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Une artiste constantine s’inspire de correspondances avec sa grand-mère

le vendredi 11 février 2022
Modifié à 13 h 56 min le 14 février 2022
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Nathalie Migneault a créé des œuvres à partir de lettres échangées entre elle et sa grand-mère. (Photo gracieuseté)

Nathalie Migneault a transformé des lettres qu’elle et sa grand-mère paternelle se sont échangées durant une vingtaine d’années en œuvres. Elle les présente dans l’exposition Écoute ce que tu vois! au musée Beaulne à Coaticook jusqu’au 6 mars. 

«Je correspondais avec ma grand-mère, puisque je voyageais beaucoup et qu’elle était malentendante. Le téléphone, ça ne marchait pas bien même avec ses appareils», se souvient-elle. 

Cela lui permettait alors de se sentir à la maison et «lui réchauffait le cœur» quand elle était loin, partage l’artiste dans la cinquantaine. 

Celle qui peint à l’habitude s’inspirait déjà de la calligraphie de son aïeule, décédée en 2009, dans ses toiles. Notamment sa façon d’écrire la lettre J qu’elle reproduisait à sa façon, cite-t-elle en exemple. 

L’un de ses oncles avait conservé les réponses manuscrites de Mme Migneault à sa grand-mère Germaine Litalien, que cette dernière avait conservées, ainsi que celles de son père. Elle s’en est ainsi servi également. 

«J’ai réalisé que ce n’était pas tellement de raconter ce qui est écrit dans les lettres, même si on peut reconnaître des mots. C’est conceptuel au sens où c’est un échange avec quelqu’un et de la communication», explique-t-elle. 

De plus, son interprétation de la correspondance après des années a donné un ton différent à son inspiration, estime l’artiste. 

«C’est un processus personnel que de décortiquer les lettres, de savoir ce qu’elle voulait dire [ma grand-mère] puisqu’elle était d’une autre époque où la religion était très présente. Avec le vécu que j’ai aujourd’hui, j’étais rendue là. C’est une mise à nue exposant d’où je viens», détaille Mme Migneault.

L’artiste ajoute que la pandémie lui a également offert une nouvelle perspective sur les contacts humains, qui étaient devenus à ses yeux «invisibles».  

Mme Migneault a donc conçu l’œuvre Le souffle, entre autres, constituée de panneaux avec un espace où des trous créent des sons. Un autre tableau nommé Anthropologie est notamment composé d’enluminures, d’images provenant d’un livre de catéchisme, de timbres et de correspondances. Des lettres ont été roulées et placées dans des bouteilles afin d’exprimer la conservation des écrits, puis d’autres ont été imprimées en 3D pour la création de collages. 

«C’est une exposition qui demande de la réflexion. C’est très sensoriel», décrit l’artiste. 

Son objectif est de faire parler le tout au public.

Mme Migneault a de nouveau exploré les techniques mixtes, incluant le collage et le montage d’installations, qu’elle avait étudiées sans y retoucher avant maintenant. 

Cela se prêtait bien au thème de son exposition et à l’aspect conceptuel qu’elle souhaitait développer.

Elle l’avait d’abord fait avant la pandémie. Mme Migneault avait utilisé les lettres une première fois à l’occasion du projet Les portes : heures d'histoire présenté à la Maison le pailleur à Châteauguay à l’été 2020. Celui-ci consistait à décorer une porte avec une histoire.  

Voyage dans le temps 

En plus d’elle-même exploré le passé en replongeant dans les lettres échangées avec son aïeule, Mme Migneault reconnaît que l’exposition est un voyage dans le temps pour les générations plus jeunes qui connaissent moins la communication à l’aide d’écrits à la main. Elle-même a gardé l’habitude d’écrire à ses amis. 
«Une jeune fille m’a montré un tatouage d’un mot que sa grand-mère lui avait écrit quand elle a vu mon installation, c’était un bel échange touchant», évoque-t-elle.   
 

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