Actualités

Il donne un rein à sa conjointe

le jeudi 02 mai 2019
Modifié à 10 h 59 min le 02 mai 2019
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Quand Marie-Ève Jarry a eu besoin d’un rein en décembre 2018, son conjoint Francis Forand lui en a offert un sans hésiter. C’est un cadeau qui allait de soi à ses yeux, pour le bien de celle qu’il aime et de leur famille. Marie-Ève Jarry souffre d’une maladie rénale depuis l’âge de 17 ans. À l’été 2018, elle était fatiguée et démotivée. «Quand le rein ne fonctionne plus, ça déséquilibre beaucoup de choses», explique-t-elle. En environ six mois, sa fonction rénale a chuté de 30% à 10%. Son médecin lui a donc demandé si elle avait envisagé le don vivant. «Il a ouvert la porte», dit-elle. Cependant, Mme Jarry n’a pas demandé à ses proches. Son père, des collègues, des amis et son conjoint se sont offerts spontanément. M. Forand raconte que quand ça n’allait pas bien, il disait à sa conjointe en blague qu’il lui donnerait un rein. «Quand les médecins ont dit qu’ils voulaient la mettre en dialyse, j’étais prêt», dit-il. Le processus s’est enclenché rapidement après avoir confirmé que tous deux étaient compatibles pour une greffe. «On a eu de la chance», admet Mme Jarry, reconnaissante du geste de celui qui partage sa vie. L’intervention s’est bien déroulée autant pour chacun d’eux. Après quelques jours, ils étaient de retour à la maison. «Je suis autant en forme qu’avant. Je travaille et je fais du sport. Il a fallu environ deux mois d’adaptation pour que mon rein restant compense pour l’autre», laisse savoir M. Forand. Le plus difficile pour lui a été le fait que sa conjointe s’empêchait de sortir de la maison pendant sa convalescence pour éviter les microbes. Première opération La première intervention s’est passée peu de temps après la tombée du diagnostic de néphronophtise, une maladie génétique évoluant en insuffisance rénale. «Mes reins fonctionnaient à 4%. C’était urgent», se souvient la femme d’aujourd’hui 39 ans. En six mois, elle est passée de la liste d’attente pour une greffe d’urgence à la table d’opération après un don cadavérique. «On m’avait dit que la durée [du rein] était de 10 à 15 ans en moyenne, dit Mme Jarry. Pour moi, ça a été 21 ans.» Néanmoins, le couple qui célèbre 20 ans d’union, vivait bien sans trop craindre les complications possibles. «Elle m’en avait glissé un mot quand on s’est connu, mais je n’ai pas réalisé qu’un jour, ça [une greffe] allait arriver», confie M. Forand. Il ajoute qu’au quotidien, mis à part la médication que doit prendre sa conjointe et les rendez-vous médicaux, ils ne pensent pas à la maladie.
«Je ne voulais pas que notre fille dise plus tard que papa n’a rien fait pour aider maman.» -Francis Forand
Sensibilisation Le couple tient à raconter son histoire et à parler de l’importance du don d’organes. «Ça sauve et change des vies. Sans greffe, je n’ai plus de vie sociale parce que la dialyse est très prenante», affirme Mme Jarry. «Je savais que je ne le regretterais jamais. C’était la chose à faire pour ma famille. J’espère que ça va donner l’exemple», poursuit M. Forand. Mme Jarry s’implique maintenant pour la cause. Elle est porte-parole de la Marche du rein à Châteauguay. L’événement de 5 km se tiendra le 26 mai au Pavillon de l’île St-Bernard. L’information se trouvent en ligne à l’adresse marchedurein.ca. À LIRE AUSSI: Un second souffle «miraculeux»