Divorce
Chauffeur d’excavatrice, Stéphane, de Huntingdon, traverse une mauvaise tempête. Un divorce jumelé à la saisie de son camion et de sa moto ont complètement bouleversé la vie de l’homme de 57 ans. Celui qui a toujours possédé une maison ne cache pas que l’adaptation est difficile. «Dormir à trois dans une chambre, je ne suis pas habitué à ça. Disons que la marche est haute», soupire-t-il.
C’est une personne à l’hôpital qui l’a informé de l’existence de L’Avant-Toît, où il habite depuis trois semaines. «Je ne m’attendais pas pantoute à me retrouver ici, reconnait-il. Mais la malchance, ça arrive à tout le monde.»
Malgré les épreuves, on sent les deux hommes sereins face aux épreuves qu’ils doivent affronter. «Faut passer à travers et regarder le positif, laisse tomber Stéphane. On a encore la santé, c’est toujours ça.»
Institutionnalisation
À l’écart, au salon, nous rencontrons Seneka. La femme de 32 ans a vécu des abus de toutes sortes. Encore fragile, elle raconte son institutionnalisation parce qu’il n’y avait pas de places disponibles ailleurs.
«Je ne cadrais dans aucun des services offerts. J’ai donc été institutionalisée durant un an, en attendant qu’on me trouve quelque chose. Pas de téléphone, pas d’Internet, rien. J’ai tellement vu des choses que je n’aurais pas dû voir!» raconte-t-elle, les yeux dans le vide.
C’est un travailleur social qui lui a finalement déniché cette place il y a trois mois.
Des ennuis de santé empêchent pour l’instant la trentenaire de travailler. Passionnée d’art et de photographie, elle rêve du jour où elle aura un appartement à elle.
Clientèle diversifiée
Intervenant depuis un an et demi, Alexandre Marineau souligne que la clientèle présentement hébergée à L’Avant-Toît est bien paisible. «Mais ce n’est pas toujours comme ça.»
Ainsi, en 2023 poursuit-il, il y a eu plusieurs cas de consommation de speed qui mène à des psychoses. «En dernier recours, quand la personne ne veut pas collaborer, on appelle les policiers», avance-t-il.
«Pour bien des gens, la consommation est souvent un moyen de défense pour combattre la faim et la peur du rejet», ajoute de son côté l’intervenante Océane Fortin.
Toujours complets
Aux communications pour la Halte répit de l’Avant-Garde depuis trois ans, Laurence Brodeur est catégorique : la situation est grave.
L’organisme ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, compte 8 places fixes en hébergement et 3 places temporaires. En 2023, 200 personnes y ont trouvé refuge contre 99 en 2022. Une quarantaine de personnes sont sur la liste d’attente.