est plus en mesure de l’absorber. Ils se sentent coupables, mais on leur explique que ce n’est pas de leur faute.»

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

De son côté, Mélissa Roy, des Jardins MR, producteur de maïs sucré, n’a pas été affectée par les pluies torrentielles. Au contraire, ses récoltes se sont avérées plus savoureuses.

«C’est une plante qui peut prendre beaucoup d’eau, explique-t-elle. Le maïs devient très bon.»

Par contre, elle reconnaît que les agriculteurs qui travaillent avec des cultures «plus fragiles» comme les concombres et les laitues, ne l’ont pas eu facile dans les derniers mois.

Mélissa Roy de l'entreprise Les Jardins MR. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)

Même son de cloche du côté de la Marie-Claude Roy, propriétaire de Au Jardin des Roy, qui produit principalement des «grandes cultures», soit du maïs, du soya et du grain. Ses produits n’ont pas été affectés, mais elle a vu les dommages de certains de ses collègues.

«C’est très difficile de faire la cueillette étant donné la présence de boue dans les champs en raison de la pluie, indique-t-elle. Il y a beaucoup de pertes en raison des moisissures.»

Elle ajoute que les récoltes vont se terminer «assez tôt» et que des producteurs devront passer par les programmes d’assurances pour couvrir leurs pertes. De plus, elle dénonce que les grandes chaînes alimentaires achètent en Ontario et aux États-Unis plutôt qu'au Québec afin de réduire les coûts.

Sylvain Roy de l'entreprise Au Jardin des Roy. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)

Portrait sombre

Lors d’une conférence de presse organisée à Sainte-Clotilde le 4 août, l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA) a brossé un portrait de ses membres après un dur été.

«Rappelons que la météo chaotique constatée ces derniers mois a entraîné des conséquences financières sérieuses pour un grand nombre d’entreprises horticoles au Québec, allant jusqu’à compromettre l’avenir de plusieurs fermes, a fait savoir le regroupement. Cette situation catastrophique, tant au chapitre agricole qu’au niveau alimentaire, est d’autant plus préoccupante sachant que les programmes habituels n’ont pas été conçus pour pallier les risques grandissants des changements climatiques.»

Pour pallier le problème, la Financière agricole du Québec (FADQ) annonce qu'elle versera le 29 août un premier paiement de près de 9,2 M$ à 1 676 producteurs de foin et de pâturages pour les dommages causés par «le gel hivernal, le manque de pluie affectant le rendement de la première fauche et le manque de pluie affectant la croissance des pâturages». D’autres solutions seront annoncées ultérieurement.

«Durant le mois de juillet, plusieurs régions ont eu plus du double des précipitations comparativement à la moyenne historique. Des analyses seront faites pour tenir compte des problèmes occasionnés notamment par les précipitations abondantes.»

Cette filiale gouvernementale met à la disposition des entreprises «des produits et des services en matière de protection du revenu, d’assurance et de financement agricole adaptés à la gestion des risques inhérents à ce secteur d’activité».

«Ce sont 2 466 avis de dommages qui ont été enregistrés depuis le début de la saison dans les cultures maraîchères, les petits fruits, les légumes de transformation, les céréales, maïs-grain et protéagineuses, les pommes ainsi que dans la pomme de terre», poursuit l’UPA.

En comparaison, à pareille date, le nombre d'avis de dommages pour les mêmes cultures étaient en moyenne de 2 060 durant les cinq dernières années et de 1 795 pendant les dix dernières, selon l’organisme.