Opinion
Mourir dans le respect et la dignité dans les hôpitaux
le mercredi 29 janvier 2020
Modifié à 13 h 49 min le 29 janvier 2020
Ma mère âgée de 90 ans est décédée au mois d'août 2019 à l'Hôpital Anna-Laberge. Elle y a été hébergée durant deux semaines.
Après son arrivée en ambulance, elle est demeurée une journée dans le corridor et une journée à l'observation. Comme elle ne parlait pas en raison d’une aphasie, elle ne pouvait exprimer ses besoins. Quand je quittais son chevet, j’avertissais le personnel, mais je revenais et personne ne l’avait nourrie, alors qu’elle ne pouvait manger seule. Son plateau, plein, était sur sa civière. Elle avait aussi souvent froid.
C’est parce que j’ai insisté que j’ai enfin réussi à lui obtenir une chambre. Une dame en fin de vie, mais autonome et très amicale veillait sur elle, lui faisant manger de la purée – c’est tout ce qu’elle pouvait avaler -.
Ma mère était assise durant la journée dans une chaise pour éviter les plaies de lit. Un jour qu’elle n’a pas eu la force de se lever, une infirmière a refusé de m’aider pour la sortir de son lit à deux reprises, préférant garder ses énergies pour danser sous une musique qui jouait dans le corridor. Heureusement, deux autres plus attentionnées m’ont aidée.
J’ai rencontré le directeur de l'étage pour lui expliquer le problème et lui dire que certaines employées ne montraient pas suffisamment d’empathie envers les patients. Il n’a pas aimé ça. Je n’ai plus parlé ensuite, de peur que ma mère en subisse les conséquences.
Le lendemain, j’ai trouvé deux plateaux de repas sur son lit. Elle n’avait pas déjeuner ni dîner, faute de temps de la part de l’infirmière attitrée.
Dans les jours suivant, j’ai apporté un ventilateur pour qu’elle ait moins chaud. La rallonge a vite disparu, sans que personne ne sache où elle était passée.
Dans la dernière semaine, ma mère mangeait peu et on devait lui humecter les lèvres avec une éponge imbibée d'eau. Souvent, quand j’arrivais, je voyais au niveau du verre d'eau que ça n’avait pas été fait.
Il n'y avait pas de place aux soins palliatifs pour accueillir ma mère. Elle s’est ainsi retrouvée en face du poste d’accueil avec une dame insatisfaite qui criait. Alors qu’il lui restait que quelques heures à vivre, j'ai encore insisté pour qu’elle obtienne une chambre seule, ce qui lui a été accordé.
On ne meurt qu'une seule fois et je crois que cela devrait se passer dans l'amour et le respect.
Sylvie Fournier
Saint-Constant