Santé auditive des enfants : une audiologiste de Saint-Constant innove

Théodora Lappas a remporté le prix Innovation Desjardins 2024 de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) pour un projet créatif et innovant sur la santé auditive des enfants en garderie.

Détentrice d’une maitrise en audiologie depuis 2012, la résidente de Saint-Constant a travaillé dans des cliniques publiques et privées à Saint-Jean de Richelieu avant d’intégrer le milieu communautaire où elle fait carrière depuis 2016 à l’École orale de Montréal pour les sourds.

Son projet récompensé cible spécifiquement les enfants de 0 à 3 ans, puisqu’il s’agit d’une période particulièrement critique pour le développement de l’enfant, explique-t-elle.

Concrètement, Mme Lappas visite les garderies pour vérifier l’audition des enfants et émettre des recommandations. Elle a également développé des documents illustrés et faciles à comprendre destinés aux parents, ainsi qu’aux éducatrices et éducateurs. Ces documents incluent notamment des rappels importants sur des informations de base telles que les problèmes d’oreilles infantiles fréquents comme les otites à répétition ou les bouchons de cire, par exemple, ainsi que leurs conséquences.

«Les personnes concernées deviennent ainsi mieux informées, mieux sensibilisées et sont donc encouragées à inclure l’audiologie dans le suivi de leur enfant, tout comme l’optométrie en guise de prévention», illustre Mme Lappas.

«Un parent peut être informé d’un drapeau rouge, sur un comportement inhabituel à répétition tel que le manque d’expressivité et de langage. Ou lorsque l’enfant a tendance à augmenter le volume de la télévision, de la musique, ou à ne pas suivre les consignes disciplinaires ou de routine», poursuit l’audiologiste.

4 à 6 bébés sur 1000

En 2022, l’OOAQ a sonné l’alarme alors que 53% des bébés au Québec sont dépistés à la naissance, soit 42 284 sur 80 145 naissances. Chaque année, de 4 à 6 bébés sur 1000 naissent avec une perte auditive, a signifié l’ordre.

De plus, la vérification de l’audition n’est pas encore intégrée comme «norme de soins», précise l’OOAQ, qui souligne le travail de collaboration à faire entre les équipes-garderie, les parents et les audiologistes dans les centres hospitaliers et cliniques privées.

«Bien que le dépistage auditif des nouveau-nés soit sur le point de devenir universel au Québec, cela n’élimine pas le besoin d’évaluations auditives, car le statut auditif peut évoluer tout au long de la petite enfance, affirme Paul-André Gallant, président de l’OOAQ, lors de la remise du prix. Le projet Santé auditive en garderie est porteur et amènera un rayonnement important pour nos professions».

D’après Mme Lappas, «il faut se rappeler que si le dépistage auditif à la naissance a été réussi, il est essentiel de faire un suivi vers l'âge d’un an à cinq ans. Si l’audition de l’enfant reste belle, il n’y aura pas d’obstacle à son épanouissement», ajoute-t-elle.

Un avis que partage Claire Moussel, directrice générale de l’Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs.

«Le contact de l’enfant avec son environnement sonore est pourtant primordial. Il lui permet d’acquérir la parole et le langage, mais aussi de développer ses habilités sociales et d’assurer son plein développement cognitif et socioaffectif. L’enfant qui présente une surdité, qu’elle soit légère ou sévère, est ainsi privé d’une source d’apprentissage importante qui va au-delà des aspects de la communication orale, et qui peut entraîner des conséquences importantes sur le parcours scolaire, sa vie sociale et son épanouissement personnel, son avenir», fait-elle remarquer.

Le prix Innovation Desjardins était assorti d’une bourse de 3000$ permettant à Mme Lappas de poursuivre la réalisation de son projet.