Route 132 et rivière Saint-Régis «au point mort» : la MRC interpelle les candidats fédéraux

Selon la MRC de Roussillon, le projet de réhabilitation des berges du bassin versant de la rivière Saint-Régis fait partie des projets «au point mort». (Photo : Le Reflet – archives)
La MRC de Roussillon interpelle les candidats et candidates à l’élection fédérale, alors qu’elle mentionne que plusieurs projets régionaux sont «freinés» par les processus de consultation menés auprès de Kahnawake. Le Reflet a contacté les candidats de la circonscription de La Prairie – Atateken afin d’avoir leur position.
La MRC invite les candidats et candidates à l’élection fédérale «à clarifier leur position sur ces démarches et à énoncer leurs engagements quant au rôle que devrait assumer le gouvernement du Canada pour appuyer concrètement les initiatives régionales de rapprochement avec la communauté mohawk», indique-t-elle dans une sortie publique.
«Plusieurs projets d’intérêt régional sont ralentis, voire bloqués, en raison des démarches de consultation menées par les différentes autorités gouvernementales, ajoute-t-elle. Ainsi, le projet de réhabilitation des berges du bassin versant de la rivière Saint-Régis, celui de la revitalisation de l'axe 132 ainsi qu'un projet d'incubateur agricole à Saint-Isidore sont au point mort.»
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Alors qu’elle dit réitérer son engagement à entretenir des relations «respectueuses et constructives» avec la communauté de Kahnawake, la MRC de Roussillon mentionne que si des consultations sont nécessaires au respect des droits autochtones, leur mise en œuvre actuelle se révèle «inefficace et peu coordonnée avec les réalités du milieu municipal».
Anne-Louise Milot, directrice des communications de la MRC, laisse entendre que «pour respecter leurs obligations en matière de consultation autochtone, les gouvernements retardent parfois l’émission d’autorisations ou la prise de décisions».
«Lorsque le Conseil Mohawk de Kahnawake s’oppose à un projet ou formule des demandes importantes, les délais s’allongent encore davantage : les fonctionnaires cherchent alors à obtenir l’accord du Conseil ou, à tout le moins, une reconnaissance que l’obligation de consultation a été respectée, ce qui s'avère parfois très difficile, voire impossible», renchéri-t-elle.
Au moment de publier, le Journal attendait une réponse du Conseil mohawk de Kahnawake malgré des demandes répétées.
Position bloquiste
Dans une lettre envoyée à la MRC, les candidats bloquistes Alain Therrien (La Prairie – Atateken) et Patrick O’Hara (Châteauguay – Les Jardins-de-Napierville) indiquent que les processus mis en place doivent «être plus clairs, mieux coordonnés et adaptés aux réalités municipales afin de ne pas compromettre la réalisation d’initiatives comme la réhabilitation des berges de la rivière Saint-Régis, la revitalisation de l’axe 132 ou encore l’incubateur agricole de Saint-Isidore».
Selon eux, le gouvernement fédéral a «le devoir d’assurer une approche claire et de mieux définir ce qu’elle attend des processus de consultations».
S'ils ont élus, ils s’engagent à demander de façon rapide une rencontre entre le prochain ministre des Relations Couronne-Autochtones du Canada et les représentants de la MRC, mais aussi à encourager une «meilleure» collaboration entre le gouvernement fédéral, les municipalités, la MRC, ainsi que les Premières Nations.
Cela impliquerait ainsi de demander au ministre de clarifier ce qu’implique la consultation et de déterminer «les conséquences de ce processus» et de faire pression pour que les ministères fédéraux agissent comme de «véritables partenaires» sur le terrain, plutôt que comme des «sources de blocages bureaucratiques», disent-ils.
Ils s’engageraient aussi à soutenir «activement les projets d’importance régionale, tels que la réhabilitation des berges de la rivière Saint-Régis, la revitalisation de l’axe 132 et l’incubateur agricole à Saint-Isidore».
«Ainsi, nous souhaitons organiser, dès l’adoption du prochain budget fédéral, une rencontre réunissant les principaux acteurs du milieu afin de leur présenter les différentes possibilités de financement offertes par le gouvernement du Canada», ajoutent-ils.
Position libérale
Jacques Ramsay, candidat libéral, croit que le gouvernement canadien a «peut-être des freins», dans le sens où les processus, qu’il a mis en chemin, sont «lourds et lents» et qu’un gouvernement Carney peut «s’attaquer à ça» en réduisant les délais et travaillant «avec la bonne volonté des gens».
«Si on veut arriver à une entente et qu’on met l’énergie nécessaire, habituellement les choses débloquent, indique-t-il. Si on laisse trainer tout en longueur, ça envoie un message que ça ne presse pas et que tout le monde s’assit sur cette position. On veut changer ça pour qu’il y ait une attitude, un rapport à obtenir des ententes à procéder, tout en respectant les processus mis en place en particulier avec la communauté autochtone.»
«Ce n’est pas acceptable que le gouvernement fédéral soit un frein, ajoute-t-il. C’est celui qui va catalyser une entente qui va être bénéfique à toutes les parties. Il faut que ce soit ‘‘win win’’.»
Concernant les projets spécifiques soulevés par la MRC de Roussillon, M. Ramsay n’a pas voulu s’avancer.
Toutefois, il précise qu’un gouvernement peut s’engager à utiliser les «ressources nécessaires», comme le débloquement d’un financement, pour trouver une entente.
Position néo-démocrate
Mathieu Boisvert, candidat du NPD, quant à lui, pense que ce n’est pas le processus qui crée des délais, mais plutôt le respect de celui-ci qui «rend ça long».
«Au NPD, on mise sur la relation nation à nation, indique-t-il. Si le Canada veut négocier avec Kahnawake, il doit faire ça dans le respect et l’égalité, et non le fédéral qui impose des conditions à nos tutelles. C’est dur à dire, mais le chef de bande de Kahnawake est égal au premier ministre du Canada dans un sens. Le fédéral devrait jaser de façon égal à égal.»
«On devrait respecter cette relation nation à nation là pour permettre d’aller de l’avant avec les procédures, ajoute-t-il. Je donne un exemple, quand le premier ministre négocie avec un accueil étranger, on négocie de façon égale et on peut négocier des projets de façon rapide. Donc, il n’y a aucune raison qu'en négociant à l’intérieur du Canada, on ne pourrait pas avoir un processus relativement simple et rapide non plus, en respectant le devoir de consulter bien sûr.»
Position du parti populaire
Pour sa part, Ruth Fontaine, candidate du PPC, exprime que si «un problème de consultation» peut être soulevé, s’il y a un «problème de vitesse dans les dossiers [des projets]», il faut «mettre une priorité là-dessus».
«Il faut s’asseoir, parler, négocier et voir les points de vue et aller de l’avant, explique-t-elle. Il faut faire en sorte qu’il y ait des débouchés et le fédéral doit s’impliquer dans ces efforts-là. Il faut qu’il y ait une relation de confiance, comprendre où ils en sont chacun de leurs côtés [autant la MRC de Roussillon que Kahnawake]. Il faut travailler ensemble.»
Position conservatrice
Dave Pouliot, candidat conservateur, indique qu’il veut aller à la rencontre des personnes derrière le dossier avant d’exprimer sa position.
Parti vert
Le Journal n’a pas reçu de retour de la part du Parti vert du Canada (Barbara Joanette est la candidate).
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