Écrire à sa mère : treize témoignages intimes sur l'amour maternel

On a tous une mère. C’est comme ça. Mais nous n’avons pas tous la même relation avec elle. Albert Juneau vient de publier Écrire sur sa mère – Reflet d’une époque, un ouvrage qui donne l’occasion à treize personnes – dont lui-même –  , de raconter cette relation unique. 

Membre du club de lecture de la bibliothèque Léo-Lecavalier, c’est en discutant avec une amie conseillère en composition auprès des retraités que l’idée lui est venue d’inviter des gens de son entourage à participer à cet ouvrage. 

«J’ai recruté treize personnes, sept femmes et six hommes, âgées de plus de 65 ans», raconte M. Juneau attablé au sympathique QG qu’il fréquente régulièrement.

Leurs mères sont nées entre 1910 et 1930. Les relations qu’elles ont eue avec elles couvre en gros les deux derniers tiers du 20è siècle, une période charnière de l’histoire du Québec, souligne le passionné d’histoire. «Ces femmes ont assisté à la disparition d’un  monde et à la naissance d’un autre. Elles ont connu l’industrialisation, l’urbanisation, l’électrification. Certaines ont même connu la crise de 1929 et la Deuxième Guerre mondiale, poursuit-il. Mais elles ont aussi connu la fin du dictat de l’Église catholique sur la société québécoise.» 

Pas de format préétabli
L’éditeur s’est refusé à imposer un format ou un style préétabli aux différents auteurs. 

«La capacité d’écrire ne s’est jamais imposée comme critère de sélection. Ce ne sont pas toutes de belles histoires, mais ce sont toutes des histoires intéressantes, insiste M. Juneau, qui raconte qu’à la fin de leur texte, certains lui ont avoué avoir hésité entre écrire «Maman, je t’aime» et laisser trois points de suspension.

Secret de famille
À la lecture de ce livre, on constate que des relations harmonieuses côtoient des relations plus difficiles, conflictuelles. «Mais dans tous les cas, fait remarquer l’éditeur, la morale religieuse entourant la sexualité structure la vie et détermine les comportements à différents degrés.»

On parle ici de la rigidité de l’Église catholique mais aussi des fameux non-dits, ces fameux «secrets de famille» qui camouflent bien souvent des infidélités, des interdits. «Je me suis imposé un devoir de discrétion. On a tous tracé une ligne de la pudeur.»

L’ouvrage de 177 pages a été publié aux Éditions Le Vieux Fort, une maison qu’Albert Juneau a fondée il y a deux ans à peine, à l’âge de 80 ans. Un ouvrage similaire, mais concernant la relation avec le père, est prévu à l’automne.

Le lancement du livre Écrire sur ma mère aura lieu à la bibliothèque Léo-Lecavalier le samedi 24 février à 14h. Tiré à 300 exemplaires, l’ouvrage est disponible aux locaux de la Société d'histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine, 249, rue Sainte-Marie, à La Prairie.

Albert Juneau
Sociologue de formation, Albert Juneau a dirigé des recherches en matière de développement régional au Québec. Il a également pratiqué le journalisme, tout d’abord à titre de correspondant de La Presse en Europe, et par la suite comme éditorialiste au journal Le Devoir. Il a également participé à plusieurs opérations de développement économique et social dans la région de Montréal ainsi que dans le corridor Québec-New York. En 2022, M. Juneau a publié Histoire de La Prairie, 1667-1800. Le lieu de passage obligé.

Écrire sur ma mère – Reflet d’une époque, sous la direction d’Albert Juneau, La Prairie, Les Éditions Le Vieux Fort, 2023, 177 p.