Accident mortel sur la route 221 : «Faut que ça change pour Josée»
La route 221 entre l’autoroute 30 et Saint-Rémi a été le théâtre de 87 accidents entre 2018 et 2022. Alors qu’un autre accident mortel est survenu le 18 octobre, plusieurs voix s’élèvent afin de sécuriser la portion rurale de la route de 8,5 km, dont celle du conjoint de la victime.
«Josée détestait emprunter cette route, mais elle n’avait pas le choix de la prendre pour se rendre à son travail à l’Hôpital Anna-Laberge, se désole en entrevue son conjoint Luc Bergeron. Ça me démolit que ce soit sa mort qui va peut-être changer les choses.»
M. Bergeron a lancé une pétition en ligne qui demande de sécuriser davantage la route 221. En date du 28 octobre, elle avait amassé 13 278 noms et plus de 300 commentaires.
«Ce qui vient me chercher, c’est le nombre de commentaires de personnes qui disent avoir perdu des gens sur cette route, explique-t-il. Et il n’y a pas seulement des gens qui ont eu des accidents qui sont interpellés, mais aussi ceux qui ont peur de l’emprunter. Surtout les parents comme moi, ils ne veulent pas laisser leurs enfants la traverser.»
Il compte envoyer la liste des signataires à la ministre des Transports Geneviève Guilbault ainsi qu’au bureau de circonscription de Christine Fréchette, députée de Sanguinet. Mme Fréchette lui a exprimé ses sincères condoléances en lui assurant qu'elle prend sa situation très au sérieux.
«Nous sommes déterminés à améliorer la sécurité sur la route 221 et j'ai déjà discuté avec ma collègue aux Transports, a-t-elle écrit. Votre voix est précieuse et nous souhaitons vraiment travailler ensemble pour éviter que d'autres familles ne vivent une telle tragédie.»
Le soir du 18 octobre, Josée Grisé a perdu la vie dans un face à face mortel sur la route 221 alors qu’elle revenait d’un spectacle. Les circonstances de la collision n’ont pas encore été déterminées par le Service de police de Châteauguay, mais l’alcool ne serait pas en cause. L’enquête est toujours en cours.
«Faut que les choses changent pour Josée», martèle-t-il.
Des demandes répétées
Depuis plusieurs années, les villes de Saint-Isidore et Saint-Rémi ont envoyé de nombreuses requêtes au ministère des Transports (MTMD) afin de rendre la route plus sécuritaire, en vain.
«Le problème l’été, c’est la vitesse, indique Sylvie Gagnon-Breton, mairesse de Saint-Rémi, qui a réitéré sa demande lors de la séance du conseil municipal du 20 octobre. On a demandé de réduire la limite de vitesse à 70 km/h, mais elle a été refusée en raison de la fluidité.»
Questionné à ce sujet, le MTMD répond que «la vitesse affichée sur la route 221 est adaptée à l’environnement routier».
«La géométrie de la route 221 est une ligne droite avec une voie par direction et une limite de vitesse de 90 km/h en raison d’environnement rural avec très peu d’accès à la route. La vitesse diminue à 70 km/h à l’approche de l’autoroute 30», explique Karine Adbel, conseillère en communication du ministère.
Mme Gagnon-Breton mentionne qu’il n’est pas possible d’élargir la route pour ajouter une voie supplémentaire dans chaque direction puisqu’il n’y a pas d’espace en bordure de la chaussée. Elle concède toutefois que le MTMD a accepté à sa demande d’installer un feu de circulation à l’intersection du rang Sainte-Thérèse, ainsi que des clôtures à neige pour se protéger des blizzards pendant l’hiver.
À Saint-Isidore, les citoyens se plaignent du manque de sécurité sur la route 221. Le directeur général Sébastien Carignan-Cervera se souvient de l’accident mortel survenu en octobre 2022 où un camion avait été impliqué dans un face-à-face après avoir voulu éviter la circulation automobile devant lui.
«Nous avons interpellé le Ministère à maintes reprises, soutient-il. On sait qu’il y a des plans qui ont été faits pour faciliter les accès pour assurer une meilleure fluidité, mais le MTMD n’a pas les budgets nécessaires pour réaliser les travaux. De plus, il a statué que la route n’était pas assez dangereuse et que les nuisances étaient dues au trafic et à la circulation.»
Données
Interpellé au sujet de la collision mortelle survenue la semaine dernière, le ministère a dit déplorer l’accident et a affirmé s’être rendu sur les lieux afin de faire son rapport d’événement.
«Par respect pour les enquêtes en cours ou à venir, tant des autorités policières que du bureau du coroner, le Ministère ne rendra pas publiques les conclusions de son analyse quant au rôle de l’environnement routier», informe Karine Abdel.
Celle-ci a fait parvenir des données recensées entre 2018 et 2022. En cinq ans, le ministère a recensé deux accidents mortels, deux accidents graves, 33 accidents légers et 50 accidents avec dommages matériels seulement.
«On dénombre 16 % moins d’accidents (toutes catégories confondues) pour 2018-2022 qu’en 2013-2017», poursuit-elle.
Dans les deux dernières années, Le Reflet a dénombré quatre accidents graves, dont deux mortels en octobre 2024.