Une découverte inusitée à Saint-Constant

Au fil des ans, les corvées de nettoyage organisées par la Vigile verte ont fréquemment abouti à des découvertes inusitées. Celle d’un boulet qui pourrait dater du 18e ou du 19e siècle, selon les premières estimations d’experts, a fait écarquiller les yeux lors d’une opération tenue en mai aux abords du ruisseau Lasaline à Saint-Constant.

Cyprien Barrière est l’homme derrière cette trouvaille. Il raconte que l’artefact se trouvait à ses pieds, sous un amas de déchets remblayés dans le sol, lorsqu’il a mis la main dessus.

«J’ai eu un doute sur l’objet en question, à savoir s’il s’agissait d’une boule d’acier ou d’un boulet de canon. Il y avait des impuretés. Beaucoup de rouille, au moins un bon centimètre, s’était accumulée dessus. Puis, quand je l’ai nettoyé, j’ai eu la certitude», relate celui qui est passionné d’histoire.  

Les bénévoles qui ont pris part à l’activité ne le croyaient pas, ajoute avec enthousiasme sa conjointe, Gina Philie, directrice par intérim de la Vigile verte.  

«Tout le monde voulait toucher l’objet!, raconte-t-elle. Notre œil s’est aiguisé avec le temps, quand on voit des choses hors de l’ordinaire.»

Si le résident de Saint-Mathieu a pu poser un diagnostic aussi clair, c’est qu’il n’en était pas à son premier fait d’armes en la matière, affirme-t-il. M. Barrière avait déjà fait une découverte semblable dans ce secteur, lors d’une autre corvée de nettoyage.

«Le ruisseau Lasaline, aux limites de Saint-Constant et de Saint-Mathieu, est malheureusement considéré comme un dépôt sauvage et nous y retournons souvent. L’an dernier, nous avons rempli une remorque en entier de déchets, se désole-t-il. Les nettoyages permettent toutefois de faire ce genre de révélations.»

Puisque le risque que l’objet s’abime davantage et disparaisse dans le cours d’eau était important, il a été retiré de son lieu de découverte pour le préserver, explique Mme Philie.

Expertise

Celle-ci l’a fait parvenir au Musée d’archéologie de Roussillon à La Prairie pour le faire expertiser, souligne-t-elle.

D’après une première analyse sommaire, l’archéologue responsable des collections de l’établissement Frédéric Hottin a estimé que l’objet pourrait être «un boulet tiré par un petit canon de campagne ou, plus probablement, un projectile provenant d’une charge tirant plusieurs petits boulets de fer».

M. Hottin a évalué sa période d’origine entre le 18e et 19e siècle, puisque des exercices militaires, où des boulets identiques étaient utilisés, ont eu lieu à ce moment à La Prairie, Saint-Philippe et Saint-Constant, a-t-il relaté à l’organisme environnemental.

À la suggestion du Musée d’archéologie de Roussillon, un avis a été envoyé au ministère de la Culture. Étant donné que le terrain sur lequel la découverte a été effectuée est privé, l’implication du ministère dans ce dossier permettra de s’assurer que des travaux ne soient pas réalisés à cet endroit pour le moment, a expliqué M. Hottin, misant sur «la sauvegarde de ce patrimoine important pour la communauté».

Peu fréquent

Pour sa part, le ministère de la Culture a confirmé au Reflet avoir reçu l’avis.

«Le projectile lui-même n’a pas été envoyé au ministère, puisque son rôle est d’abord de recueillir les informations en lien avec les découvertes archéologiques afin qu’elles soient répertoriées et accessibles», a-t-il indiqué, précisant que l’avis est en cours de traitement. Il fera un suivi au Journal lorsque l'analyse sera terminée.

Toutefois, il est en mesure de dire que «ce genre de découverte est peu fréquent, mais pas inusité considérant le passé militaire de la région», ajoute-t-il. 

Il précise qu’il appartient au propriétaire du terrain de déterminer l’avenir de cet objet.
«Le ministère est pour sa part responsable de la gestion des collections archéologiques issues des propriétés de l’État», conclut-il.

Le propriétaire en question a fait savoir au Reflet qu'il n'avait pas l'objet en sa possession pour le moment, mais qu'il souhaitait le voir exposé dans un musée éventuellement.

D’autres trouvailles

L’organisme de protection environnementale la Vigile verte effectue des corvées de nettoyage depuis 2010, informe sa directrice par intérim, Gina Philie. Parmi ses autres découvertes historiques les plus marquantes, elle cite un silex servant de pierre à fusil en Europe, puis une assiette appartenant à un révérend dont un chemin porte le nom à Saint-Constant, dans le secteur du ruisseau Lasaline.

Outil courant?

Selon un lecteur interpellé par cette histoire, l'artefact serait plutôt un boulet de fer utilisé pour le concassage de la pierre par l'usine Lafarge, pusique des milliers de ce genre sont utilisés par l'entreprise depuis des décennies pour le concassage de la pierre, affirme-t-il.