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Relocalisation des cerfs : un casse-tête plus compliqué que prévu

le samedi 19 décembre 2020
Modifié à 17 h 05 min le 17 décembre 2020
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Si tout se passe bien, c’est le 15 janvier que Sauvetage animal amorcera sa mission de relocalisation de 15 cerfs de Virginie du parc Michel-Chartrand. L’organisation doit avant tout se plier à plusieurs exigences du ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP), lesquelles engendrent plusieurs coûts imprévus. Sauvetage animal doit d’abord se munir d’un permis SEG délivré par le Ministère pour la capture des animaux sauvages à des fins scientifiques, éducatives ou de gestion de la faune. Pour l’obtenir, l’organisation doit remplir «un solide PDF» et fournir un protocole très détaillé de chacune des étapes de l’opération. Le coût d’un tel permis s’élève à 400$. «On sent qu’au ministère, ils ont reçu le mot d’ordre de tout faire en sorte pour qu’on ait le permis. Ils nous aident. Mais on sent aussi qu’ils ont peut-être aussi eu le mot d’ordre de nous ralentir, de nous rendre la tâche un peu plus difficile», soutient le directeur général de Sauvetage animal, Éric Dussault. Le MFFP demande également à Sauvetage animal d’acquérir un certificat de bons soins des animaux (CBSA) au coût de 5 000$. Il a aussi dû débourser 6 000$ pour deux fusils tranquillisants pneumatiques. La location de clôtures temporaires pour créer un enclos s’élève quant à elle à 1 500$ par mois. Dans son plan de relocalisation initial, Sauvetage animal indiquait que l’opération ne coûterait rien à la Ville. Même si les coûts sont plus élevés que prévus, l’organisation tient à maintenir sa position. «On ne veut pas accepter d’argent de la Ville, parce que ça faisait partie de notre promesse», dit M. Dussault. L’organisation compte plutôt sur ses membres pour financer l’opération. 60 jours La mission de relocalisation devrait se dérouler, conditionnellement à l’obtention du permis SEG, entre le 15 janvier et le 15 mars. «On est super bien ferrés en matière d’équipe médicale, affirme ÉricDussault. On a une zoologiste, une vétérinaire, une vétérinaire grands animaux et un anesthésiste spécialisé vétérinaire.» Dans un premier temps, Sauvetage animal construira un enclos temporaire de 20 000 pieds carrés afin d’attirer les cerfs. «Il faut qu’ils puissent rentrer et sortir librement pendant au moins une semaine. Ils vont avoir accès à de la luzerne, des carottes, de l’eau et de la moulée à chevreuils», explique-t-il. Un coup l’enclos fermé, les femelles seront tranquillisées, identifiées et examinées une par une. Pour le transport, l’animal sera tranquillisé. À destination, il recevra une injection d’antibiotiques et un dernier tranquillisant «qui permettra d’encore mieux s’adapter à son environnement et de réduire le stress». «On est nerveux un peu, admet M. Dussault. La Ville disait qu’il y avait un taux de décès de 50% si on les déménageait. Ça serait bien plate de leur donner raison. On fait notre possible pour prouver que c’est réalisable en bas de ça.»
«Le but est de le faire de la façon la plus éthique possible.» -Éric Dussault
Trouver des refuges Initialement, Sauvetage animal proposait de transférer les 15 cerfs dans cinq refuges de la province. Le MFFP a toutefois réduit les options, puisque certains d’entre eux ne répondaient pas aux exigences, par exemple en matière d’équipements. «On peut en donner sept au Zoo Miller, cinq à la ferme Familizoo, mais il y en a deux qu’on n’arrive pas à placer», explique Éric Dussault, ajoutant être en attente de réponses d’autres endroits. Le MFFP exige que les animaux transférés restent dans leur nouveau cheptel jusqu’à leur mort. Sauvetage animal assurera un suivi auprès des refuges au cours des mois suivants les transferts. «Ça fait partie de l’étude de savoir si ces chevreuils vont reprendre une vie normale. C’est ce qu’on souhaite», conclut-il. Un mandat surprise Éric Dussault l’admet, il ne croyait pas que la Ville annulerait l’abattage des cerfs. «On avait jeté l’éponge parce que les cages étaient posées, la police était là pour les surveiller. Tout portait à croire qu’on avait perdu, même si ce n’était pas une campagne électorale. On le voyait comme une défaite», raconte-t-il. Il revenait d’une séance d’observation au parc Michel-Chartrand lorsqu’il a appris la nouvelle.  «J’étais très sceptique que nous serions retenus pour l’opération, révèle-t-il. Je me disais que la Ville ne nous aimait probablement pas beaucoup parce qu’on a brassé beaucoup de choses dans ce dossier.»