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Le nombre de responsables en services éducatifs a diminué dans la région

le jeudi 13 mai 2021
Modifié à 9 h 05 min le 10 mai 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

Le nombre de services de garde en milieu familial a diminué de 36% en 10 ans sur le territoire couvert par Le Reflet. Plusieurs acteurs du milieu tentent de trouver des solutions pour recruter du personnel. Regard sur la situation actuelle. Selon la directrice générale du bureau coordonnateur sur le territoire et du CPE La Mère Schtroumpf, Louisette Dionne, cette baisse d’effectifs est préoccupante et multifactorielle. «C’est dramatique partout, laisse-t-elle entendre. Il y a des pénuries d’infirmières, de préposés aussi. On dirait que c’est tout ce qui est humain. Ce sont des vocations. Ç’a tendance à disparaître et c’est un grave problème.» Selon Louisette Dionne, qui siège sur un comité avec le ministère de la Famille, le problème réside dans le manque de relève partout dans le domaine de la petite enfance. Dans les cégeps, le nombre d’étudiants a considérablement diminué au cours des dernières années. L’âge actuel moyen des responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) sur le territoire est de 49 ans. «On n’arrive pas à trouver des gens formés et même des remplaçantes. Jusqu’à maintenant, on n’a pas fermé d’installations pour ça, mais à plusieurs endroits au Québec, ils doivent couper des groupes.» Salaires et pandémie Mme Dionne insiste également pour parler des salaires, un sujet qui est revenu souvent dans les discussions au cours des derniers mois. «Nos éducatrices, année après année, n’arrêtent pas de dire qu’elles sont peu reconnues. Elles voient des métiers où des hommes gagnent beaucoup plus cher. Nos filles, qui s’occupent de ce qu’on a de plus précieux au monde, nos enfants, vont avoir un peu plus de 25$ par heure après 10 ans.» Dans la dernière année, la pandémie a aussi eu son rôle à jouer. «J’ai plusieurs milieux fermés pour des raisons de santé, révèle Mme Dionne. Il y a des éducatrices qui ont été en congé ou qui ont manqué du travail partout à travers la région et le Québec. Elles attendaient les vaccins ou une meilleure protection.» Un métier «exceptionnel» Toutefois, la directrice insiste sur le fait que le métier de RSE est «exceptionnel et très enrichissant». Ce sont les longues journées de 12 heures qu’il faudrait peut-être changer, avance-t-elle. Selon elle, il y a des avantages qui vont au-delà du plaisir dans une journée. L’affection des enfants, entre autres. «C’est toi qui gères ton entreprise, qui fait ta régie interne, qui décide de l’heure à laquelle tu veux ouvrir et fermer», fait-elle aussi remarquer. En plus de s’occuper des six enfants à sa charge, la RSE doit s’acquitter du ménage, de l’approvisionnement, des repas, du programme éducatif, etc. «On n’a pas toujours la tape dans le dos, mais elle est dans le regard des enfants, leur évolution, leur développement et les mots qu’ils disent de plus», soutient la directrice générale.
«Ta reconnaissance, quand tu es éducatrice, tu l’as dans les yeux des enfants, dans chacun de leurs gestes. C’est tellement beau.» -Louisette Dionne
Les solutions Le ministère de la Famille est conscient du problème, qui s’étend à la grandeur du Québec, assure Louisette Dionne. Il a d’ailleurs lancé une consultation publique sur les services de garde éducatifs à l’enfance, le 28 avril, afin de rendre le réseau «plus accessible et efficace» a soutenu le ministre Mathieu Lacombe. De son côté, le bureau coordonnateur de la région a établi un plan d’action pour le recrutement, la rétention et la promotion des RSE en partenariat avec les associations et le regroupement des centres de la petite enfance. «Comment on pourrait alléger leurs tâches administratives? Est-ce qu’on pourrait leur donner un montant d’argent supplémentaire, un incitatif, pour payer du matériel ou prendre un traiteur par exemple? Comment aussi pourrait-on trouver plus de remplaçantes?» se questionne Mme Dionne. Elle compte approcher des commerçants du territoire et les maires des municipalités afin de leur demander leur aide. La nécessité de trouver des RSE de qualité est une «question de survie» pour les parents travailleurs, soutient-elle. Quelques chiffres On comptait 233 responsables en services éducatifs en milieu familial (RSE) reconnus par le bureau coordonnateur dans la région en 2010-2011. Dix ans plus tard, on en recense 150. La Ville de Sainte-Catherine est celle qui a connu la plus importante diminution. Suivent Saint-Constant (41%), Delson (40%), Candiac (38%), La Prairie (33%) et Saint-Mathieu (30%). À Saint-Philippe, la situation est restée la même.