Des organismes démystifient les écoémotions
Peur, colère, tristesse, frustration: les émotions ressenties face aux changements climatiques peuvent être nombreuses. Afin d’échanger sur le sujet, un atelier aura lieu le 28 novembre à Saint-Philippe.
La directrice de l’un des organismes impliqués dans l’événement explique que l’atelier était d’abord prévu en 2020 et que la demande était très forte. La pandémie a toutefois contrecarré les plans.
«Entre ce moment et aujourd’hui, il a été observé qu’encore plus de personnes consultent [un professionnel de la santé mentale] à ce sujet. On ne parle plus d’écoanxiété comme auparavant, on parle d’une palette d’émotions», affirme Gina Philie, de la Vigile verte.
Krystel Papineau, co-animatrice à l’événement et directrice de Rose sur vert communication, explique quant à elle que la joie ou la tristesse peuvent devenir un carburant pour l’engagement et la sensibilisation, tandis que la colère peut avoir un effet moins bénéfique dans certains cas.
«Il faut en être conscient et choisir quelles émotions nous voulons transmettre et transformer. Être fâché et le communiquer ne mène pas toujours à l’objectif de modifier des comportements. Les gens risquent de moins écouter», détaille-t-elle.
Les femmes et les jeunes
Certaines catégories de la population semblent être davantage sensibilisées aux changements climatiques.
«Autant dans la mobilisation que l’intérêt, il y a quelque chose qui se passe avec les femmes. Lorsqu’il y a un désir de poser des actions, ce sont elles qui le font», dit Mme Philie.
D’ailleurs, les organismes le Centre de femmes l’Éclaircie à Sainte-Catherine et le Quartier des femmes à Châteauguay participent à l’organisation, tout comme L’Avant-garde en santé mentale à La Prairie.
«Les gens qui sont fâchés voudraient s’exprimer sur ce qui ne va pas, mais ils sont submergés et ne savent pas comment passer leur message.»
-Gina Philie
De son côté, Mme Papineau croit que la mobilisation féminine est liée au fait que ce sont les femmes qui donnent naissance.
«Il y a un sentiment de culpabilité pour les mères et grand-mères. Elles souhaitent offrir aux enfants le meilleur avenir possible», affirme-t-elle.
Celle-ci ajoute que «malheureusement», ce sont majoritairement les femmes qui accomplissent les tâches reliées aux efforts environnementaux. La tendance zéro déchet, par exemple, est principalement appliquée par les mères de famille.
Les jeunes sont également confrontés aux émotions, sans nécessairement les saisir.
«J’ai vu des enfants pleurer parce qu’il n’y aura plus d’ours polaires, ou parce que les chauves-souris vont disparaître en raison de la sécheresse en Australie. Ils sont candides et réagissent fortement», relate Mme Philie.
Mme Papineau abonde dans le même sens.
«Dans les écoles primaires, les élèves sont préoccupés, mais ça fait partie de leur réalité», constate-t-elle.
À son avis, cette génération deviendra néanmoins un modèle en termes de communication.
«Ils sont capables de parler des problématiques, mais aussi d’énoncer des solutions à l’âge de 9 ou 10 ans. C’est merveilleux! exprime-t-elle, mais ça me rend triste en même temps. Ils sont nés à une drôle d’époque et sont très réalistes.»
Ressources locales
Selon la directrice de la Vigile verte, plusieurs personnes se sentent isolées et le manque d’outils et de spécialistes se fait sentir.
À titre d’exemple, le dossier du golf de La Prairie a causé une grande commotion dans la population, fait remarquer Mme Philie.
«La Municipalité a été submergée par les réactions et émotions des gens face à cela. Les sentiments sont notre moteur alors quand il arrive quelque chose qui soulève la grogne populaire, ça devient des crises sociales», cite-t-elle en exemple.
À son avis, les Villes du territoire ont toutes l’intention d’agir en termes de changements climatiques, mais n’ont pas nécessairement de structure administrative en ce sens.
«À Candiac, il y a trois employés dans l’équipe environnementale, tandis qu’il y en a un à La Prairie et Saint-Constant. À Sainte-Catherine, il y a un plan de développement durable, mais pas de responsable, puis à Delson ils réfléchissent à trouver quelqu’un. C’est très inégal. Quand c’est l’affaire de tous, ce n’est l’affaire de personne», estime Mme Philie.
Elle salue néanmoins le fait que de plus en plus de ressources financières semblent être allouées aux initiatives communautaires et citoyennes en matière d’environnement.
Pour l’événement, la Corporation de développement communautaire (CDC) Roussillon a contribué à la hauteur de 750$.