Christine Fréchette : l’immigration au cœur de son quotidien
À quelques mois de la moitié de son mandat, la députée Christine Fréchette s’est entretenue avec Le Reflet pour faire le bilan de sa session parlementaire en tant que ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et députée de Sanguinet.
Selon Christine Fréchette, l’immigration temporaire et l’afflux de demandeurs d’asile ont marqué la dernière année et ont accéléré les discussions et les prises de décision de son ministère. Le Québec doit gérer son immigration selon sa capacité d’accueil et ses besoins ont évolué à travers le temps, plaide-t-elle.
«Il y a 7-8 ans, on ne parlait pas de disponibilité de logement quand il était question d’immigration, alors qu’aujourd’hui, c’est le premier sujet qui nous vient à l’esprit, puisqu’il y a une crise du logement qui sévit, soutient Mme Fréchette. Considérant qu’on a eu un nombre trop grand d’immigrants qui sont arrivés au même moment en très peu de temps, et souvent concentré dans le Grand Montréal dans le cas des demandeurs d’asile, ça crée une pression trop grande sur les services publics et l’habitation.»
Le premier ministre François Legault a fait les manchettes récemment en déclarant que «100 %» du problème de logement au Québec s'explique par la hausse de l'immigration temporaire. À ce sujet, Christine Fréchette désire apporter des précisions.
«Le premier ministre l’a bien mentionné à l'effet que ce ne sont pas les personnes elles-mêmes qui sont l’enjeu, mais le volume de nouveaux arrivants, particulièrement dans le Grand Montréal, dans une très courte période et en trop grand nombre, répète-t-elle. On veut que ces gens viennent au Québec et puissent être accueillis de manière adéquate et positive. Si le volume est trop important, on n'a plus la capacité d’offrir la qualité de service et d’accompagnement qui leur revient normalement.»
Selon Mme Fréchette, la situation idéale sur le plan de l’immigration serait que le nombre d’arrivants soit réduit et «en phase avec la capacité du Québec à offrir des services».
«Il faudrait aussi que ce soit plus régionalisé, estime-t-elle. En 2016, on avait 20% des personnes immigrantes admises deux ans auparavant qui étaient situées en dehors de la région métropolitaine de Montréal. En 2023, c’est devenu 36%. On a fait un bond de plus de 50% de régionalisation. Au cours de la dernière année seulement, c’est 5% d’augmentation.»
La crise du logement n’épargne pas la MRC de Roussillon. En 2022, un rapport émis par le Chantier territorial en logement social Roussillon informait que le taux de logement social de Saint-Constant et Sainte-Catherine, deux villes comprises dans la circonscription de Sanguinet, était respectivement de 1,2% et 0,7%. Rien pour aider à la crise; le taux d’inoccupation était de 0,3% et 0,1%.
Christine Fréchette assure que la ministre de l’Habitation France-Élaine Duranceau travaille à rehausser le nombre de logements sociaux à travers la province. Certains projets sont en branle, fait-elle savoir, mais elle laissera les villes faire leurs propres annonces, ajoute-t-elle.
«C’est un secteur qui a besoin d’investissements accrus, soutient-elle. Il y a eu pendant de nombreuses années un délaissement des investissements gouvernementaux dans le secteur de l’habitation à travers le Québec.»
Depuis son entrée en poste, la fermeture du chemin Roxham à Saint-Bernard-de-Lacolle en mars 2023 par les gouvernements du Canada et des États-Unis a été l’un des moments marquants.
«C’était central, non seulement à titre de ministre de l’Immigration, mais aussi de députée de Sanguinet, puisque le chemin était à proximité, explique-t-elle. C’était un phénomène qui entraînait plusieurs impacts sur les organismes communautaires.»
Temps en circonscription
Sur le plan local, Christine Fréchette souligne qu’elle a offert plus de 300 000$ aux organismes de sa circonscription.
«La première année et demie a été très riche en expérience, exprime-t-elle. Nous avons réussi à mettre de l’avant un certain nombre de projets intéressants qui vont permettre au comté de progresser et avoir une meilleure qualité de vie.»
Le gouvernement du Québec a notamment contribué au financement du nouveau complexe sportif de Delson et Sainte-Catherine avec une subvention de 7,5 M$.
«[Le complexe sportif] amènera un rehaussement de la qualité de vie des gens, parce que ce sera des infrastructures bien équipées, avec des terrains multifonctionnels», estime-t-elle.
Concernant l’urbanisation de la route 132, Mme Fréchette assure que le gouvernement considère qu’il s’agit d’un projet important et qu’un comité multiministériel est à l’œuvre sur ce dossier. Mais pour l’instant, aucun chantier n’est prévu.
«Il y a une opportunité de développement à la fois sur le plan de la sécurité de la route, de l’aménagement pour mieux structurer les véhicules et de développement immobilier, ajoute-t-elle. Je comprends que c’est long, mais en même temps, c’est costaud.»