Culture
post-format-video
COVID-19
Prêt à reprendre, le milieu de la danse se sent oublié
le vendredi 12 juin 2020
Modifié à 10 h 15 min le 12 juin 2020
Les artisans de la danse ne font partie d’aucune phase de déconfinement du gouvernement pour le moment, même s’ils mettent tout en œuvre pour reprendre leurs activités. Ils se sentent oubliés dans un domaine qu’ils considéraient déjà en marge du milieu culturel avant la pandémie.
Les écoles de danse sont pourtant prêtes à rouvrir. Les consignes sanitaires peuvent facilement être respectées, dit entre autres Corinne Desfossés, propriétaire de l’école portant son nom à Saint-Constant.
«J’ai deux portes, j’ai déjà prévu la réduction du nombre d’élèves par classe, j’ai des collants à apposer au sol pour la distanciation sociale, j’ai du désinfectant en masse et deux salles de bain. Nos danseurs seront en sécurité», affirme-t-elle.
«On n’est ni dans les sports et loisirs ni dans la culture aux yeux du gouvernement.» -Corinne DesfossésPour sa part, Isabelle Fournier, propriétaire du studio Prodanse à Candiac, était même prête avant la fermeture. «Le 12 mars, le studio avait déjà tout le matériel sanitaire nécessaire, afin de désinfecter nos locaux», laisse-t-elle savoir. Néanmoins, elle considère que la situation restera difficile à la réouverture, car couper de moitié les groupes causera des pertes financières, en plus des investissements qui doivent être faits pour l’équipement sanitaire. Elle se questionne sur l’aide qui sera offerte aux établissements de danse. Les écoles de danse ont perdu tous les revenus qu’elles génèrent normalement avec les spectacles et compétitions. «Ce sont également des pertes pour les salles de spectacle, couturières, techniciens de décors, de sons, d’éclairage, les photographes et les fleuristes», fait remarquer Mme Fournier. En ligne Beaucoup de cours de danse se donnent présentement en ligne. «Les studios de danse ont réagi rapidement, dit Alex Francoeur, un danseur professionnel de Saint-Constant. J’ai reçu beaucoup de demandes pour enseigner, mais ça ne représente même pas un dixième de mon salaire habituel.» Certains l’offrent gratuitement, alors que d’autres, comme Mme Desfossés, ont poursuivi l’enseignement grâce aux inscriptions de la session qui était en cours, évitant ainsi de rembourser. Le studio Prodanse a quant à lui passé de 63 à 15 cours par semaine, notamment en raison des coupes budgétaires et du manque de personnel. Les écoles sont parvenues à garder leurs élèves de cette façon. Malgré certaines limites, ceux-ci ont pu pratiquer des éléments techniques comme la flexibilité, l’équilibre et l’interprétation. https://www.facebook.com/TheAAAsOfficial/videos/539002333463000/UzpfSTU2NzM3NjcwMzoxMDE1ODI2NDc3MTg1MTcwNA/ Alex Francoeur et des collègues danseurs innovent en pratiquant et en performant différemment. Représentation Le milieu de la danse n’est représenté par aucune association précise. Présentement, c’est le Réseau des enseignants en danse (RED) qui mène le combat au Québec. Il a d’ailleurs remis un plan de relance au gouvernement, en vain. Il lui demande de considérer les écoles de danse. Une vidéo mise en ligne par le RED. «C’est l’histoire de notre carrière d’être dans une autre catégorie que les chanteurs, musiciens et acteurs, par exemple», témoigne M. Francoeur. Similaires aux gyms ? Si des entraînements sportifs recommencent à s’effectuer à l’extérieur, ce serait plus difficile en danse. «Ce ne sont pas tous les studios qui ont un grand stationnement ou un espace extérieur. Danser sur du gazon ou de l'asphalte, ce n'est pas sécuritaire et cela peut engendrer des blessures», fait valoir Mme Fournier. D’autres pensent, par exemple, à installer des tapis adaptés. «C’est une excellente idée, mais ça reste que c’est sur du béton. En tant que danseur, je dois dire que c’est dommageable pour les muscles. C’est quand même super pour les jeunes qui pourraient au moins danser», ajoute M. Francoeur. Les deux propriétaires sont tout de même d'avis que quand les gyms pourront rouvrir, leurs écoles de danse devraient pouvoir opérer de nouveau aussi. Selon M. Francoeur, si une équipe de hockey peut pratiquer son sport dans un aréna, les danseurs pourraient faire de même. «On tombe dans une craque», croit-il.