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La difficile gestion des boites de dons de vêtements

Il y a 5 heures
Modifié à 16 h 33 min le 20 janvier 2025
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Photo publiée par le Partage en décembre invitant les citoyens à faire preuve de discernement avant de laisser du matériel par terre. (Photo : gracieuseté)

Des boites de dons de vêtements qui débordent, des sacs éventrés ; la gestion de ces installations n’est pas simple pour les organismes comme le Partage qui en sont responsables. Ce dernier retirera d’ailleurs ses deux boites dans le stationnement du Métro à Saint-Constant à la fin du mois pour ces raisons.

Juste avant les Fêtes, le Partage a publié une photo sur sa page Facebook de deux boites de dons de vêtements entourés d’une pile de boites, de sacs déchirés et d’objets de toutes sortes. «Lorsque vous voulez donner, regardez si la cloche est vraiment pleine. Si c’est le cas, SVP, venez porter vos dons à une de nos deux succursales sur nos heures d’ouverture. Retrouver nos cloches de cette façon n’est ni agréable pour notre chauffeur qui ramasse ni agréable pour le voisinage», écrivait l’organisme.

Vérifier à l’intérieur des bacs

Le directeur du Partage, Frédéric Côté, croit que 90 % des gens sont de bonne foi lorsqu’ils viennent porter des dons.

«Le problème, c’est que ça prend juste une personne qui met le sac ou le don par terre et là toutes les personnes suivantes pensent que la boite de dons est pleine. Ils ne vérifient pas.»

Le Partage indique clairement à sa succursale de la Voûte qu'il ne faut pas laisser des dons par terre. (Photo : Le Reflet - Valérie Lessard)

L’organisme Le Support de la Société québécoise de la déficience intellectuelle possède plusieurs boites de dons un peu partout sur la Rive-Sud et constate le même phénomène.

Ginette Grzeszczakowski, directrice du développement des affaires et responsable de l’installation des boites pour Le Support, suit de près les différentes collectes dans l’espoir d’éviter les enjeux de propreté ou de débordements.

«Les gens pensent que l’organisme vide sa boite une fois par mois, mais je vous assure qu’on passe minimum trois à quatre fois par semaine et on a aussi une navette 24 h si jamais ça déborde. Nos partenaires peuvent nous appeler», explique-t-elle.

L’organisme, qui se finance via la vente de vêtements dans leurs friperies, tente d’être rapide, mais son travail est souvent ralenti parce que tout et n’importe quoi sont déposés aux abords des boites.

 «Je ne sais pas si c’est parce que les gens sont mal informés et qu’ils ne savent pas où aller porter les trucs, mais on sait que des gens font des tournées de nuit pour déposer leur stock autour des boites. Nos chauffeurs finissent par faire le travail du citoyen à sa place et doivent aller en disposer à l’écocentre», souligne Mme Grzeszczakowski.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le Partage réduit son nombre de boites.

«Ça représente des coûts supplémentaires pour nous. On doit payer pour disposer des déchets des autres. C’est mon employé qui doit le ramasser et l’amener aux poubelles et le Partage doit payer pour se débarrasser de ce qui n’est pas bon», explique M. Côté.

L’enjeu des vols

Le Partage remarque également une hausse des vols lorsque les sacs ne sont pas déposés dans les bacs.

«Quand il y a une accumulation autour des cloches, les sacs sont éventrés et les gens partent avec les meilleurs morceaux, souligne-t-il. Notre mission première, c’est de faire des profits via les friperies pour acheter de la nourriture à ceux qui en ont besoin. On a besoin de ces beaux morceaux de vêtements.»

Les coûts liés à la gestion des déchets des autres nuisent aussi à la rentabilité de l’organisme.

Des caméras de surveillance sur les terrains des succursales de Saint-Constant et La Prairie captent souvent des voleurs en plein délit.

«On fait régulièrement des plaintes à la police, mais ultimement, c’est tellement de grande ampleur qu’on pourrait passer notre temps à juste regarder les caméras», mentionne Frédéric Côté.

Selon ce qu’ils ont pu constater dans les dossiers déposés à la police, les vols ne proviennent pas de gens dans le besoin, mais plutôt des personnes intéressées à la revente des vêtements et objets.

À compter de février, les boites du Métro de Saint-Constant seront retirées. Les boites situées sur les terrains du Partage à La Prairie et Saint-Constant sont toujours accessibles ainsi que celles sur le terrain de la Caisse Desjardins de La Prairie et à l’écocentre de Saint-Constant. Le Partage privilégie le dépôt de dons directement à l’organisme pendant les heures d’ouverture. Il ne faut pas laisser des sacs à l'extérieur des boites, puisque le contenu risque d'être irrécupérable.