Nul n’est prophète en son pays

Avez-vous entendu parler de l’accident mortel d’un petit avion dans un parc à Montréal, l’autre samedi?

Il était peu avant 18h. Je faisais du BBQ. Quand j’ai aperçu un avion dans le ciel. Tirant une bannière. Mon réflexe immédiat a été d’aller chercher mon cellulaire en courant pour prendre une photo. J’ai pensé à l’équipe du Reflet. Me disant que ça pourrait peut-être leur faire une bonne histoire. 
Sur les images, j’ai vu que la bannière indiquait une demande en mariage. En anglais. Trop cute. 
Je l’ai immédiatement partagée à la chef de contenu du Reflet, Audrey. Qui a eu la même réaction que moi. On se demandait si l’initiative revenait à quelqu’un de la région. Toutes deux, on songeait déjà à un article potentiel. 
Quelques minutes plus tard, j’ai reçu une alerte sur ma tablette à l’effet qu’un avion s’était écrasé dans le parc Dieppe à Montréal. J’ai évidemment pensé à l’avion que j’avais photographié quelques minutes plus tôt. Mais un tel hasard m’apparaissait tellement improbable que je suis retournée à ma lecture. 
J’ai été bouleversée quand Audrey m’a texté pour m’apprendre que l’avion que j’avais pris en photo s’était écrasé. La nouvelle que nous avions pensé écrire venait de prendre une tournure tragique. Mon collègue Mario a rapidement saisi la balle au bond. Publiant un article à l’effet que le Cessna avait survolé la région peu avant son écrasement. Puis un second le lendemain matin lorsqu’il s’est avéré que le pilote avait pris son envol à Saint-Mathieu, dans la région. Quoi qu’aient dit certains lecteurs sur la page Facebook du Reflet sous la publication de l’article.
«Journal Le Reflet Une énorme erreur dans votre article… l’avion décollait de St-Matthieu (sic) de Beloeil et non St-Matthieu de LaPrairie! (re-sic). Pas mal plus loin!» 
Et un autre de nous reprocher «de dire n’importe quoi sans vérifier». Alors que nous avons publié par le passé deux articles à l’effet qu’un résident de Saint-Mathieu a fait aménager une piste privée sur son terrain.
À défaut que nos lecteurs nous donnent le crédit pour notre travail ni même ne s’excusent, Radio-Canada télé a publié la photo que j’ai prise dans le cadre d’un reportage télé sur le sujet. Un concurrent montréalais nous a aussi sollicités, désireux de faire pareil. Comme quoi on n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur.

«La valeur d’un hasard est égale à son degré d’improbabilité.»
-Milan Kundera