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Déneigement : Saint-Constant retourne au privé

le mardi 16 juillet 2024
Modifié à 10 h 32 min le 17 juillet 2024
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

L'entreprise Benny d'Angelo à Saint-Rémi est la seule à avoir soumissionné. (Photo d'archives)

Près de cinq après avoir repris ses opérations de déneigement à l’interne, la Ville de Saint-Constant se tourne désormais vers le privé. Alors que le conflit de travail avec les cols blancs et bleus n’est toujours pas réglé, la Municipalité remet en doute «la fiabilité» de ses cols bleus, pendant que ceux-ci fulminent.

Ce sera l’entreprise Benny d’Angelo qui aura la responsabilité de déneiger le secteur urbain de Saint-Constant pour les quatre prochaines années. Le contrat de 8,1 M$ comprend l’option d’ajouter une cinquième année. En 2019, la Municipalité avait justifié sa décision de rapatrier le déneigement à l’interne par une «explosion des prix», alors que Benny d’Angelo avait soumis une offre de 7,8 M$ pour trois ans.

Sa décision de remettre le déneigement dans les mains du privé découle du conflit de travail qui perdure entre les employés et l’employeur, allègue-t-elle. Deux jours de grève sont prévus les 18 et 19 juillet en réaction à l’échec des négociations devant un conciliateur du gouvernement.

«Les moyens de pression de la partie syndicale laissent la Ville dans l'incertitude et lui font douter de la fiabilité et de la rigueur avec laquelle les services de déneigement pourraient être assurés en régie interne à l’issue des présentes négociations», a fait valoir la Ville au Reflet.

Qui plus est, même si le conflit de travail s’était réglé, Saint-Constant aurait réévalué la situation, «en raison de l’ajustement du marché où les prix sont devenus des plus concurrentiels, de tous les frais liés à la formation du personnel, à la gestion des équipes, à la gestion des incidents et à l’historique des événements qui sont survenus chaque hiver», a-t-elle détaillé au Journal.

«Or, en raison de l’escalade survenue depuis la suspension de la médiation au ministère du Travail le 5 juillet, où un avis de grève a été émis par la partie syndicale pour les journées du 18 et 19 juillet, et ce, en sortant de rencontre avec le médiateur qui venait de suspendre les négociations jusqu’en septembre, il a été résolu d’octroyer le contrat de déneigement du secteur urbain de la ville», a ajouté la Ville, qui a passé à l’acte lors d’une séance extraordinaire du conseil le 8 juillet.

Cette dernière dit avoir procédé à un appel d’offres pour trouver un déneigeur «pour se protéger au cas où la situation deviendrait davantage critique avec les cols bleus».

«Encore une fois, nous sommes profondément déçus de la tournure des événements, considérant que nos employés municipaux bénéficient de conditions de travail des plus avantageuses», a soutenu la Municipalité.

Décision «aberrante» selon le syndicat

«C’est un gros coup dur pour nos membres, a affirmé pour sa part Marilyne Blanchet, conseillère syndicale responsable du local 2566 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), au Reflet. Nous sommes surpris, puisque nous n’avons pas été informés de leur décision à l’avance.» La Ville note plutôt qu'ils étaient au courant, ayant commandé l'appel d'offres sur le système électronique. 

Le syndicat considère cette annonce comme «des représailles» contre le choix des cols bleus de tenir deux journées de grève.

«Aux dernières nouvelles, le droit de grève est un droit constitutionnel, a-t-elle déclaré. De plus, advenant le cas où nous aurions été en grève à ce moment, nous aurions dû quand même mener les opérations de déneigement, puisqu’il s’agit d’un service essentiel qui doit être offert pendant une grève.»

Mme Blanchet fait remarquer que la Ville de Saint-Constant a dépensé des milliers de dollars pour s’équiper en camions et équipements de déneigement au cours des dernières années. Ce à quoi la Municipalité rétorque qu’elle mettra en vente «tout ce qui est exclusivement utilisé pour le déneigement».

«Il y a actuellement une forte demande et de longs délais de commande pour ce type d’équipements», note Saint-Constant.

Quant au syndicat, qui représente 40 cols blancs, 70 cols bleus et 150 employés étudiants, il évalue ses options, «dans le contexte où le contrat a été signé pour quatre ans. On regarde nos recours face à cette décision aberrante», a indiqué Maryline Blanchet, qui a plaidé en faveur du travail effectué par les cols bleus en matière de déneigement dans les dernières années.

Rappel

Les deux conventions collectives qui lient les cols blancs et cols bleus à la Ville de Saint-Constant sont échues depuis le 31 décembre 2022. Un conciliateur a récemment été nommé pour dénouer l’impasse à la table de négociations, sans succès. Il est prévu que la médiation reprenne après la période estivale.  

(Avec Audrey Leduc-Brodeur)

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