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Le nouveau terrain Réal-Brodeur à La Prairie divise

le vendredi 02 septembre 2022
Modifié à 13 h 22 min le 19 septembre 2022
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

La réfection du terrain Réal-Brodeur doit se terminer à la fin d’octobre. (Photo: Le Reflet – Guillaume Gervais)

La transformation du terrain Réal-Brodeur en surface synthétique ne fait pas l’unanimité chez les résidents de La Prairie. Plusieurs Laprairiens ont lancé un mouvement citoyen pour stopper le projet qu’ils estiment nuisible à l’environnement. À l’inverse, des organisations sportives locales souhaitent qu’il aboutisse.

Le sujet a été abordé à la séance du conseil du 30 août lors de la période de questions. La Ville a répondu qu’elle publierait un communiqué de presse à cet effet, ce qu’elle a fait le 2 septembre.

«Cette surface de jeu est attendue par les citoyens, les associations sportives et plusieurs organismes qui ont besoin d’installations sportives de qualité comme celle-ci, soutient le maire Frédéric Galantai. Nous comprenons les préoccupations de certains citoyens, mais je tiens à les rassurer, nous réfléchissons à des moyens pour atténuer ou compenser les impacts environnementaux négatifs liés à la construction de ce nouveau terrain sportif.»

Le terrain en construction lors du passage du Reflet le 18 août. (Photo: Le Reflet - Guillaume Gervais)

La Ville fait valoir que la surface synthétique n’a pas besoin d’arrosage ni de tonte, contrairement au gazon naturel, ce qui diminue huit fois les émissions de gaz à effet de serre liés à l’entretien, selon son analyse. De plus, le terrain est fabriqué avec des matériaux recyclés et récupérables lorsque le terrain atteindra sa fin de vie, d’après l’administration municipale.

Ce dernier peut également être utilisé plus longtemps pendant l’année soit près de 30 semaines comparativement à 18 pour un terrain naturel, selon la Ville. Qui plus est, la surface synthétique peut être utilisée jusqu’à 90 heures par semaine, alors qu’un terrain naturel se dégrade rapidement après 15 heures d’utilisation hebdomadaire.

De son côté, le mouvement citoyen est appuyé par des organismes locaux comme On jase La Prairie, Mères au front et La planète s'invite La Prairie. Le Reflet avait mentionné le 2 septembre que SOS Environnement faisait partie de ce mouvement, mais l'organisme a indiqué qu'il y avait erreur puisqu'il n'appuyait pas le mouvement, mais invitait ses membres à disctuer des enjeux.

Il estime que la transformation du terrain en surface synthétique accentuera le réchauffement climatique en créant des îlots de chaleur. Le regroupement ajoute que les matériaux utilisés sont remis en question «d’un point de vue de la santé et du bien-être de la population».

«Lorsque j’ai appris l’effet des terrains synthétiques sur l’environnement et les effets nocifs pour la santé, j’ai peut-être réalisé que ma Ville ne prenait pas de sage décision en allant de l’avant avec ce projet-là», s’est désolée la résidente Louise Séguin.

Une pétition à cet effet a été publiée en ligne et elle s’est terminée le 26 août. Le regroupement l’a acheminée au conseil municipal lors de la séance du conseil du 30 août.

Appui

Pour leur part, des organisations sportives locales, notamment le club de soccer ainsi que les Diablos, se sont montrées en faveur du projet lors de la dernière séance du conseil municipal.

«Si on regarde les technologies qui sont utilisées aujourd’hui dans les terrains synthétiques par rapport aux 10 à 15 dernières années, elles ont grandement évolué, a indiqué César Dos Santos, président du Club de soccer La Prairie. Ça minimise non seulement les risques au niveau de la santé publique, mais aussi de l’environnement.»

Les travaux ont débuté à la mi-juillet. (Photo: Le Reflet - Guillaume Gervais)

Il a ajouté qu’à l’inverse du terrain synthétique de la Magdeleine ainsi que ceux du parc Illinois à Brossard, le futur terrain Réal-Brodeur est entouré d’arbres matures. Celui qui vit à La Prairie depuis environ 8 ans a estimé que l’ombrage créé par les arbres réduit la chaleur dégagée par le terrain.

L’ancien capitaine du CF Montréal Patrice Bernier, qui agit à titre de responsable du développement pour le club local, s’est aussi prononcé.

«Pour moi, c’est un bien fait, soutient celui qui habite à La Prairie. Ce n’est pas une surface qui ne sera pas changeable par rapport aux conditions climatiques.»

Il donne en exemple les jeunes de l’Académie du CF Montréal qui pratiquent sur le terrain synthétique. Il assure que le club montréalais a à cœur la santé et le bien-être de ses joueurs.

Le président des Diablos, Benoit Audette, est allé dans le même sens.

«C’est un site unique qui est en retrait par rapport à la route et pour nous, c’est devenu une nécessité, a souligné le président de l’équipe de football. Nous avons à peu près 300 membres et nous sommes en manque de terrain. Nous devons pratiquer sur quatre terrains différents à l’extérieur du terrain Réal-Brodeur.»

Financement

Rappelons que la réfection du terrain est financée à la hauteur de 950 000$ par les gouvernements fédéral et provincial.

Impacts sur la santé

Dans une étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) au sujet des surfaces synthétiques, produite en 2014, Julien Watine mentionne que «les diverses études sur le sujet rapportent une élévation pouvant aller jusqu’à 10 degrés Celsius par rapport aux températures environnantes et jusqu’à 16 degrés Celsius par rapport au gazon naturel». Cependant, les conséquences des composantes des fibres artificielles ne seraient pas nocives pour l’humain.

«La température y grimpe systématiquement, mais les risques toxicologiques ne sont pas élevés et le risque de blessures n’est pas plus important, rapporte Julien Watine. Les doses potentiellement absorbées par l’être humain sont, dans la plupart des cas, sous les seuils de toxicité tolérés.»

La Direction de santé publique de Montréal est également allée dans le même sens en 2016 en concluant que «les risques à la santé reliés à l’utilisation de ce type de surface sont non significatifs et que, conséquemment, les joueurs peuvent pratiquer leur sport sur ce type de surface en toute sécurité».

Néanmoins, certaines villes québécoises ont tout de même préféré adopter l’approche prudente, comme Boucherville et Repentigny. Les deux municipalités ont interdit totalement ou en partie la pose de gazon artificiel dans les secteurs résidentiels.

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