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La police veut faire respecter le rôle du brigadier

le mercredi 20 octobre 2021
Modifié à 8 h 18 min le 21 octobre 2021
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Normand Desmarais est sorti de sa retraite à 59 ans pour relever un défi, confie-t-il. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)

Préoccupée par la sécurité de ses brigadiers scolaires, la Régie intermunicipale de police Roussillon lance une offensive contre les automobilistes qui mettent la vie de ces travailleurs en danger.

Agente aux relations médiatiques et communautaires à la Régie intermunicipale de police Roussillon, Geneviève Boudreault confirme qu’il reste du travail à faire, malgré les campagnes de prévention récurrentes à cet effet.

La douzaine de jours de sensibilisation dans les zones scolaires à la rentrée en septembre se sont soldées par 350 avertissements et 99 constats d’infraction. Dans les prochains jours, davantage de policiers retourneront aux abords des 21 écoles primaires et 9 écoles secondaires du territoire pour sévir contre les contrevenants et s’assurer que le message en début d’année a été entendu.

«Ce sont des brigadiers qui nous ont interpelés à propos du manque de courtoisie au volant et nous avons pris cette situation au sérieux. Si le brigadier a un panneau d’arrêt dans les mains, c’est que c’est considéré comme un arrêt obligatoire», rappelle l’agente Boudreault, qui dénonce aussi la vitesse près des écoles.

C’est la première fois que la Régie prévoit effectuer autant de patrouilles dans les zones scolaires, et ce, sur une aussi longue période, ajoute-t-elle.

«On sera partout, plus souvent, résume la porte-parole de la police. Avant, c’était du cas par cas, selon les besoins des écoles. Jamais on ne s’est impliqué comme on va le faire.»

Témoin

Donald Vaillancourt, gardien de la traverse devant l’école Saint-Lawrence à Candiac depuis 2019, se réjouit de cette initiative. Ce dernier compose avec des comportements dangereux «tous les jours».

«Environ 90% des automobilistes sont courtois, dit-il. Mais le 10% restant ne semble pas être au courant que c’est un arrêt obligatoire lorsqu’un brigadier montre son panneau. Ils roulent quand même! Même constat pour les cyclistes qui croisent la traverse piétonne, alors que les enfants marchent. Il faut demeurer alerte.»

Présent deux fois par jour à l’intersection du boul. Champlain et de l’avenue Honfleur, il assure quotidiennement la sécurité de quelques centaines d’enfants qui traversent à cet endroit, témoin par la même occasion de l’irresponsabilité de certains usagers de la route.

Aussi brigadier depuis 2019, Normand Desmarais partage avec humour sa théorie sur les automobilistes imprudents.

«On dirait que ça dépend des pleines lunes!, lance dans un éclat de rire le responsable de l’intersection du boul. de Palerme et de l’avenue Jean-Baptiste-Varin à La Prairie. Blague à part, les gens semblent moins vigilants lorsqu’il fait beau. En d’autres mots, il y en a qui chauffent mal!»

L’impatience de certains n’affecte toutefois pas sa bonne humeur.

«Quand ils n’arrêtent pas, je lève mon panneau d’arrêt plus haut. S’ils m’envoient promener, comme c’est parfois le cas, je leur souris et leur souhaite une belle journée, raconte le brigadier de l’école primaire de la Petite-Gare. Puis, on peut toujours appeler la police.»  

De l’audace et de l’écoute

Les deux brigadiers, qui rappellent qu’il en va aussi de la sécurité des enfants, se transforment carrément en gestionnaire de la circulation.

À peine quelques enfants et leurs parents traversent que, déjà la file de véhicules s’étire, rapporte M. Vaillancourt. Dans son cas, la proximité de l’école primaire Saint-Marc amène un afflux de résidents.

«Je n’étais pas aussi à l’aise au début pour arrêter la circulation, mais j’ai développé de l’assurance au fil du temps», confie le retraité de 73 ans.  

Puis, ils le font tout en gardant une oreille attentive aux confidences des enfants, qui partagent avec eux leurs plans pour le week-end ou leurs activités à venir.

«Ils sont toujours gentils et souriants, alors que les parents qui les accompagnent sont reconnaissants, poursuit le retraité de 59 ans. Ils m’appellent par mon prénom. C’est un métier extrêmement valorisant. En fait, c’est le plus beau du monde, car voir les sourires des enfants chaque jour, c’est magique!»

«Il faut du courage pour se rendre au milieu de la rue et stopper les véhicules.»

-Normand Desmarais, brigadier

Pénurie de brigadiers ?

Comme dans la plupart des secteurs, la pénurie de main-d’œuvre frappe aussi les brigadiers scolaires. À La Prairie et Candiac, notamment, des postes sur appel doivent être comblés pour assurer une présence si un remplacement est nécessaire, ont confirmé les Villes au Reflet. Selon M. Vaillancourt, les retraités comme lui devraient davantage postuler.

«Ça assure un petit revenu et ça permet de socialiser. On ne travaille pas l’été ni les fins de semaine. Le reste de la journée, je m’adonne à mes activités favorites. Je n’y vois que des avantages», soutient celui qui est devenu permanent deux mois après son entrée en fonction.