Taïga TS2 : la motoneige électrique québécoise de l’avenir
Article par Daniel Breton
Dans un pays de neige et d’hydroélectricité comme le Québec, ce n’était qu’une question de temps avant que quelqu’un ne s’intéresse sérieusement à la conception d’une motoneige électrique.
Si on aurait pu croire que ce projet verrait le jour dans les ateliers de BRP à Valcourt, celui-ci a plutôt pris naissance à l’université McGill où Samuel Bruneau, Gabriel Bernatchez et Paul Achard, trois anciens étudiants en génie mécanique et électrique, ont développé ensemble une motoneige 100% électrique totalement originale, puis cofondé la compagnie Moteurs Taïga en 2015.
Une motoneige de travail efficace
Cette motoneige 100% électrique propose, dans sa version actuelle, une batterie de 20 kWh offrant une autonomie moyenne de 100 kilomètres et un temps de recharge de deux heures sur une borne de niveau 2 avec, en option, la possibilité de la recharge rapide en 20 minutes sur une BRCC. D’autres versions à plus grande autonomie viendront sous peu.
Comme dans la plupart des voitures électriques, sa batterie est équipée d’un système de thermorégulation liquide. La motoneige de Taïga jouit également de la connectivité LTE, de Bluetooth ainsi que du GPS, du Wifi et d’un écran digital de sept pouces. Des configurations de paramètres combinés au GPS intégré aideront les motoneigistes à planifier leurs parcours grâce à une estimation précise de l’autonomie disponible. De plus, comme dans une Tesla, elle pourra constamment s’améliorer avec des mises à jour logicielles automatiques.
Équipée d’un moteur à aimant permanent de 250 N.m. de couple (184 lb-pi), de la régénération adaptive au terrain et d’une transmission directe par courroie, elle accélère de 0 à 100 km/h en 3 secondes. Le poids de la TS2 en version commerciale est de 230 kilos à pleine charge, sa suspension avant est à bras triangulaire inégaux et monoamortisseur alors que suspension arrière est à multiple-lien indépendant.
Cette première motoneige de la compagnie Taïga a été conçue pour le travail dans des centres de villégiatures ou des stations de ski, car ces endroits ont généralement besoin de motoneiges robustes dans des périmètres restreints. Offertes à compter de 15 000 $ US, son prix un peu plus élevé que celui des motoneiges traditionnelles sera compensé par un coût énergétique et d’entretien plus bas… et un silence qu’apprécieront certainement les voisins.
Les motoneiges à essence : Une pollution disproportionnée
Alors que les normes antipollution des voitures sont de plus en plus sévères, celles des motoneiges à essence n’ont pas été modernisées depuis plus d’une décennie et elles n’ont toujours aucune obligation d’être équipées de systèmes antipollution. Ce faisant, les émissions polluantes (HC, NOx, CO) d’une motoneige à essence moyenne sont équivalentes à celles d’environ 40 voitures, même en assumant que ces motoneiges sont équipées des moteurs quatre temps les plus « modernes ».
Il y a donc un réel intérêt à faire une transition graduelle vers la motoneige électrique, considérant que le Québec a un des ratios les plus élevés de motoneiges au monde : plus de 180 000 motoneiges y sont immatriculées.
Un essai fort intéressant
Lors de mes deux journées d’essai dans les Laurentides, j’ai pu constater que le prototype était près de la phase de commercialisation. La motoneige de Taïga TS2 arrivera d’ailleurs sur le marché à l’hiver 2020. Puissante, silencieuse (à part le bruit des chenilles) et confortable, elle se débrouillait aussi bien sur le terrain plat que dans les chemins de montagnes ou en forêts. La TS2 étant équipée pour la neige profonde, elle n’avait aucune peine à circuler là où la neige était plus molle.
Lors de mon essai comparatif avec une motoneige à essence de BRP, j’ai bien vu que sans avoir la qualité de finition de cette dernière, la TS2 démontrait un potentiel qui devrait commencer à en faire réfléchir certains. J’avais l’impression de revivre les débuts de Tesla, où les grands constructeurs automobiles ne se préoccupaient guère de voitures électriques… jusqu’à ce que ça commence à leur éclater en plein visage.
En sera-t-il de même pour cette nouvelle entreprise québécoise?
Trop tôt pour le dire, mais au pays de Joseph-Armand Bombardier, il est réjouissant de constater que de jeunes ingénieurs-entrepreneurs de la relève se retroussent les manches et innovent pour l’avenir économique et écologique du Québec. Souhaitons que le gouvernement du Québec et Hydro-Québec soient au rendez-vous pour les épauler.