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Meurtre à La Prairie : Zoé Boutin connaîtra sa sentence à l’automne

le vendredi 14 juin 2024
Modifié à 8 h 14 min le 17 juin 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Zoé Boutin a pris la parole pendant l’audience sur sa peine. (Photo : Le Reflet – Guillaume Gervais)

Zoé Boutin, accusée d’outrage au cadavre de Luc Lafontaine, en octobre 2022, connaîtra la date de sa sentence en septembre. Les deux parties ont procédé à l’étape des plaidoiries au palais de justice de Longueuil, le 14 juin.

Zoé Boutin a pris la parole pendant l’audience pour dire qu’elle regrettait terriblement ses gestes et qu’elle éprouvait des remords.

Peu de temps après sa remise en liberté, elle a recouru à des services psychologiques pour connaître «la source de ses actions». En larmes, elle a dit souffrir d’un trouble d’attachement qui fait en sorte qu'elle souhaite aider tout le monde pour combler ce manque. Elle voyait Nicolas Côté comme son ami de cœur, alors que ce dernier la considérait comme une fréquentation, selon ses dires.

«Au moment des événements, j’étais dans une relation que je considérais toxique, a-t-elle indiqué dans la salle d’audience. J’étais très attachée à lui.»

Après que le meurtrier lui ait avoué son crime, Zoé Boutin lui a manifesté son désaccord envers ses actions, selon l’exposé conjoint des faits obtenu par le Journal. La Sainte-Catherinoise l’a aidé puisqu’«elle voulait juste en finir le plus vite possible avec cette histoire». Celle qui ressentait une pression affective dit avoir agi ainsi à cette époque par loyauté envers lui.

Lors de son interrogatoire à la suite de son arrestation, elle a décidé de collaborer avec les policiers après l’écoute d’un message enregistré de sa mère qui l’invitait «à être loyale à elle-même, à ses parents, à ses sœurs et à mamie et à prendre les bonnes décisions».

Plaidoiries

La Couronne, représentée par Me Sylvie Villeneuve, réclame 12 mois de prison dans la collectivité, avec un maximum de 240 heures de travaux communautaires exécutés sur une période de 9 mois, suivi d’une période de probation d’un an, alors que la défense suggère une absolution conditionnelle, tout en étant ouverte aux travaux communautaires. Le juge Serge Délisle a pris la cause en délibéré et proposera une date du dépôt de la sentence, le 6 septembre.

Pour justifier la peine proposée, Me Villeneuve note les facteurs aggravants tels que le choix conscient de Zoé Boutin d’aider l’accusé Nicolas Côté à se débarrasser du corps de la victime. De plus, elle mentionne que l'accusée a pris la nuit pour y penser lorsque son copain lui a avoué le crime et elle a continué à lui venir en aide malgré ses aveux.

La Couronne n’est pas d’accord avec la suggestion d’une absolution conditionnelle, puisqu’elle estime que la peine pourrait briser la confiance du public en la justice. Elle pense que sa suggestion est raisonnable dans les circonstances et que d’autres individus ont eu des peines plus sévères dans des causes similaires au Canada.

Du côté de la défense, représentée par Me Martin Latour, elle croit qu’une peine d’emprisonnement de 12 mois dans la collectivité serait une privation de la liberté de Zoé Boutin. De plus, Me Latour a rappelé certains éléments de l’exposé conjoint des faits, plaidant que sa cliente ne savait pas au départ qu’elle transportait un corps avant que Nicolas Côté fasse ses aveux. Me Latour note que Zoé Boutin a déjà vécu des conséquences pour son geste, qu’elle a des regrets, qu’elle s’est reprise en main depuis son arrestation et qu’elle a respecté ses conditions de remise en liberté pendant le processus judiciaire.

Décision

Devant la complexité du dossier, le juge Délisle prendra l’été pour réfléchir et déterminera la date du dépôt de la sentence, le 6 septembre. Lors des plaidoiries, il a noté la pression affective que l’accusée a pu subir, sa collaboration avec la police et son risque quasi nul de récidive.

La Couronne a lu une lettre écrite par la famille de Luc Lafontaine adressée à Zoé Boutin. Les membres de la famille ont partagé l’impact de sa décision sur leur vie, l’état dans lequel ils étaient lors de la disparition de M. Lafontaine et l’ont tenue responsable d’avoir gardé le silence après le meurtre et d’avoir aidé l’accusé à se débarrasser du corps. Néanmoins, ils lui souhaitent de prendre le chemin vers la guérison.

Après avoir écouté le contenu de la lettre, Zoé Boutin dit avoir réalisé «qu’elle a fait un grand mal à la famille».

«Rien ne va pouvoir justifier ce que j’ai fait», a-t-elle confié lors de l’audience.

À noter que Nicolas Côté, reconnu coupable de meurtre au 2e degré de Luc Lafontaine, reviendra en cour le 18 juin.