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Histoire exceptionnelle : une bienveillance sans limites

le dimanche 07 janvier 2024
Modifié à 10 h 36 min le 07 janvier 2024
Par Sylvain Daignault - Initiative de journalisme local

sdaignault@gravitemedia.com

La petite Olha Lisova aime bien passer du temps en compagnie d’Élodie Tremblay et d’Annie Laroche. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Employée à la Fondation de l'Hôpital Pierre-Boucher depuis dix ans, Annie Laroche a fait du bénévolat sa seconde nature. À l’été 2022, lors d’une fête de quartier, elle fait la rencontre des Lisovyy, une famille ukrainienne arrivée à Longueuil depuis quelques jours à peine. C’est le coup de foudre envers Olena Lisova, Yuriy Lisovyy et leurs trois enfants.

Il y a plusieurs années, à la naissance de ses deux enfants nés prématurément, Mme Laroche n’avait pas hésité à chercher aide et support auprès d’un organisme. Aujourd’hui, à 52 ans, à travers un organisme communautaire de Longueuil, elle offre son aide aux mères et aux familles avec de jeunes enfants qui ont besoin d’un soutien dans leur vie quotidienne.

«Immédiatement je me suis demandé comment je pouvais venir en aide à cette famille», de raconter Mme Laroche à la table de sa cuisine en compagnie de sa fille Élodie Tremblay et de la jeune Olha Lisova, 9 ans. Cette dernière est fort occupée à dessiner.

Une belle complicité s’est développée entre Olha Lisova et Annie Laroche. (Photo: Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Rapidement, Mme Laroche fait aller son réseau d’entraide afin d’aider la famille de cinq personnes à s’installer. Le père, est informaticien et parle anglais. Il a pu se trouver du travail. La mère est aussi informaticienne mais n’a encore rien trouvé dans son domaine.

Bienveillance
Pour Mme Laroche, sa bienveillance envers cette famille affectée par la guerre dans leur pays est bien naturelle. «Il faut se mettre à leur place et se mouler à leur réalité. Ils arrivent dans un nouveau pays et ignorent tout de la façon dont les choses se passent ici.» 

Mme Laroche a tout d’abord aidé les Lisovyy à inscrire leurs enfants à l’école pour ensuite les abonner à la bibliothèque municipale. «Nous sommes allés aux fraises. Nous avons patiné. Nous sommes allés voir le père Noël. Je découvre aussi avec surprise tout ce qui est offert gratuitement aux résidents de Longueuil», de souligner la bénévole.

Résilience
Les Lisovyy habitent maintenant un logement de cinq pièces. Qui plus est, les grands-parents sont venus les rejoindre. «Je suis allée les chercher à l’aéroport car les Lisovyy n’ont pas d’auto et ne peuvent pas s’absenter de leur travail, précise Mme Laroche. Les grands-parents ne parlent ni français ni anglais. J’ai senti un grand soulagement de la grand-mère, Nataliia  Yeshchenko, quand nous sommes arrivés à Longueuil.» 

La famille Lisovyy dans son appartement. (Photo gracieuseté)

Admirative, Mme Laroche n’en revient pas de la résilience du grand-père de 72 ans, Viktor Yeshchenko, qui suit des cours de francisation depuis son arrivée. «À côté de tout ce qu’ils vivent, nos petits problèmes quotidiens semblent bien superficiels.», estime-t-elle.      

Poutine méchant
Mme Laroche tient à raconter un petit incident survenu l’été passé. «Par une belle journée, j’ai amené Olha manger sa première poutine. Mais Olha m’a regardé, les yeux remplis de questions. "Poutine méchant" qu’elle m’a dit.»

Olha a finalement bien aimé sa poutine!

La bénévole a été jumelée il y a quelques temps à une réfugiée ukrainienne mère d’un enfant de 5 ans et d’un ado de 15 ans. «Son mari enseigne l’histoire en Ukraine. Si la famille avait eu trois enfants, il aurait pu venir lui aussi», explique-t-elle.

Un modèle pour sa fille
Infirmière au CHUM, la fille de Mme Laroche, Élodie, ne tarit pas d’éloges. 

«Je ne connais personne qui en fait autant. Aujourd’hui, les gens sont tournés vers leur nombril. Ce qui distingue ma mère, c'est son absence d'intérêt pour la reconnaissance ou les regards. Elle agit dans le seul but d'aider son prochain, sans chercher de gratification, ce qui fait d'elle une personne exceptionnellement bienveillante. C’est un modèle pour moi», assure la jeune femme les larmes aux yeux.

Bien loin des périls de la guerre, Olha (à droite) et son frère Nikolai sont bien occupés à construire une maison en pain d’épices. (Photo gracieuseté)

Trouver son bénévolat
Pour un bénévolat réussi, il est primordial, indique Mme Laroche, de trouver son bénévolat, celui qui nous intéresse. «À Pierre-Boucher, nous avons un grand-papa qui vient bercer les nouveau-nés. Il y a une autre personne qui vient faire de l’entrée de données durant trois heures.»   

Habituée dans le cadre de son travail à gérer des bénévoles, Mme Laroche affirme aujourd’hui mieux connaître ce que le bénévolat demande. «On les tient souvent pour acquis nos bénévoles. Une tape dans le dos, un sourire, un café, il faut montrer notre reconnaissance.» 

Elle conseille aux gens tentés par le bénévolat de laisser tomber leur peur et d’aller vers l’autre. «Il faut ouvrir son cœur. Et si vous ne pouvez pas donner du temps, donnez de l’argent. Les organismes en ont bien besoin.» 

En terminant, Mme Laroche a-t-elle des souhaits pour 2024? 

«De la paix, laisse-t-elle tomber en posant les yeux sur Olha. De la paix intérieure et de la quiétude.»

Pour des informations sur le bénévolat, contacter la Croisée de Longueuil ou le Centre de bénévolat de Longueuil.