Menace de Trump sur les tarifs : «nous sommes prêts à toute éventualité» - Christine Fréchette
Christine Fréchette dans un point de presse après une rencontre avec Investissement Québec sur les relations Québec-États-Unis en décembre 2024. (Photo gracieuseté)
Face aux menaces de Donald Trump d’augmenter les tarifs douaniers de 25%, la ministre de l’Économie Christine Fréchette a assuré que le gouvernement est prêt à toute éventualité, lors d’un entretien avec Le Reflet, le 31 janvier.
«Nous parlons aux différents intervenants américains afin d’expliquer que ce n’est pas gagnant d’avoir une guerre commerciale, indique la députée de Sanguinet. Nous avons rehaussé notre présence aux États-Unis de 20% afin qu’une centaine de personnes puisse agir avec des acteurs économiques et politiques.»
Elle a préparé un plan d’action avec le premier ministre François Legault, advenant que les tarifs soient réellement imposés. Toutefois, elle ne peut pas dévoiler les détails dans le cadre d’une éventuelle négociation.
«Notre souhait est que le message soit relayé à la Maison-Blanche, avoue-t-elle. La valeur du dollar canadien pourrait également être diminuée.»
Mme Fréchette est allée à la rencontre de plusieurs entreprises depuis que les premières menaces du président des États-Unis, notamment la Compagnie Canadienne de Tableaux Noirs et le fleuriste Aristocrate à Saint-Constant.
«Je désirais garder le lien avec le terrain afin d’être à même de comprendre leurs préoccupations, explique-t-elle. L’important, c’est d’être connecté aux entreprises et de rester en communication avec eux.»
La première entreprise redoute que son niveau de compétitivité soit réduit alors que la seconde estime qu’elle sera grandement affectée puisqu’elle importe des produits de l’autre côté de la frontière. Selon Mme Fréchette, les secteurs qui seront les plus touchés sont ceux de l’agriculture, de l’aérospatiale, de l’aluminium et du bois. Elle rappelle d’ailleurs que 70% de l’aluminium produit au Québec se rend aux États-Unis.
«Ça vient affecter notre capacité à être compétitif, explique-t-elle. Par conséquent, s’il n’y a pas de substitut à notre produit, ce sont les Américains qui seront perdants. Ça va générer des hausses de prix aux États-Unis.»
Christine Fréchette devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. (Photo gracieuseté)
Incontournable
En tant que ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette était de passage deux jours au prestigieux Forum économique mondial à Davos, en Suisse, et s’est arrêtée également à Munich, en Allemagne, afin de rencontrer des entreprises québécoises implantées en Europe.
«C’était rapide, intense et stimulant, se réjouit-elle. Nous avons rencontré des dirigeants politiques et économiques avec qui nous avons parlé de nos forces et montrer les talents du Québec, notamment au niveau de l’électricité et le fait d’être alimenté par de l’énergie verte et de nos minéraux stratégiques.»
Elle planifie revoir certains de ces acteurs afin de voir si des associations potentielles et des investissements sont possibles.
Rentrée parlementaire
Christine Fréchette travaille également sur le projet de loi 69 sur la gouvernance responsable des ressources énergétiques qui vise à modifier le cadre réglementaire du secteur énergétique pour répondre à la hausse de la demande en vue de la décarbonation de l'économie.
«Je vais également faire une tournée du Québec sur le plan de notre mix énergétique pour les 25 prochaines années, poursuit-elle. Nous allons rencontrer à la fois des chercheurs, des entreprises, des acteurs politiques et des organisations qui œuvrent dans ce domaine pour prendre le pouls et voir comment eux perçoivent les composantes énergétiques sur lesquelles ont devrait miser pour les prochaines années.»
Concernant la hausse des tarifs résidentiels d’Hydro Québec, Mme Fréchette a maintenu qu’elle resterait à 3% par année comme le premier ministre l’a souhaité, peu importe ce qu’il se passe avec nos voisins du Sud. Cette semaine, Hydro-Québec a témoigné à l’Assemblée nationale qu’une hausse de 4% à 5% du tarif commercial et industriel garderait la société d’État compétitive à l’échelle de l’Amérique du Nord.
Christine Fréchette a rencontré Le Reflet le 31 janvier 2025. (Photo : Le Reflet - Guillaume Gervais)