Carambolage monstre sur l’autoroute 15 – Cinq ans plus tard : des paramédics se souviennent
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Les paramédics ont noté à quel point le carnage ressemblait à une «scène d'apocalypse» à leur arrivée sur les lieux du carambolage. (Photo : Le Reflet - Denis Germain)
Le paramédic Jean-François Péloquin était l’un des premiers à s’être rendu sur les lieux du carambolage monstre survenu sur la route 132 à La Prairie, le 19 février 2020. À son arrivée à l’entrée de la rue Saint-Henri, il a constaté avec stupeur l’ampleur de la scène qui a impliqué plus d’une centaine de véhicules.
«La visibilité était complètement nulle, se souvient-il. J’ai été témoin de l’autobus scolaire qui est entré en collision avec la remorque. Dès que les véhicules arrivaient dans la courbe, ils se rentraient dedans. On a vu qu’on avait une situation assez catastrophique entre les mains.»
Le Candiacois de 52 ans a tenté d’avertir les automobilistes qui se dirigeaient vers le nord à l’aide de fusées incendiaires. Il a d’ailleurs reçu une médaille pour son acte de bravoure, puisqu’il aurait pu se faire frapper.
«Si on attendait que la police arrive, c’est sûr que la situation se serait empirée, croit-il. On voulait éviter le plus de morts possibles. Je sais que j’ai risqué ma vie en sortant de l’ambulance en voulant les avertir. Au début, ça ne fonctionnait pas super bien, mais éventuellement ça s’est arrêté.»
Les services d'urgence sont intervenus rapidement pour venir au secours des victimes. (Photo : Le Reflet - Denis Germain)
Par la suite, M. Péloquin s’est dirigé vers les voitures empilées les unes par-dessus les autres afin de porter assistance aux victimes. Malheureusement, lui et son collègue n’ont rien pu faire pour les deux hommes qui ont perdu la vie après avoir été percutés par un camion-citerne.
«On a réussi à extirper certaines personnes, on a tenté de les évacuer pour les diriger vers l’hôpital [Charles-Lemoyne], décrit-il. Je suis resté longtemps avec un monsieur qui était pris sous les roues de son pick-up pendant des heures.»
Le Candiacois est resté sur la scène jusqu’à 19h, moment où il a finalement pu sortir les deux corps pris dans les décombres.
«C’est sûr que tu souhaites de tout cœur de ne pas retrouver des victimes, mais dans un accident majeur comme ça, on s’en doutait que ça pouvait arriver», se désole-t-il.
Scène chaotique
Son superviseur de l’époque, Jean-François Lebel, est venu le rejoindre peu de temps après son arrivée.
«Les conditions climatiques étaient très difficiles, se souvient le résident de Beauharnois. Lorsque mon partenaire et moi sommes arrivés sur le site, nous avons pris connaissance d’à quel point que c’était chaotique.»
Jean-François Lebel se rappelle de la scène chaotique lorsqu’il est arrivé sur les lieux du carambolage. (Photo : Le Reflet – Guillaume Gervais)
Initialement, les deux paramédics n’étaient pas conscients de l’ampleur de la scène, puisqu’elle s’étendait sur plusieurs kilomètres.
«L’adrénaline venait d’embarquer, raconte M. Lebel, ambulancier depuis maintenant 17 ans. On se sentait prêt à faire face à la situation.»
Celui qui est maintenant superviseur pour le secteur centre de la CETAM avait la vue bloquée par les bourrasques et la poudrerie.
«À notre arrivée, notre objectif était de dénombrer le nombre de victimes qu’on avait et de faire le triage pour déterminer le nombre de patients qu’on devait transporter, explique l’homme de 44 ans. On devait trouver les patients critiques en marchant sur les véhicules pour avancer sur la scène.»
Marqués à vie
Cinq ans plus tard, les deux paramédics continuent d’exercer leur profession sans problème et sont fiers d’être intervenus. Ils admettent tout de même que l’événement a été difficile à vivre, alors que les deux n’ont pas été en mesure d’entrer au travail le lendemain.
«Chaque fois que je passe par là, c’est sûr que j’y pense, admet Jean-François Péloquin. Assister à une scène comme celle-là n’arrive pas deux fois dans ta carrière.»
«Intervenir sur un carambolage comme ça a vraiment été une expérience émotionnelle.»
-Jean-François Péloquin, paramédic de la CETAM