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L’application du code vestimentaire contestée à la Magdeleine

le mercredi 21 septembre 2022
Modifié à 13 h 02 min le 21 septembre 2022
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Juliette Dubé est parmi plusieurs adolescentes qui ont contacté Le Reflet pour dénoncer la situation. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

Les adolescentes de l’école secondaire de la Magdeleine à La Prairie affirment qu’elles doivent passer la journée à se cacher, craignant que leur tenue soit considérée comme inappropriée. Selon ces dernières, cette situation est fréquente depuis l’entrée en vigueur d’un nouveau code vestimentaire à la rentrée scolaire.

Une élève de 5e secondaire partage au Reflet l’expérience qu’elle a vécu la semaine dernière.

«Cette semaine, j’ai porté une tenue que je trouvais décente, mais quand j’étais assise, on pouvait voir l’arrière de mon dos, fait savoir Juliette Dubé. On m’a demandé de me changer, ce que j’ai fait, mais j’ai trouvé que les surveillantes étaient assez bêtes avec moi et sèches dans leurs réponses.»

Dans une lettre ouverte qu’elle a fait parvenir au Journal, l’adolescente croit que «la situation a dégénéré» et que le code vestimentaire avantage les filles ayant une plus petite poitrine.

«Celles qui ont une poitrine plus développée doivent se couvrir plus, car le même col d’un chandail est considéré indécent pour elle, alors que pour celles qui ont des petits seins, c’est considéré comme étant acceptable», fait remarquer celle qui craint des impacts sur l’avenir. Ces règles sur la manière de s’habiller si strictes font que les futures femmes de notre société porteront toujours cette peur sur leurs épaules, auront toujours l’impression d’avoir tous ces regards encore sur elles.»

Sous le couvert de l’anonymat, deux amies abondent dans le sens de Juliette Dubé.

«Je marchais jusqu’à la cafétéria pour prendre quelque chose à manger et je me suis fait avertir parce qu’on voyait 3 cm de mon ventre lorsque je levais les bras, indique l’une d’elles. Je leur ai fait comprendre que je ne pouvais pas redescendre mon chandail maintenant, car j’avais les mains pleines, mais que j’allais le faire.»

N’étant pas satisfaite, la surveillante lui aurait demandé de la suivre «immédiatement», mais n’aimant pas la manière dont elle a été abordée, l’élève a refusé. C’est à ce moment qu’elle et une autre surveillante l’aurait prise par les bras et l’aurait amenée dans un local.

«C’était très humiliant de me faire tirer par les bras dans le corridor devant tous les élèves», s’insurge-t-elle tout en précisant que les surveillantes n’avaient pas appliqué de force physique.

Son amie dit avoir subi une situation similaire, alors que la surveillante l’aurait suivie partout pour être certaine qu’elle change son chandail.

«Je comprends qu’elles n’avaient pas le choix d’appliquer le règlement, mais je n’ai pas aimé qu’elle me suive, confie-t-elle. Tout le monde me regardait et c’était un peu gênant.»

Les deux amies aimeraient que l’école soit plus indulgente, d’autant plus que les articles décriés par la direction représentent la grande majorité de l’inventaire des magasins de vêtements pour adolescentes, font-elles remarquer.

De son côté, Juliette Dubé estime que cette tendance incitera les filles à se poser des questions tous les matins sur ce qu’elles devraient porter.

«Peut-être que dans le futur, elles devront encore se poser ces questions-là, ce qui minerait leur confiance en soi», estime l’élève de 16 ans.

Elle est ouverte à un compromis avec l’école.

«Je suis d’accord qu’on ait un code vestimentaire, mais il ne devrait pas être aussi strict que présentement, pense-t-elle. Il y a deux ans, les élèves n’auraient pas été avertis.»

Code de vie à respecter

Contacté à ce sujet, le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries (CSSDGS) indique que le code de vie a été adopté en juin dernier par le conseil d’établissement où deux élèves du conseil étudiant de l’école siégeaient.

«Les ajustements souhaités concernant la tenue vestimentaire émanaient des élèves qui, l’an dernier, avaient demandé aux représentants de leur conseil étudiant d’amener ce sujet de discussion au conseil d’établissement afin de clarifier la notion de ‘’tenue décente’’ qui se trouvait alors au code de vie», fait savoir Hélène Dumais, directrice adjointe du Service du secrétariat général et des communications du CSSDGS.

Les règles du code de vie sont élaborées en collaboration avec les élèves, les membres du personnel et les parents qui siègent au conseil d’établissement.

Mme Dumais informe que la direction de l’école est ouverte aux échanges et que les élèves peuvent «amorcer une démarche auprès de leurs représentants au conseil étudiant en cas d’insatisfaction aux éléments du code de vie».

«[Les élèves] peuvent s’adresser au conseil étudiant (CÉ) pour discuter du code vestimentaire lors d’un conseil d’établissement cette année, puisque de possibles adaptations au code de vie doivent faire d’abord l’objet de discussion auprès des membres du CÉ pour être revues», précise-t-elle.

Elle soutient que lorsque les intervenants souhaitent faire appliquer les règles qui se trouvent dans un code de vie auprès des élèves, «ils les font dans le respect et de manière que l’élément non respecté soit clairement énoncé, tout comme la demande pour rétablir la situation».

Concernant les méthodes employées par le personnel scolaire pour faire respecter le code vestimentaire, dénoncées par les élèves, Mme Dumais répond que «chaque intervenant a sa propre personnalité, comme chaque élève a la sienne».

«Cela explique qu’il peut y avoir des perceptions différentes concernant une même intervention, estime-t-elle. Advenant le cas où un élève souhaiterait faire part d’une situation malencontreuse à son égard, il peut alors en discuter avec la direction de l’école ou s’adresser au Service Relations avec les parents et les élèves du Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries.»

«J’aurais aimé un peu de compréhension de leur part.»

-Juliette Dubé

Code vestimentaire

Selon une lettre envoyée aux enseignants, les éléments interdits au code vestimentaire de la Magdeleine sont:

-Les vêtements qui laissent voir la poitrine, les fesses, le ventre, les parties intimes ou les sous-vêtements;

-Les jupes, robes ou shorts très courts (laissant voir les sous-vêtements);

-Les pantalons portés trop bas;

-Les pantalons troués au niveau des fesses;

-Les décolletés plongeants;

-Les brassières de sport;

-Les camisoles transparentes;

-Les camisoles de basketball;

-Autres vêtements qui ne seraient pas appropriés à un milieu d’éducation.