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Une première microbrasserie à Kahnawake
le vendredi 13 avril 2018
Modifié à 8 h 23 min le 13 avril 2018
Trois Mohawks et un Châteauguois ont récemment ouvert la première microbrasserie sur le territoire de Kahnawake. Les partenaires souhaitent que le Black Bridge Brewing Co forme un pont entre la communauté mohawk et les villes avoisinantes.
L’idée d’ouvrir une microbrasserie en sol autochtone est venue de Matthew Deer, Fred Leblanc et Glenn Delaronde, qui résident à Kahnawake. Pour fabriquer de la bière, ils avaient besoin d’un brasseur. Ils ont recruté le Châteauguois Andrew Stevens, qui a notamment été brasseur chez Les 3 Brasseurs à Montréal. «C’est le plus important puisque c’est lui qui fait la bière», rigole Fred Leblanc. C’est d’ailleurs une première dans l’histoire de Kahnawake et les fondateurs en sont fiers. «Ce dont je suis aussi fier, c’est que ce n’est pas juste (un projet) mohawk. Nous avons Andrew et sa femme. Ce n’est pas juste un lieu mohawk, c’est un lieu pour tout le monde», commente M. Leblanc. C’est également la première microbrasserie à ouvrir ses portes dans la région. Une deuxième ouvrira dans les prochaines semaines à Mercier.
La touche mohawk
Les partenaires tenaient à ce que leur établissement, situé tout près du pont Mercier, sur la route 138, ait une touche mohawk. Leur commerce a été baptisé Black Bridge, qui fait référence au pont ferroviaire situé à côté du pont Mercier. Cela se veut un hommage aux travailleurs de l’acier (ironworkers) qui constituent une fierté pour les Mohawks. Les robinets pour la bière en fut sont ornés d’outils utilisés par ces travailleurs en hauteur. «Les ironworkers travaillent souvent aux États-Unis la semaine et reviennent à Kahnawake voir leur famille la fin de semaine, raconte Andrew Stevens. Ils adorent notre concept.»
Ouvert à tous
Le brasseur a développé différents types de bières pour que tant les néophytes des bières artisanales que les adeptes y trouvent leur compte. «Quand je développe des bières, c’est divisé en trois catégories. Il y a les bières d’introduction pour les débutants, il y en a qui sont intéressantes pour les gens qui connaissent le milieu des microbrasseries et les beer geeks qui veut des affaires plus extrêmes», explique-t-il.
La clientèle visée compte évidemment la communauté mohawk, mais la microbrasserie souhaite également que les gens des environs viennent prendre un verre chez eux.
Ils ont remarqué qu’il y a une méconnaissance du territoire autochtone dans la population hors réserve. «Des gens nous ont écrit pour nous demander s’ils avaient le droit de venir s’ils ne sont pas autochtones, illustre Emilie Bourdages, conjointe d’Andrew Stevens. On veut briser ça.»
Le défi de la règlementation
Ouvrir une première microbrasserie en territoire s’est avéré être beaucoup de travail pour l’équipe du Black Bridge Brewing Co puisque la réglementation en cette matière était inexistante sur le territoire de Kahnawake. «Ça nous a pris un an pour obtenir les permis», raconte Fred Leblanc.
Au Québec, c’est la Régie des alcools, des courses et des jeux qui réglemente ce domaine et qui délivre les permis. Sur le territoire de la réserve, les lois provinciales ne sont pas appliquées. À Kahnawake, c’est l’organisme de contrôle Alcohol Beverages Control Board qui définit les règles et permis au sujet de l’alcool. Le Black Bridge Brewing Co a travaillé en collaboration avec cette commission pour créer une règlementation sur les microbrasseries.
Ce permis est valide sur la réserve uniquement, ce qui veut dire que pour l’instant, les bières produites à Kahnawake ne peuvent pas être vendues hors réserve.