Élèves immigrants à La Prairie et Saint-Constant : leur nouvelle vie racontée
Des élèves ont célébré leur culture et leur parcours les ayant menés à s’installer dans la région par le biais de projets scolaires afin «d’encourager la diversité et de renforcer les liens entre les différentes cultures».
D’abord, plus d’une dizaine d’élèves issus de l’immigration de l’école primaire Notre-Dame-St-Joseph, à La Prairie, ont appris la langue de Molière en très peu de temps et ont exposé le fruit de leur apprentissage dans un recueil de textes intitulé Il était treize fois. Ce dernier est disponible à la Bibliothèque Léo-Lecavalier, à La Prairie.
Les 13 élèves provenant de la Tunisie, de l’Iran, de la Colombie, du Brésil, du Pérou, de l’Égypte et de la Chine ont fièrement présenté leurs œuvres à la bibliothèque, le 13 juin.
Les élèves comptant plus d’un an en service de soutien linguistique et d’intégration en classe s’étaient donné le défi d’écrire une histoire s’adressant à des enfants du primaire, tandis que les élèves qui s’étaient récemment installés au Canada ont quant à eux écrit à propos de leur parcours migratoire.
«Je suis content d’avoir raconté mon histoire, a mentionné Ameur, 12 ans, qui est arrivé de la Tunisie en 2023 pour rejoindre son père à La Prairie. Ce que j’aime le plus au Québec, c’est la neige!»
Ameur a fièrement porté les couleurs de son pays lors de la présentation du livre. (Photo Gracieuseté Mathieu Pratte)
La totalité des élèves qui ont participé au projet partage d’ailleurs toute cette même nouvelle passion pour l’hiver. Plusieurs d’entre eux ont raconté avoir vécu leur première tempête de neige au Québec!
Pour Jhed, cependant, son coup de cœur est l’école.
«En Tunisie, je n’aimais pas le collège parce qu’il y avait de la violence entre les élèves. Ici, quand je viens à l’école, je suis très excité. J’aime avoir un casier pour mettre mes choses. J’avais vu les casiers dans des films, mais je ne savais pas pourquoi ils avaient des casiers», a-t-il raconté.
Jhed, de Tunisie, qui présente son histoire aux visiteurs de la soirée de présentation du livre. (Photo Gracieuseté Mathieu Pratte)
Plusieurs ont confié se sentir tristes d’avoir quitté des membres de leur famille dans leur pays natal, bien qu’ils comprennent qu’ils devaient fuir.
«Ils nous manquent, mais on devait fuir la violence», ont mentionné les frères Pedro et Lorenzo, 11 et 9 ans, qui ont quitté le Brésil en juillet 2023.
Les frères Pedro et Lorenzo. (Photo: Le Reflet - Guillaume Gervais)
Même son de cloche du côté d’Armin, 10 ans, qui a quitté l’Iran puisque ses sœurs risquaient d’aller en prison ou de mourir si elles s’opposaient au port du hijab. La famille n’acceptait pas le traitement des femmes. Armin note également une différence dans l’enseignement.
«[En Iran] je n’aimais pas ma professeure de cinquième année parce qu’elle frappait les élèves, a-t-il raconté. Ici au Québec, quand j’ai un problème, l’enseignante écoute, elle m’aide ou elle demande à la technicienne de m’aider […] Quand tu donnes des réponses en math, l’enseignant dit : ’’Wow, comment tu sais ça?’’ Ça me rend heureux.»
Histoires à raconter
Cinq élèves ont quant à eux usé de leurs connaissances plus développées en français pour créer des histoires de toute pièce. L’un d’eux a même conçu les illustrations de son récit en forme de bande dessinée.
«Je voulais recréer une première journée à l’école secondaire, a expliqué Zizheng Liu, de Chine. Mon personnage principal vit quelques problèmes en classe comme être en retard.»
Zizheng Liu découvre le reste du livre avec sa mère. (Photo Gracieuseté Mathieu Pratte)
De son côté, Giancarlo Efren Lopez Molina a décrit un match de soccer entre le Real Madrid et le FC Barcelone, où deux adversaires sont devenus des amis après leur affrontement.
Pour l’enseignante Sonya Thorne, qui a chapeauté le projet, elle ne peut qu’admirer le progrès que ses élèves ont démontré depuis à peine trois ans.
«Arriver dans une classe où tous les autres enfants parlent la langue et on ne comprend pas souvent ce qu’il se passe, ça donne un coup à l’estime de soi, souligne-t-elle. Le plus grand apprentissage dans un projet comme ça, c’est de se faire confiance à nouveau et de se sentir compétent.»
L'enseignante Sonya Thorne de l'école Notre-Dame-St-Joseph. (Photo Gracieuseté Mathieu Pratte)
Élèves de l'école Notre-Dame-St-Joseph
-Tala Raafat Ali Mohammed Zein;
-Zizheng Liu;
-Hiu Thian Yuen;
-Giancarlo Efren Lopez Molina;
-Salma Dridi;
-Mohammed Ameur Hmissi;
-Armin Mahdad;
-Jed et Jihed Hamdoun;
-Pedro et Lorenzo Gomes Galvao;
-Megan Rihanna Marquez Solorzano;
-Luciano Polo Sanchez.
Fiers de leur culture
Des élèves de la 2e à la 6e année du primaire de l’école Armand-Frappier, en partenariat avec la Maison des jeunes de Saint-Constant, ont conçu une mosaïque «interculturelle» afin de «célébrer la diversité et renforcer les liens entre les différentes cultures» de la communauté.
Le portrait montre la planète Terre en forme de cœur, soutenue par deux mains. L’œuvre d’art a été apposée sur un mur de l’école.
«Le cœur avec les deux mains qui le soutiennent, motif central de notre mosaïque, est une image puissante choisie par les élèves à l'issue d'un vote, explique Benoit Berhelot, intervenant de la Maison des jeunes. La phrase "S'aimer avec nos différences", trouvée par les jeunes, reflète parfaitement l'esprit de tolérance et d'inclusion que nous souhaitions transmettre à travers cette œuvre.»
Un peintre professionnel a peint la planète, tandis que les élèves ont collé des photos d’eux ou qui représentent leur culture à l’intérieur des deux mains.
«Les jeunes étaient heureux de laisser leur propre marque dans leur école», estime M. Berhelot.
Les élèves de l’école Armand-Frappier ont posé des drapeaux internationaux et autochtones autour de l’œuvre. (Photo gracieuseté)