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Isabelle Lagacé : une série documentaire pour « remettre les pendules à l’heure »

le mardi 29 novembre 2022
Modifié à 10 h 42 min le 29 novembre 2022
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Isabelle Lagacé, dans la série documentaire. (Photo gracieuseté)

Au-delà des titres de journaux ravageurs, des histoires rocambolesques et informations – parfois fausses – rapportées dans les médias, la série documentaire Cocaïne, prison et likes: la vraie histoire d’Isabelle Lagacé se penche sur ce qu’elle a réellement vécue.  La jeune femme a été arrêtée avec Mélina Roberge et André Tamine le 28 août 2016 sur un bateau de croisière en Australie pour importation de cocaïne. 

«On avait tous entendu parler de cette histoire. Moi, je me demandais: comment c’était-elle rendue dans cette situation? Et qu’est-elle devenue aujourd’hui? Ce qui nous intéressait, c’était de plonger dans l’ici et maintenant de l’histoire», témoigne le réalisateur Sébastien Trahan, lors d’une table ronde virtuelle avec les médias, le 28 novembre. 

Il souligne l’authenticité avec laquelle Isabelle Lagacé s’est livrée.

«Elle se faisait cuisiner par moi. C’est pas toujours facile!» lance-t-il.

M. Trahan est aussi fier d’avoir été témoin du chemin psychologique que la jeune femme a parcouru dans toute cette histoire et au fil des confidences que donnent à voir les trois épisodes. Ç’aura été huit jours d’entrevue, de six à sept heures chacune. 

La série aura été «une espèce de thérapie, avec le temps, constate d’ailleurs Isabelle Lagacé, qui a grandi à Longueuil. Car je n’avais jamais raconté ça avant. Je ne le regrette tellement pas.» 

«J’ai commencé cette aventure avec beaucoup de retenue. Mais je me suis sentie de plus en plus à l’aise quand j’ai compris dans quelle avenue on allait. Je me suis mise à nu dans ce documentaire.»

-Isabelle Lagacé

Dans le premier épisode, elle y évoque entre autres une relation toxique dont elle a eu beaucoup de peine à se sortir en 2012, de son mode de vie où les party et l’alcool occupaient une grande place, de ses enjeux financiers et de la dépression qu’elle vivait – elle s’en rend compte aujourd’hui – au moment où elle a accepté d’être la mule pour transporter des dizaines de kilos de cocaïne.

«Je voulais me sortir de ça, mais sans études, je n’avais pas de plan B», y relate-t-elle. 

«Je ne voyais pas la possibilité que ça puisse ne pas fonctionner. J’aurais dû poser plus de questions», y dévoile-t-elle aussi avec candeur.

Plusieurs témoignages

Des amis d’Isabelle Lagacé, son ex-conjoint, des journalistes d’ici et d’ailleurs, des enquêteurs et même des passagers qui étaient à bord du Sea Princess en même temps que les désormais célèbres Mélina Roberge et Isabelle Lagacé passent tour à tour devant la caméra de Sébastien Trahan.

Un amie s’y demande comment Isabelle a pu «se laisser embarquer là-dedans», avouant sa colère de l’époque contre son amie, qui ne lui a pas raconté ce qu’elle s’apprêtait à faire. Une autre amie rend compte quant à elle de son sentiment de culpabilité de ne pas avoir su cerner ce que vivait Isabelle.

Mais il a toutefois fallu au réalisateur multiplier les efforts durant trois mois, pour convaincre Jacques Lagacé, le père d’Isabelle, de raconter comment il avait vécu ces événements.

«J’ai attendu à la toute fin pour lui en parler, soutient Mme Lagacé. Il avait été très échaudé par l’attention médiatique négative et par les commentaires. Il avait très peur de l’attention que ce documentaire allait mener.»

S’en sortir

Elle-même a dû être convaincue du bien-fondé de la démarche d’Urbania et Connect3 Média, qui produisent la série en collaboration avec Bell Média.  

Isabelle Lagacé espère que la série parviendra à remettre les pendules à l’heure à propos de son histoire et, qui sait, peut-être d’aider des personnes qui pourraient se reconnaitre dans son parcours.

«Le message que je voulais lancer, c’est que ce n’est pas facile de sortir de prison et de refaire sa vie, mais c’est possible», dit-elle.

Son incarcération de plus de quatre ans en Australie lui a permis de «revenir aux sources» et de se rapprocher de ses amis et sa famille. 

«Quand tu es dans ta cellule, que tu n’as pas accès à la technologie, ni même à du papier et un crayon, tu fais un ménage dans ta vie, confie-t-elle. Si la prison ne te change pas, rien ne va te changer.» 

La série de trois épisodes d’une heure sera disponible sur Crave dès le 2 décembre.