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Dix questions sur la nouvelle ligne d’Hydro-Québec à La Prairie

le mardi 18 octobre 2022
Modifié à 14 h 42 min le 18 octobre 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Le poste Hertel à La Prairie sera agrandi. (Photo: Gracieuseté - Hydro-Québec)

Le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) a tenu une séance d’information, le 5 octobre, concernant la construction par Hydro-Québec d’une nouvelle ligne reliant le poste Hertel à La Prairie à la ville de New York. Le Journal revient sur dix aspects du chantier abordés au cours de la rencontre.

En quoi consiste ce chantier ?

Entre La Prairie et la rivière Richelieu, Hydro-Québec projette la construction d’une ligne souterraine à courant continu de 400 000 volts, d’une longueur de 57,7 km, au coût de 1,15 milliard $. Au-delà de la frontière américaine, la nouvelle ligne se poursuivra en partenariat avec un collaborateur des États-Unis qui alimentera la ville de New York, pour ainsi éliminer annuellement 3,9 M de tonnes de gaz à effet de serre, précise Sébastien Bélanger, chef de projets chez Hydro-Québec.

Quel tracé a été retenu ?

À partir du poste Hertel, la ligne traversera la route 104 à La Prairie en suivant le rang Saint-Raphaël. À Saint-Philippe, elle poursuivra sur le rang Saint-Claude, la montée Signer et le rang Saint-Marc. Puis, elle empruntera la route Édouard-VII et le rang Saint-Jacques à Saint-Jacques-le-Mineur avant de rejoindre l’autoroute 15. La dernière portion québécoise suivra la route 202, puis les rangs Saint-Georges et Edgerton à Lacolle. La ligne se jettera dans la rivière Richelieu par le biais du ruisseau Fairbanks où des travaux de forage seront nécessaires. Hydro-Québec a évalué une zone de 800 km2 en Montérégie pour déterminer son tracé. Celui-ci devait impérativement longer un axe linéaire existant, préserver les boisés à proximité, limiter son empiétement dans les terres agricoles et être facile d’accès durant les travaux.

Comment Hydro-Québec prévoit d'atténuer les conséquences du chantier sur le milieu humain ?

Sur 95% de son tracé, la ligne souterraine longera une emprise routière déjà existante. Dans ces circonstances, l’impact le plus notable durant les travaux sera la perturbation de la circulation lorsque les tranchées seront effectuées en bordure de route. Un calendrier du chantier permettra de prévoir les entraves selon les secteurs touchés et la saison agricole, notamment, pour limiter les conséquences sur les déplacements, indique M. Bélanger. Quant au bruit, la société d’État emploiera de la machinerie à niveau sonore réduit, puis installera des murs coupe-son. Hydro-Québec surveillera le nombre de décibels produit par le chantier, promet-il. Aux agriculteurs, elle fait savoir que la ligne passera à l’extrémité des terres pour éviter de les traverser. Les pertes de terrain permanentes seront ainsi très limitées, assure Hydro-Québec.

Est-ce qu’il y aura des impacts sur l’environnement durant et après les travaux ?

Oui, puisque l’inventaire d’Hydro-Québec a permis de recenser la présence de cinq espèces végétales à statut particulier sur le tracé. Pour pallier les conséquences sur celles-ci, la société d’État mettra en branle un programme de transplantation, puis de réintégration de ces espèces. Les impacts permanents seront quant à eux limités en raison du tracé choisi, explique M. Bélanger. Les arbres abattus seront compensés par la suite, assure-t-il.

Les résidents ayant un puis artésien doivent-ils s’inquiéter du niveau de l'eau ?

D’après Valérie Groison, chargée de projets en environnement, les citoyens vivant à proximité des travaux d’excavation n’ont rien à craindre. Ceux dont le puits est proche des forages feront l’objet d’une analyse plus détaillée, affirme-t-elle. Cette dernière permettra de déterminer si la quantité et la qualité de l’eau seront affectées. Hydro-Québec en est présentement à l’étape de déterminer si des secteurs sont à risque. Le cas échéant, les propriétaires seront contactés pour être accompagnés.

Est-ce que le poste Hertel à La Prairie sera affecté ?

Puisqu’il est le point de départ du partage d’électricité, le poste Hertel sera agrandi pour accueillir un nouveau convertisseur. Ce dernier servira à convertir le courant alternatif produit au Québec en courant continu aux États-Unis. À lui seul, l’ajout du convertisseur entraînera une dépense de 650 M$. L’agrandissement du poste s’effectuera uniquement à l’intérieur des limites de la propriété d’Hydro-Québec où des arbres devront être abattus, affirme M. Bélanger. D’autres seront plantés pour compenser les pertes.

Y aura-t-il des risques sur la santé ?

La société d’État répond que non, puisque le courant continu ne dégage aucun champ électrique. Les résidents autour du poste Hertel à La Prairie n’ont pas non plus à s’inquiéter du champ électromagnétique dégagé par le nouveau convertisseur, assure Hydro-Québec, car il sera installé dans un bâtiment fermé. Puis, à partir de la clôture où est délimitée la propriété d’Hydro-Québec à La Prairie, le niveau d’ondes projeté respecte la norme, soutient M. Bélanger.

Pourquoi Hydro-Québec tient-elle à ce projet ?

Selon la société d’État, il lui permettra d’obtenir des retombées financières de 30 milliards $ durant l’entente de 25 ans la liant à l’état de New York.  L’exportation d’hydroélectricité à l’extérieur de la province constitue une de ses stratégies pour hausser ses revenus.

Quand débuteront les travaux ?

Hydro-Québec espère obtenir l’autorisation ministérielle au printemps prochain en vue de démarrer ses travaux durant l’été. Selon l’échéancier, la mise en service de la ligne est prévue en 2026.

Les citoyens ont-ils leur mot à dire ?

Ils ont jusqu’au lundi 24 octobre pour déposer une demande formelle de consultation publique ou de médiation au BAPE. Ce processus s’adresse aux résidents qui considèrent que l’information en place est insuffisante pour évaluer le projet ou qui souhaitent exprimer leurs préoccupations. Il faut procéder par courrier postal ou par courriel au ministre@environnement.gouv.qc.ca. Si la demande est jugée acceptable et non frivole, le BAPE recommandera au ministère de l’Environnement le type de consultation pertinente pour répondre à cette demande. Une audience publique de quatre mois, une consultation ciblée de trois mois ou une médiation de deux mois sont les options. C’est au conseil des ministres que reviendra l’approbation finale du projet, rappelle le BAPE qui n’a pas de pouvoir décisionnel.