Hydro-Québec : 10 M$ pour le centre culturel de Kahnawake
Hydro-Québec a conclu cette semaine un accord avec le Conseil Mohawk de Kahnawake (MCK) qui deviendra copropriétaire d'une importante ligne de transport d’électricité, dans le cadre d'un accord reconnu comme une forme de «réconciliation économique» sans précédent.
Marcus Bankuti, The Eastern Door, initiative de journalisme local
Une contribution de 10 millions de dollars de la part d’Hydro-Québec au Centre des arts et de la culture de Kahnawake (KCAC) a également été annoncée lors de la cérémonie de signature.
« Tout cela est historique. Tout cela est sans précédent », a déclaré la grande chef du MCK, Kahsennenhawe Sky-Deer, à propos du projet Hertel.
« Nous sommes fiers de nous-mêmes d’avoir toujours pris ce risque et essayé d'établir de nouveaux territoires, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi en préparant le terrain pour d'autres communautés frères et sœurs à fin de s'impliquer et accomplir quelque chose d'historique également. »
Le chef de la direction d'Hydro-Québec, Michael Sabia, et le ministre des Affaires autochtones du Québec, Ian Lafrenière, se sont joints à Mme Sky-Deer lors d'une conférence de presse jeudi au restaurant Two 0 Seven, où ils ont signé les accords du projet de ligne de transmission Hertel-New York.
« C'est une nouvelle approche que nous adoptons aujourd'hui. C'est penser en dehors des sentiers battus, et c'est pourquoi c'est une première », a déclaré le ministre Lafrenière.
La ligne Hertel de 58 km représente un coût de plus d'un milliard de dollars. En raison de la façon dont de tels projets sont évalués, elle vaudra 345 M$, mais elle devrait générer des revenus pendant les 40 prochaines années, selon Mme Sky-Deer.
Kahnawake détiendra 10 % du projet via une entité appelée Horizon Kahnawake et Hydro-Québec Limited Partnership. Le MCK aura la possibilité d'augmenter la part de Kahnawake, ce qui accroîtrait l'exposition de la communauté aux risques économiques, mais aussi aux avantages potentiels.
« La réconciliation économique est un principe fondamental pour l'avenir », a déclaré M. Sabia, affirmant que l'accord n'est pas une solution universelle, mais qu'il s'agit en quelque sorte d'un modèle pour les accords avec d'autres communautés autochtones.
« Le principe de travailler en partenariat avec les communautés autochtones lorsque le projet se trouve sur des terres autochtones, affecte les droits ancestraux, ce principe, oui, c'est quelque chose de fondamental et que nous chercherons à mettre en œuvre de différentes manières, sur lesquelles nous travaillons en ce moment même à travers le Québec», poursuit Michael Sabia
La ligne de transport sera souterraine de La Prairie jusqu'à la rivière Richelieu en direction de l'État de New York et fournira 1 250 mégawatts d'électricité à New York, suffisamment pour alimenter un million de foyers, selon un communiqué conjoint.
Mme Sky-Deer a déclaré que la présence et l'histoire Kanien'kehá:ka dans la région, ainsi que l'héritage des monteurs d’acier de Kahnawake à New York, ont été des arguments importants pour forger les accords nécessaires à la construction de la ligne.
« Je voulais simplement souligner à quel point notre rôle et notre implication ont été déterminants, car je pense que souvent les Premières Nations sont considérées comme des obstacles aux affaires ou à l'économie, mais c'est un précédent qui montre que lorsque nous nous impliquons, nous pouvons être des partenaires. Ce n'est pas juste une maigre compensation pour dire: «Nous allons utiliser votre terre; nous allons avancer." Non. »
Elle a présenté cet accord comme un tournant par rapport aux jours où Hydro-Québec expropriait simplement les terres de Kahnawake.
Les vertus environnementales de l'énergie renouvelable ont également été mises en avant lors de l'événement. La grande chef a évoqué les cheminées de «l’allée de l'asthme» de New York comme exemple de la nécessité d'avoir un meilleur accès à une énergie propre.
« Ce sont toujours les communautés marginalisées qui sont exposées à ce genre de choses », a-t-elle déclaré, ajoutant que les Kanien'kehá:ka ont depuis longtemps insisté sur l'importance de protéger l'environnement.
« Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer la signature d'un accord historique et innovant. Je veux mettre l'accent sur ce dernier mot : innovation, a déclaré M. Sabia. Parce que lorsque je regarde vers l'avenir, une chose est claire comme de l'eau de roche, c'est l'immense défi de la transition énergétique, et ce défi ne pourra être relevé qu'avec créativité, avec des esprits ouverts, et c'est essentiellement ce qui a inspiré l'accord que nous reconnaissons et signons aujourd'hui. »
La ligne Hertel a presque éclipsé une énorme nouvelle concernant le don pour le centre culturel. Avec sa contribution de 10M$, Hydro-Québec devient le principal donateur du projet en dehors du financement gouvernemental.
« Pour Kahnawake, pour vous grande chef, je sais que l'une de vos priorités est la célébration de la langue et de la culture mohawk, c'est pourquoi nous sommes si heureux de contribuer à hauteur de 10 millions de dollars à la construction du centre culturel de Kahnawake », a déclaré Michael Sabia.
L'annonce de la contribution d'Hydro-Québec au projet de bâtiment polyvalent a été accueillie favorablement par la grande chef.
« Nous sommes tellement reconnaissants. C'est une aide immense pour le projet », a-t-elle commenté.
(Traduction Le Soleil de Châteauguay)