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Les hygiénistes dentaires peuvent pratiquer en toute liberté

le mercredi 12 octobre 2022
Modifié à 16 h 00 min le 17 octobre 2022
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

L’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec représente 6 750 membres, dont Sopharith Kor. (Photo gracieuseté)

Depuis 2020, les hygiénistes dentaires peuvent être autonomes et n’ont plus à s’associer à un bureau de dentiste pour pratiquer leur profession.

«La nouvelle a été extrêmement bien reçue, il ne faut pas se le cacher, ça faisait au-delà de 30 ans qu’on attendait ça», soutient Jean-François Lortie, président de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec (OHDQ) qui fait référence à la profession qui a été reconnue au Québec en 1975.

Le projet de loi 29 modifie le Code des professions et d’autres dispositions, notamment dans le domaine buccodentaire et celui des sciences appliquées. Il a été adopté pour permettre aux Québécois d’obtenir des services dentaires plus facilement. Ce n’est toutefois pas tout le monde qui est au courant de son existence.

«Les hygiénistes dentaires ont souvent été dans l’ombre de l’équipe dentaire, indique Jean-François Lortie, président de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec (OHDQ). Nous avons un travail d’éducation à faire au niveau de la population pour expliquer où les rôles commencent et finissent.»

Avant l’adoption du projet de loi, dix actions posées par les hygiénistes dentaires lors d’un rendez-vous devaient être supervisées par le dentiste. Cette section a été abrogée en septembre 2020 et cinq actes autorisés aux hygiénistes dentaires ont été ajoutés aux 10 existants.

L’OHDQ mentionne que l’hygiéniste va pouvoir déterminer lui-même le plan de soins en hygiène dentaire sans devoir attendre l’examen du dentiste. L’évaluation exécutée par l’hygiéniste dentaire sert à appliquer les soins préventifs. Si ce dernier découvre une anomalie qui nécessite un diagnostic, leur devoir professionnel est de recommander le patient à un dentiste pour un examen approfondi.

Par ailleurs, des fiscalistes ont évalué que les clients peuvent économiser grâce au nouveau règlement en vigueur. Selon leurs estimations, les patients n’ayant pas besoin de la présence d’un dentiste économiseraient en moyenne 30% sur leur facture, ajoute M. Lortie.

Sa propre entreprise

Sopharith Kor fait partie des hygiénistes qui ont ouvert leur propre clinique d'hygiène dentaire. Depuis février, elle possède un local sur le boulevard Montcalm à Candiac.

Pour Mme Kor, l’indépendance offre plus de latitude quant à sa qualité de vie.

«Il y a une question de pouvoir faire mon propre horaire, souligne-t-elle. Je peux également traiter ma propre clientèle, d’autant plus que les clients préfèrent souvent avoir le même hygiéniste dentaire.»

Pour le moment, ce service est encore méconnu, ce qui permet à la clientèle d’avoir plus de plages horaires, remarque la femme de 35 ans.

Toutefois, elle a entendu quelques échos de la clientèle sur les nouveaux changements.

«Quelques personnes étaient au courant et contentes de leur sort, dit-elle. Elles ont référé d'autres clients.»

Depuis l’adoption du projet de loi, les cliniques indépendantes ont connu une croissance exponentielle.

«En 15 ans en Ontario, une soixantaine de cliniques ont ouvert, mais au Québec, c’est de 35 à 40 cliniques en près de deux ans, se réjouit M. Lortie. On voit qu’il y a une fibre entrepreneuriale chez nos membres qui commence à pousser dans toutes les régions du Québec.»

Il ajoute qu’il n’y a jamais eu autant d’hygiénistes dentaires sur le marché, en partie en raison de la prise de conscience de la population sur l’importance d’avoir une bonne santé buccodentaire, croit-il.

«Nous vivons une croissance de 2% chaque année, soutient M. Lortie. La modernisation nous permet de réorganiser les soins afin de donner un meilleur accès à la population.»

Les 10 actes autorisés pour les hygiénistes dentaires indépendantes

Ouverture de dossier;

Évaluation;

Détartrage;

Polissage;

Services mobiles pour les personnes en perte d’autonomie;

Protecteurs buccaux;

Application de fluor;

Scellant;

Protocole de reminéralisation;

Blanchiment avec l’ordonnance du dentiste.

15 actes effectués par les hygiénistes dentaires employés en bureau privé par un dentiste

Évaluer la condition buccodentaire d’une personne;

Appliquer topiquement (qui agit directement à l’endroit désigné) un agent anesthésiant, anti-cariogène ou désensibilisant;

Sceller les puits et les sillons (action de prévention de la carie);

Polir les dents;

Poser une obturation temporaire sans préparation de cavité;

Procéder à un détartrage supra et sous-gingival (sur et sous la gencive);

Concevoir, fabriquer et vendre des protecteurs buccaux;

Effectuer des examens diagnostiques, incluant la prise de radiographie, selon une ordonnance;

Effectuer un débridement parodontal non chirurgical (assainir la surface des racines dentaires et la gencive en profondeur) suivant les conditions et les modalités prévues dans un règlement adopté par le Conseil d’administration de l’Ordre après consultation de l’Office des professions et de l’Ordre professionnel des dentistes du Québec, ou selon une ordonnance;

Insérer et sculpter des matériaux obturateurs, selon une ordonnance;

Fabriquer, cimenter et retirer des restaurations provisoires sur les dents naturelles (la restauration d'un espace où il manque une dent), selon une ordonnance;

Poser et enlever des pansements parodontaux, selon une ordonnance;

Enlever des points de suture, selon une ordonnance;

Contribuer aux traitements et suivis orthodontiques, selon une ordonnance;

Appliquer des techniques de blanchiment des dents, selon une ordonnance.

«L’hygiéniste dentaire est le professionnel de première ligne dans les soins dentaires.»

-Jean-François Lortie, président de l’OHDQ