VIDÉO - Un chauffeur de taxi adapté accuse un policier de racisme
Serge Vassor a été arrêté et sorti des Promenades Saint-Bruno la main d’un policier sur la tête parce qu’il avait stationné son véhicule dans un espace réservé aux personnes handicapées. Le conducteur d’un taxi adapté estime avoir été victime de racisme. Il a porté plainte au Commissaire à la déontologie policière.
L’incident s’est produit le mercredi 7 décembre, en avant-midi. M. Vassor s’est d’abord stationné dans un espace réservé aux personnes handicapées au Costco, à Saint-Bruno-de-Montarville, avant de se rendre aux Promenades Saint-Bruno et d’immobiliser à nouveau son taxi doté de deux autocollants bleus dans un des espaces réservés à cette clientèle.
Un policier qui l’a vu se déplacer l’a suivi jusqu’à l’intérieur du centre commercial, au kiosque d’une compagnie de cellulaire où M. Vassor s’était rendu pour régler un problème concernant son cellulaire de travail. Le policier l’a aussi reconnu à cause de son manteau à l’effigie de Taxi Union, sur lequel apparaît la mention «Transport adapté».
Le policier lui a demandé son permis et M. Vassor a demandé pourquoi. L’agent lui a indiqué qu’il avait stationné son véhicule dans un espace réservé aux personnes handicapées.
«Je lui ai répondu que si j’avais commis une infraction avec ma voiture, il n’a qu’à mettre un ticket sur mon pare-brise. J’ai refusé de donner mon permis», raconte M. Vassor.
« Humilié »
Le ton a monté, ce qui a attiré l’attention des clients autour. Des agents de sécurité ont été interpellés.
M. Vassor a tourné le dos au policier, et celui-ci a décidé de procéder à son arrestation. «Il m’a mis la main sur le tête, m’a tenu par le pantalon et m’a dit que j’avais le droit de garder le silence. Il m’a sorti jusque dehors», relate l’homme de Saint-Hubert, encore sous le choc.
«Je me suis senti humilié devant tout le monde. Je n’ai rien fait. Pourquoi il a fait ça plutôt que de laisser le ticket sur l’auto? Parce que je suis Noir?»
-Serge Vassor
Les deux employés témoins de la scène avouent avoir été choqués par le comportement du policier. «Il avait un ton un peu arrogant. Ce n’est pas normal, la façon dont il l’a arrêté, croit Sofia De Alda. Des clients sont venus nous demander ensuite si monsieur nous avait volés.»
«Le policier lui a demandé s’il parlait français! C’est insultant!» renchérit son collègue Abderrahman El Ouhmani, alors que M. Vassor s’exprime dans un bon français.
Lorsque le policier a demandé des renforts, M. Vassor l’a entendu dire : «Il y a un créole qui ne veut pas coopérer ici».
Une fois à l’extérieur, deux autres policiers sont venus sur les lieux. «Il y en a un qui a dit à son collègue : Mais pourquoi tu n’as pas mis le billet sur son auto?» rapporte Serge Vassor.
Le citoyen n’a finalement pas été mené au poste de police. Le policier lui a remis trois contraventions: deux pour avoir stationné son taxi des espaces réservés aux personnes handicapées, puis un pour avoir refusé d’obéir à un ordre d’un policier. Les frais de ces constats dépassent les 900$ au total.
Plainte et contestation
Serge Vassor a porté plainte au Commissaire à la déontologie du Québec, espérant notamment obtenir des excuses et l’annulation des constats d’infraction, qu’il entend aussi contester.
Il avoue avoir de la difficulté à dormir depuis le 7 décembre. «Je trouve ça aberrant qu’un policier puisse faire ça à un citoyen», conclut-il.
Le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) n’a pas voulu commenter directement cette histoire. «À la lumière de la plainte déontologique, nous laisserons le Commissaire déterminer s’il y a eu des manquements déontologiques», indique-t-on.
Ce que dit le Code de sécurité routière
Dans sa réponse, le SPAL pointe un article du Code de procédure pénal à l’effet qu’un agent de la paix ayant des motifs raisonnables de croire qu’une personne a commis une infraction peut exiger qu’elle lui déclare ses nom et adresse.
De plus, l’article 388 du Code de la sécurité routière (CSR) précise que «nul [tant le propriétaire que le conducteur] ne peut immobiliser un véhicule routier dans un espace de stationnement réservé à l’usage exclusif des personnes handicapées», à moins qu’il ne soit muni d’une vignette.
Si c’est le cas, «le conducteur ou son passager doit, sur demande d’un agent de la paix, remettre pour examen le certificat de la Société attestant la délivrance de la vignette», selon l’article 388 du CSR.
Aussi, selon l’article 592, le «propriétaire d’un véhicule routier dont le nom est inscrit dans le registre de la Société tenu en vertu de l’article 10 peut être déclaré coupable de toute infraction au présent code ou à un règlement municipal relatif à la circulation et au stationnement, commise avec ce véhicule».