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Brique de La Prairie : à la recherche de la perle rare

le mercredi 19 juillet 2023
Modifié à 13 h 15 min le 19 juillet 2023
Par Guillaume Gervais

ggervais@gravitemedia.com

Les appartements des ouvriers ont été conçus vers 1910. (Photo: Le Reflet – Guillaume Gervais)

Si vous apercevez des bâtiments assemblés avec des briques rouges au Québec, il est possible que celles-ci aient été conçues à La Prairie. L’ancienne briqueterie est à l’origine de ces blocs d’argile qui demeurent en grande demande dans le milieu de la construction en raison de leur esthétisme, mais aussi de leur durabilité.

Dans le quartier du Vieux-La Prairie, plusieurs bâtiments sont construits avec des briques de cette couleur. Toutefois, seul les anciens appartements des ouvriers, à l’intersection de la rue Saint-Laurent et du chemin de Saint-Jean, sont officiellement répertoriés dans les archives de la Société d’histoire de La Prairie-de-la-Magdeleine.

«Leur particularité est d’être fabriqué avec du schiste argileux composé de plus d’oxyde de fer, la rendant rouge, indique Caroline Laberge, archiviste à la Société. Entre autres, ça prend 40 degrés Celsius de moins pour la cuire.»

La Maison-à-tout-le-Monde, la résidence pour aînés La belle époque, ainsi que plusieurs édifices de la rue Sainte-Marie près du chemin de Saint-Jean ont possiblement été assemblés avec ces matériaux, mais la Société ne peut pas le confirmer. Bien que la brique ait été utilisée dans la construction des bâtiments de La Prairie dès les années 1850, sa première mention dans les archives locales date de 1872, selon un rapport annuel publié en 2013.

«Ce serait extrêmement étonnant qu’elles viennent d'un autre endroit que La Prairie. Après 1900, pourquoi aurait-on fait venir la brique d’ailleurs», soulève Gaétan Bourdages, ancien président de la Société.

L’intérêt pour cette rareté s’est partagé à travers le Québec alors que des Estriens ont contacté la Société d’histoire pour déterminer si les bâtiments de la municipalité de Brigham étaient composés de ce matériau.

«Deux personnes motivées ont contacté l’école Polytechnique, à Montréal, pour envoyer des échantillons et comparer», raconte Mme Laberge qui n’a pas connaissance des résultats.

Elle conclut en ajoutant que la Société en garde une dizaine en inventaire.

Intérêt montréalais

L’entreprise montréalaise Brique Recyc a récemment partagé qu’elle est à la recherche de ces perles rares, alors que «l’urbanisme d’une ville tient à garder le cachet original d’un bâtiment», fait savoir Tommy Bouillon, président de Brique Recyc et Maçonnerie Gratton, qui se spécialise en restauration de bâtiments.

Confrontée au quotidien à nettoyer la brique ou à en trouver d’autres d’époque, Maçonnerie Gratton a inventé une machine qui dégarnit le mortier de la brique rouge pour la conserver sur le chantier. Le processus est plus rapide, efficace et durable.

«La briqueterie a aidé à la construction de beaucoup de bâtiments à Montréal, poursuit M. Bouillon. Elle était également la dernière fabricante de brique d’argile de revêtement extérieur en activité au Québec.»

D’ailleurs, Maçonnerie Gratton travaille actuellement à la déconstruction de l’usine Molson, près du pont Jacques-Cartier, à Montréal. Ses briques rouges, possiblement celles de La Prairie, seront nettoyées et conservées pour de futurs projets.

«Pour nous, c’est très important de conserver le patrimoine de Montréal», souligne M. Bouillon.

Il ne serait pas surpris que les briques de la municipalité de Brigham soient celles de La Prairie, étant donné le succès de la briqueterie à l’époque.