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Elles abordent des crimes québécois dans un balado

le mercredi 11 août 2021
Modifié à 12 h 52 min le 11 août 2021
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Le balado compte à ce jour une trentaine d’épisodes longs et cinq courts, pour un total de plus de 20 000 écoutes. (Photo: Le Reflet - Denis Germain)

La fascination de Catherine Côté et Audrey Boutin pour les crimes ne se limite pas seulement à la lecture sur le sujet ou au visionnement de documentaires. Les deux amies de longue date en discutaient assez fréquemment pour décider de transformer leurs conversations en un balado intitulé Un peu de crime dans ton café, en décembre 2020.

Chaque semaine, le duo raconte un événement criminel québécois qui a piqué sa curiosité. Selon les deux femmes, bien que le true crime soit une thématique populaire pour les balados, elle est davantage exploitée par les Américains qui traitent souvent de tueurs en série. 

«On trouvait cela dommage qu’il y en ait peu sur des événements du Québec. C’est devenu notre projet de pandémie de reprendre la formule et de la renouveler et l’adapter pour le public d’ici», partage Mme Côté, originaire de Candiac. 

Cette dernière travaille en enseignement et est auteure de romans policiers, alors que Mme Boutin œuvre dans le milieu de l’édition. Les deux femmes se décrivent comme «des raconteuses». Lorsque vient le moment de dégoter des crimes à traiter, elles en cherchent «qui impliquent des gens qui sont presque des personnages à part entière». 

«On aime également les événements plus historiques qui nécessitent une mise en contexte élaborée ou d’une autre époque», détaille Mme Boutin, originaire de Saint-Hubert. 

Elle nomme en exemple le scandale Norbourg, «avec lequel on a eu un plaisir fou puisqu’on aurait presque dit du théâtre de Vaudeville». 

Avec humour

Le café de la paire est composé de beaucoup de crimes et d’une dose d’humour. Pour son épisode sur la saga impliquant Vincent Lacroix, la description donne le ton: «Alors qu'Audrey s'évertue à rendre intéressants des détails de finance pas mal arides, Catherine se foule les neurones parce qu'elle n'a pas étudié en <@Ri>crossage<@$p> de contribuables, elle.»
Le duo s’inspire notamment de balados humoristiques américains comme The Last Podcast On The Left et surtout, Let’s Go To Court également produit par deux femmes qui se moquent des criminels. 

Ce soupçon humoristique, «sombre par moment», de leur propre aveu, vient de la personnalité des deux femmes âgées de 30 ans, qu’elles se permettent de faire briller dans leur balado.

«C’est aussi l’humour de deux filles complices qui se connaissent depuis longtemps et qui ont des intérêts similaires. On va chercher le public qui a grandi avec nous en faisant des références à des choses comme Radio Enfer, Dans une galaxie près de chez vous ou François Pérusse», décrit Mme Boutin. 

Dans cet optique, Un peu de crime dans ton café n’est pas un balado qui aborde des événements sordides. Le cas de Luka Rocco Magnota leur a d’ailleurs été suggéré par un auditeur, mais les animatrices préfèrent ne pas s’aventurer dans ce genre d’histoire. 

«Parfois, ça vient trop nous chercher. Certains sujets traitent de violence faite aux femmes, par exemple. On a choisi d’en traiter, mais dans l’idée de faire de la sensibilisation et avec beaucoup de prudence. Souvent, on fait même des avertissements», ajoute l’Hubertoise.

Respect 

Autant dans son choix de sujet que dans sa façon de les traiter, le duo s’assure de respecter les victimes. 

«C’est pour cela qu’on s’intéresse beaucoup aux vieux crimes. Si on parle de gens décédés dans les 20 dernières années, il y a de fortes chances que des membres de leur entourage soient encore vivants et ils pourraient tomber sur notre balado», exprime Mme Côté. 

Celle-ci ajoute que le balado ne fait pas dans la supposition de culpabilité ou dans l'opinion. Dans certains cas, «c’est plus flou», dit-elle, alors ce qui est rapporté avec rigueur par les animatrices est basé sur les faits, provenant souvent des médias.

«On veut décomplexifier le crime avec notre humour et défaire cette tendance de glorification des criminels dans notre balado.»
-Audrey Boutin

Médium populaire et accessible 

Catherine Côté et Audrey Boutin disent consommer elles-mêmes beaucoup de balados. C’est une des raisons qui les a poussées à en créer un. 

«Il y a aussi le fait que c’est instantané. Ça se fait rapidement et c’est écouté rapidement. On peut avoir une rétroaction et bâtir une communauté, puisque c’est rassembleur», souligne Mme Côté. 

De plus, croit-elle, plusieurs personnes ne prennent pas nécessairement le temps de lire en profondeur sur un sujet qui les intrigue. Pour un épisode du balado, avec la recherche effectuée, ce sont 12 à 15 pages de contenu qui sont offertes en écoute facile.  

En termes de production, c’est également un médium accessible pour les deux animatrices qui peuvent effectuer leur création à la maison, avec de l’équipement qui se limite à des microphones et un logiciel de montage, entre autres. La qualité évolue néanmoins de semaine en semaine, disent-elles.  

Revenus 
Pour le moment, les animatrices ont quelques collaborateurs pour leur balado, dont des brûleries de Montréal. Chaque épisode, elles présentent un café ou un endroit pour en consommer, d’où le nom de la production. Ultimement, elles aimeraient faire de la publicité pour obtenir des revenus, tenter de faire affaire avec des producteurs et mettre en vente des produits dérivés. Investissant jusqu’à 20 heures par épisode, les deux femmes ne pensent pas faire du balado un emploi en tant que tel. Mais ce serait un rêve si cela arrivait, confient-elles.
 

Quelques exemples de crimes abordés:
-Le scandale de la brasserie Dow 
-Richard Blass
-Pacifique Plante et la Commission Caron
-Monica la Mitraille
-Aurore Gagnon, l’enfant martyre
 

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