Sports

Ana Laura Portuondo suspendue pour avoir échoué un test antidopage

le mercredi 09 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 09 mars 2016
Par Joëlle Bergeron

joelle_bergeron@gravitemedia.com

La judoka Ana Laura Portuondo Isasi, un espoir olympique de La Prairie qui avait de très bonnes chances pour Rio, s’est vu imposer une suspension de deux ans pour une violation des règles antidopage.

La décision émise le 23 février par l’arbitre Patrice Brunet doit être rendue publique aujourd’hui. La cause a été entendue par le Centre de règlement des différends sportifs du Canada parce que l’athlète contestait la durée de la suspension imposée par le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES).

Au terme de l’audience, l’arbitre a jugé qu’Ana Laura Portuondo Isasi n’a pas su «établir, selon la prépondérance des probabilités, de quelle manière le Salbutamol (contenu dans une pompe de Ventolin) s’est retrouvé dans son organisme à une concentration supérieure à 1000 nano grammes par millilitre».

L’athlète a produit un prélèvement d’urine anormal lors du Championnat canadien à Saint-Jean-sur-Richelieu le 17 mai 2015. L’analyse de cet échantillon a révélé une concentration de Salbutamol de 1300 ng/mL.

Dans la plus récente Liste des interdictions de l’Agence mondiale antidopage (AMA), il est précisé que le Salbutamol est une substance permise et devient interdite lorsqu’elle dépasse un seuil de 1000 ng/mL dans l’urine d’un athlète. Une concentration supérieure à 1000 ng/mL «sera présumée ne pas être une utilisation thérapeutique intentionnelle et sera considérée comme un résultat d’analyse anormal», à moins que le sportif ne prouve que ce résultat anormal est bien la conséquence de l’usage abusif d’une dose thérapeutique par inhalation.

Une douche froide

La judoka classée au 1er rang au Canada dans la catégorie des -78 kg a elle-même contacté le Journal pour offrir sa version des faits. Elle affirme qu’elle se sert de pompes prescrites par son médecin depuis 2012.

«J’ai été diagnostiquée asthmatique et le médecin m’a prescrit des pompes de Ventolin (Salbutamol) et du Flovent, indique-t-elle. Il m’a dit de m’en servir avant chaque effort physique pour diminuer ma toux et mes cillements.»

La Laprairienne ajoute qu’elle a toujours respecté les instructions du pneumologue qui était au fait de son statut d’athlète élite. Cela n’a jamais posé problème.

«Je ne comprends pas ce qui a pu se passer, dit l’athlète dévastée. J’ai pris mes quatre puffs comme d’habitude… Ça me fâche parce que je suis une athlète intègre et je n’ai jamais rien pris pour améliorer mes performances. Il faut sanctionner les vrais tricheurs, pas ceux qui prennent de la médication pour leur santé!»

Le directeur général de Judo Québec, Jean-François Marceau, qui a déjà entraîné l’athlète au provincial, croit la version de la judoka.

«Je respecte la décision de l’arbitre, mais je trouve la peine sévère, dit-il. Je connais Ana Laura et je sais que c’est une athlète très honnête. Tout ça est vraiment malheureux.»

De plus, il allègue que la compétition où elle a été testée ne relevait d’aucune importance pour elle.

«Comme Ana Laura est déjà brevetée par Judo Canada, elle est obligée de participer aux championnats canadiens. Ce n’était pas une compétition pour obtenir un brevet ou une qualification olympique et elle est déjà sur l’équipe canadienne, énumère-t-il. Il y a zéro facteur qui pourrait justifier le doping

L’avis d'une experte

Christiane Ayotte, Directrice du Laboratoire de contrôle du dopage de l’INRS - Institut Armand-Frappier et membre de plusieurs groupes scientifiques, notamment au sein du Comité International Olympique (CIO), a convenu lors de l'audience que la prise de Salbutamol par inhalation n’a pas d’effet qui augmente la performance d’un athlète.

Toutefois, des études scientifiques ont démontré qu’en préparation orale, le Salbutamol pouvait avoir des effets anabolisants, et donc améliorer la performance. C’est ce qui explique pourquoi l’AMA a placé le produit, dans une quantité élevée, sur sa Liste des interdictions.