Opinion

OPINION - École secondaire à Candiac : respecter l'environnement et la santé des élèves

Il y a 9 heures
Modifié à 15 h 09 min le 04 novembre 2024

Un boisé se situe sur le terrain visé par la Ville de Candiac. (Photo : Le Reflet - Guillaume Gervais)

Je suis citoyenne de Candiac et je m'intéresse aux enjeux d'aménagement du territoire. Ceux-ci deviennent de plus en plus importants alors que nous sommes confrontés aux changements climatiques et à l'effondrement de la biodiversité.  Ces deux crises environnementales sont particulièrement exacerbées dans la région fortement urbanisée du Grand Montréal.

Voici des extraits d'une lettre que j'ai envoyé aux élus de Candiac qui explique mon désaccord avec l'emplacement préconisé par la ville pour la construction de l'école secondaire:

«Je n'appuie toujours pas le projet d'école secondaire tel que présenté par la Ville de Candiac.  Il existe des emplacement plus respectueux de l'environnement et de la santé publique pour l'établissement de cette école.

Tout d’abord, il me semble très important de rappeler que la construction d’une école en bordure d’une autoroute aurait des conséquences importantes sur la santé des élèves et des personnes qui y travaillent.  La Santé publique rapporte que « Les gens qui vivent près d’une autoroute achalandée courent plus de risques de souffrir d’asthme, de bronchite chronique, de maladies cardiovasculaires ou d’un cancer du sein.»  Les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont encore sensibles que le reste de la population à ces polluants. (https://www.protegez-vous.ca/nouvelles/maison-et-environnement/acheter-pres-autoroute-pensez-y-bien).

Ensuite, dans le projet de Plan métropolitain d’aménagement et de développement révisé (PPMADR)  de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), on apprend que les milieux naturels terrestres résiduels sur le territoire du Grand Montréal sont insuffisant pour atteindre l’objectif de 30% de conservation (engagement pris lors de la COP15). La rareté de ces milieux leur confère donc TOUS une valeur écologique importante.  Le boisé que la Ville de Candiac propose de raser a une valeur écologique importante pour la protection de la biodiversité et pour la lutte et l’adaptation aux changement climatiques.

De plus, ce boisé longe l’entrée principale (boulevard Jean-Leman) dans la nouvelle aire TOD de la Gare, offrant une unité paysagère exceptionnelle à ce quartier qui autrement serait complément encerclé par l’autoroute 30 et des terres agricoles en culture.  Ce boisé sert aussi à absorber la pollution sonore et aérienne en provenance de l’autoroute et ainsi protéger la population du quartier de ces nuisances.  

Il est aussi très important de souligner que le projet d’école dans le boisé n’est pas conforme aux nouvelles Orientations gouvernementales en aménagement du territoire (ni aux anciennes encore en vigueur jusqu'au 1 décembre 2024).  Celles-ci demandent d’orienter le développement dans les secteurs déjà bâtis pour réduire les coûts associés au projet et au maintien à long terme de nouvelles infrastructures.  Les OGAT soulignent aussi que la densification (plutôt que l’étalement urbain) est essentielle pour protéger les terres agricoles et les milieux naturels (Orientation 2 des nouvelles OGAT)

Le projet de PPMADR identifie même des espaces stratégiques de redéveloppement (ESR) qui permettent le développement dans le respect des terres agricoles et des milieux naturels et qui sont compatibles avec le développement d’un réseau de transport collectif et actif (Objectif 1.1).  Pour la ville de Candiac, l’ESR identifié se situe dans l’espace commercial à proximité de la Gare (Costco, Bureau en gros, etc) qui comprend des vastes stationnements inutilisés et de nombreux espaces vacants. Le site serait idéal pour la construction d’une école secondaire.

Le coût d’acquisition de terrains dans l’ESR est certes supérieur à l’option prônée par le maire Dyotte.  Toutefois, les bénéfices pour la santé et l’environnement ne sont pas pris en compte par la Ville dans ce calcul.  Les erreurs en aménagement du territoire ne sont pas facilement réversibles: une fois qu’une autoroute, qu’un quartier ou qu’une école sont construits au mauvais endroit, leur fracture dans le paysage y reste pour des centaines d’années et les conséquences vont bien au-delà d’une simple considération de l'alignement de colonnes comptables.

Ceci dit, je considère aussi que les municipalités ne devraient pas être responsables de payer pour fournir un terrain pour la construction d’une école. Cette facture devrait revenir au ministère de l’Éducation.  J’encourage donc les municipalités à joindre leurs efforts et à de continuer à se mobiliser pour obtenir les gains qu’elles espèrent dans ce dossier.

Catherine Vallée, résidente de Candiac.