Covid-19, cinq ans plus tard : des souvenirs au cœur de l’action

Médecin de famille au Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) et chef de la table locale de médecine familiale Jardins-Roussillon, Dr Félix Le-Phat-Ho était au cœur de l’action pendant la pandémie de Covid-19. Il a été témoin de l’importante mobilisation des employés du réseau de la santé, mais aussi de la fatigue pandémique qui s’est installée au fil du temps.

Dr Le-Phat-Ho se souvient bien de la mi-mars 2020, moment où le Québec est officiellement entré en pandémie. Il était en voyage à l’étranger et comme bien des Québécois, le retour au pays a été compliqué. «J’ai commencé à faire des réunions à distance, même à l’extérieur du pays, parce qu’à ce moment-là, on prenait la mesure de l’ampleur de la crise qui s’en venait», raconte-t-il en entrevue.

«On n’était pas très préparé et on a reçu la première vague de plein fouet.»

Dr Félix Le-Phat-Ho

Mobilisés contre l’ennemi commun

À titre de coordonnateur local, il se souvient de la grande solidarité et de la mobilisation des professionnels de la santé. «On était en crise et presque en mode militaire. Tout le monde était là, l’adrénaline était dans le plafond. On était vraiment focalisé sur la menace commune», se rappelle-t-il. C’était un peu l’âge d’or de la médecine de famille. Comme on est des généralistes, on est un peu partout. C’était notre responsabilité de s’assurer que les corridors de services soient maintenus». Les collègues spécialistes ont aussi prêté main-forte.

L'unité Covid d'hospitalisation à l'Hôpital Anna-Laberge en 2021. (Photo : gracieuseté)

D’un point de vue humain, Dr Le-Phat-Ho reconnait que ça a été difficile pour les employés du réseau, notamment ceux qui travaillaient à l’unité Covid d’hospitalisation de l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay. «On constatait les vagues de décès malheureusement, les gens qui étaient sous respirateur et tous les proches qui ne pouvaient pas être au chevet de membres de la famille qui étaient mourants. Ça a eu un impact sur tout le personnel, pas juste médical et infirmier, les gestionnaires, les équipes de salubrité aussi», témoigne-t-il.

D’ailleurs, le médecin est convaincu que le fait de priver les proches de voir les gens malades ne serait pas répété advenant une nouvelle pandémie. «On peut les habiller en astronaute ou encore ils pourraient communiquer de façon virtuelle comme ça a été fait éventuellement», explique-t-il.

Miser sur l’expertise terrain

Cinq ans plus tard, alors que le réseau de la santé subit une énième réforme avec Santé Québec, Dr Félix Le-Phat-Ho aimerait que les dirigeants fassent davantage confiance aux équipes sur le terrain, comme c’était le cas pendant la pandémie. «Je comprends que c'est une manière  de rendre le réseau plus efficace, mais il ne faut pas perdre d'esprit ce qui a fait en sorte qu'on était tellement efficace. C’est qu’on avait un objectif commun, ça créait un sentiment d’appartenance», mentionne celui qui est vice-président du Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation du système de la santé.

Selon lui, pendant la pandémie, il y avait plus d’espace pour les initiatives locales.

«Je pense que l'important, c'est vraiment de décentraliser, puis d'adapter les choses sur le terrain, de faire confiance au terrain», dit-il.

Du côté des patients, le médecin de famille remarque qu’ils arrivent davantage informés lors des consultations médicales qu’avant 2020. « Ils sont plus curieux, veulent comprendre. Ils veulent s’impliquer aussi au niveau de leur santé personnelle.»

Dr Le-Phat-Ho a bon espoir que si une nouvelle pandémie frappait, le réseau serait mieux préparé puisque des plans sont déjà établis. «Je vous donne juste l’exemple de la rougeole. On a eu au moins deux vagues depuis un an. Dès qu’on avait un soupçon de risque de contagion, on était déjà en mode solution», souligne-t-il.