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Crise du logement sur la Rive-Sud : le soutien des villes réclamé

le jeudi 15 juin 2023
Modifié à 11 h 36 min le 16 juin 2023
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Les hausses de loyer entre 2021 et 2022 sur la Rive-Sud sont plus élevées que la moyenne provinciale, soit 14% par rapport à 9%, selon le Chantier territorial en logement social. (Photo: Le Reflet - Archives)

Le regroupement d’organismes communautaires Chantier territorial en logement social tend la main aux municipalités de la MRC de Roussillon en les engageant à faire partie de la solution à la crise du logement.

Le Comité logement Rive-Sud, la Corporation de développement communautaire (CDC) Roussillon, la Fédération internationale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME), le Groupe de ressources techniques (GRT) de la Rive-Sud et l’Office d’habitation Roussillon (OHR) forment le consortium qui a fait parvenir une lettre ouverte aux 11 municipalités.

Dans celle-ci, le Chantier raconte avoir contacté les maires et mairesses en mars «dans l’espoir d’obtenir leur appui, d’une part pour les services d’aide à court terme aux personnes victimes de la crise du logement, et d’autre part afin de mettre en œuvre des politiques en faveur du développement du logement social et du logement financièrement abordable et pérenne».

Six municipalités, soit La Prairie, Saint-Philippe, Saint-Constant, Delson, Saint-Mathieu et Châteauguay ont accepté de planifier une rencontre, selon Marco Monzon, directeur général du Comité logement Rive-Sud. De leur côté, Sainte-Catherine et Saint-Isidore ont décliné, tandis que Candiac et Léry n’ont pas répondu. La Ville de Mercier s’est dite ouverte à discuter, mais a transmis toute demande du Chantier à l’OHR.

Le regroupement indique que les municipalités ont «un rôle actif à jouer dans la mise en place des solutions à court, moyen et long terme».

«La question du logement doit être considérée comme une solution aux enjeux politiques, socio-économiques, démographiques et de développement durable qui nous interpellent dans la région, indique M. Monzon dans la lettre ouverte. Entre autres pour le recrutement et la rétention de la main-d’œuvre, l’importance de l’économie locale et le commerce de proximité, la capacité d’accueil des nouveaux arrivants, les politiques sociales visant l’égalité des genres et l’importance du logement dans l’adaptation aux changements climatiques.»

Première rencontre

Le Chantier territorial en logement social a déjà rencontré Christian Ouellette, maire de Delson, le 27 avril. Trois enjeux ont été discutés, la première étant la demande de Programme de subvention au logement (PSL) et de PSL d’urgence.

À ce sujet, la Ville indique au Reflet qu’un point est à l’ordre du jour de la séance du conseil municipal du 13 juin autorisant la signature d’une entente de financement et de subventions aux municipalités.

Le regroupement a aussi proposé d’accompagner des ménages en prévoyant un montant en cas de demande nécessitant des services de relocalisation, de déménagement, d’entreposage, etc. Cette somme, si utilisée, serait remboursée par la Société d’habitation du Québec.

«Le maire avait ses réserves concernant cette proposition et a dit vouloir réfléchir à la question avant de nous donner une réponse officielle», affirme M. Monzon.

De son côté, Delson argue que cette aide doit provenir du gouvernement du Québec et non des villes. Selon elle, le logement est une compétence provinciale.

«La Ville peut offrir un soutien en urgence ou dans des cas extrêmes, mais il faut savoir que notre cotisation annuelle de plusieurs dizaines de milliers de dollars à la CMM sert à défrayer ces coûts», commente Julie Doré, directrice des communications.

Finalement, Elie Gravel, directeur général du GRT Rive-Sud, a discuté de la résidence Bernard-Payette phase II, un projet de développement immobilier dont la construction serait réalisée sur un terrain de la municipalité appartenant présentement à l’OHR.

«M. Ouellette semblait réceptif à cette proposition et a indiqué vouloir continuer cette conversation prochainement», poursuit M. Monzon.

Si le terrain de la résidence permet de recevoir d’autres logements sociaux, le conseil municipal sera «très ouvert à travailler un projet en ce sens».

Objectifs pour le chantier

Court terme

-La signature ou le renouvellement des ententes administratives pour le PSL;

-Une participation active, une collaboration et un soutien financier des municipalités au Comité des mesures d'urgence sur le logement;

-Une mise en œuvre d’une ligne d'urgence en continu;

-Un service d’aide à la recherche de logement et au soutien aux ménages, permanent et financé;

-Une offre d’hébergement temporaire;

-Une aide au déménagement et à l'entreposage des biens;

-Une identification d’un répondant par municipalité sur l’enjeu du logement.

Moyen terme

-Développer une politique territoriale en habitation;

-Développer une politique d’inclusion de logements sociaux et abordables dans les projets immobiliers;

-Acquérir des terrains pour les projets de logement abordable (inventaire des terrains et immeubles, réserve foncière, achat et don de terrain, fonds dédié, droit de préemption);

-Protéger et assurer la qualité du parc locatif;

-Adopter un règlement visant l’encadrement de la conversion d’un immeuble locatif en copropriété;

-Contribuer à la mise sur pied d’un guichet unique pour toutes les organisations qui offrent du logement social dans la région;

-Mobiliser l’ensemble de la communauté et faire vivre les recommandations du portrait sur le logement en Montérégie-Ouest;

-Participer aux représentations auprès des députés provinciaux et fédéraux afin d’obtenir les conditions essentielles pour le développement des projets de logement social.

«La crise du logement est un enjeu de société où, collectivement par nos choix et nos gestes, nous pouvons et devons agir.»

-Marco Mozon, directeur général du Comité logement Rive-Sud