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Tarifs des États-Unis : une situation perdante-perdante selon un expert

Il y a 5 heures
Modifié à 16 h 49 min le 04 mars 2025
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Les tarifs sont entrés en vigueur le 4 mars 2025. (Photo Pixabay)

En pleine crise commerciale avec les États-Unis, il n’a jamais été aussi important de comprendre l’impact des accords commerciaux et les tarifs imposés par les pays dans le monde. C’est sur ce sujet que s’est penché le natif de Candiac Antoine Noël dans sa thèse qui a obtenu le prix C.A. Curtis décerné à la meilleure thèse de doctorat en économie de l’Université Queens, en Ontario.

La montée du protectionnisme venant des États-Unis n’est pas une surprise pour le professeur adjoint au département d’économie de l’Université Laval, à Québec, présente avant même que Donald Trump ne retourne au pouvoir en janvier 2025. Depuis que le magnat de l’immobilier s’est présenté pour être à la tête des Républicains en 2015, l’idéologie axée sur les priorités des Américains a graduellement augmenté au fil des années, puis reprise par les démocrates.

«C’est sûr que [les tarifs] vont avoir des effets assurément négatifs sur l’économie canadienne, estime Antoine Noël. Les économies canadienne et américaine sont intégrées. Il y a beaucoup d’échanges qui sont par des biens intermédiaires, donc des biens qu’on utilise pour en produire d’autres et pas pour être directement consommés, comme des pièces pour les voitures.»

Le professeur Noël ajoute que si l’on impose un tarif sur un bien qui sera un intrant pour une compagnie, il se peut que cette dernière soit indirectement affectée puisque les coûts de production vont augmenter.

«Ça dépend toujours de la longévité des tarifs. S’ils durent quelques mois, il n’y aura pas de changement structurel, indique-t-il. Par contre, plus que ça prend du temps, plus qu’il va y avoir une réponse des entreprises et elles vont s’ajuster en fonction des tarifs mis en place.»

Si l’incertitude règne sur le marché américain, certaines entreprises se réorienteront vers d’autres pays afin de garder une stabilité, mais payeront plus cher.

«Si la visée est purement économique, les effets que Donald Trump recherche ne sont pas là, assure-t-il. C’est une situation perdante pour les deux pays.»

Tout de même, Antoine Noël ne croit pas qu’il sera possible pour le Québec de se départir complètement du marché des États-Unis. Toutefois, il pense que les pays et leurs citoyens gagneraient à ne pas avoir de tarifs entre eux.

«En enlevant les tarifs avec tous les pays, on vient égaler le jeu pour les entreprises, car ça leur permet de choisir l’endroit qui est le moins coûteux pour elles, explique-t-il. Elles vont pouvoir être plus productives et offrir le prix le plus bas possible pour eux. Les consommateurs bénéficient grandement de ça au final.»

Antoine Noël est professeur adjoint au département d’économie de l’université Laval, à Québec, depuis juin 2023. (Photo gracieuseté)

Mieux comprendre les questions économiques

Antoine Noël a toujours été intéressé par les questions liées au commerce international. Le résident de Beauport s’est donné comme mission de savoir comment fonctionne l’économie de marché.

«J’ai toujours voulu comprendre comment les pays échangent entre eux, explique l’économiste de 31 ans. Je voulais en apprendre davantage sur les accords commerciaux et répondre à une certaine partie des enjeux qui les concerne.»

Dans sa thèse, il a conçu un algorithme pour calculer de façon exacte et rapide des modèles qui peuvent prédire la volatilité de certaines variables en économie comme le taux de change. Par la suite, dans un 2e article, il a développé une nouvelle théorie sur la structure du capital des entreprises fondées sur l’information.

La thèse qui offrait la meilleure contribution scientifique et se rattachait à la littérature remportait la palme.