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À 18 ans, elle fait le tour du monde en avion solo

le vendredi 27 août 2021
Modifié à 0 h 00 min le 27 août 2021
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

Zara Rutherford est arrivée à Saint-Hubert vers midi sous une intense chaleur. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Zara Rutherford, 18 ans, s’est donné un défi d’envergure : faire le tour du monde seule dans son avion. Sept jours après le lancement de son périple qui la mènera à travers 57 pays en plus de 3 mois, l’aviatrice a atterri sur la piste de l’Aéroport de Saint-Hubert le mercredi 25 août pour passer une journée en sol québécois.

«C’est vraiment fantastique de voir autant de gens s’intéresser à mon voyage, a indiqué la pilote quelques minutes après son atterrissage, devant une centaine de personnes. Ça m’aide beaucoup.»

En complétant son tour du monde, l’aviatrice de 18 ans, qui aura 19 ans à la fin de son voyage, deviendrait la plus jeune femme à réaliser l’exploit. Elle entend par ailleurs rencontrer au cours de son périple l’actuelle détentrice du record, Shaesta Waiz, qui avait complété son tour du monde à 32 ans.

Elle serait également la plus jeune personne à le réaliser à partir d’un planeur ultra-léger motorisé (ULM). Aux commandes de son Shark, un modèle conçu en Slovaquie, elle peut atteindre une vitesse de croisière de 300 km/h.

«Parfois, c’est un peu compliqué dans les airs, mais quand je vois tous ces gens, ça me rappelle pourquoi je fais le tour du monde.»

- Zara Rutherford

Inspirer

L’objectif premier de son voyage est d’inspirer les jeunes femmes à suivre leurs rêves, notamment dans des domaines comme l’aviation et les sciences où l’on retrouve une majorité d’hommes. C’est d’ailleurs l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA) qui accueillait Zara à l’aéroport de Saint-Hubert, école où l’on retrouve environ 10% de femmes parmi tous les étudiants.

Une réalité que Zara connaît bien, alors qu’elle n’avait pas beaucoup de modèles féminins lorsqu’elle a grandi.

«Quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup l’aviation et les sciences, mais je voyais rarement d’autres femmes pilotes, explique-t-elle. Je trouvais ça un peu triste. Quand tu as 8, 9 ans, tu veux bien voir d’autres femmes qui font la même chose que toi, donc c’est un peu ça que j’espère amener avec mon vol.»

À son arrivée, Zara Rutherford a eu droit à un pont d’eau, réservé pour des événements spéciaux comme la première arrivée d’un pilote dans un aéroport. (Photo : Le Courrier du Sud – Denis Germain)

Sa passion pour l’aviation est directement reliée à ses parents, tous deux pilotes. Elle a pris son premier vol à 3 mois et n’a jamais cessé depuis. Voler autour du monde est un rêve d’enfance et elle a obtenu l’appui de ses parents dès qu’elle leur a annoncé son projet.

«Je pensais que ce ne serait jamais possible, que ce serait trop compliqué, trop cher, mentionne Zara. Et puis je me suis dit : "si je ne fais rien, ça ne va surtout pas se passer", donc je suis allé de l’avant, je l’ai dit à mes parents et ils ont directement dit oui!»

Un modèle pour les étudiantes de l’ÉNA

Plusieurs étudiants de l’ÉNA étaient sur place pour assister à l’arrivée de Zara Rutherford à l’aéroport de Saint-Hubert. Pour le directeur de l’ÉNA Pascal Désilets, son passage est significatif pour ses étudiantes et ses futures étudiantes.

«C’est un beau projet, c’est porteur d’espoir, affirme-t-il. On aimerait avoir plus de femmes ici, et c’est un bon message à envoyer aux jeunes femmes de rendre ça possible. Quand elles font leur choix en secondaire 2, 3, 4, on veut leur dire : oui, dans l’aérospatial, il y a des possibilités.»

De son côté, l’étudiante de troisième année en Technique de génie aérospatial à l’ÉNA et présidente du Conseil de vie étudiante Maya Cantin se dit très impressionnée par le parcours de l’aviatrice.

L’étudiante Maya Cantin avoue ressortir du lot comme femme à l’ÉNA, mais que son expérience a toujours été positive. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

«C’est vraiment incroyable qu’elle ait choisi de s’arrêter au Québec, ça fait chaud au cœur, indique-t-elle. De faire ça à 19 ans, ça prend beaucoup de courage. C’est important de promouvoir les femmes dans l’aviation, ça peut motiver de jeunes filles à découvrir de nouveaux métiers.»

Elle souligne en outre que si les femmes sont en minorité dans les classes, les enseignants les accueillent à bras ouverts et sont toujours heureux de les voir plus nombreuses.

Zara Rutherford se dirige demain vers New York, et si tout se déroule comme prévu, elle devrait retrouver sa Belgique natale au début du mois de novembre. Son séjour à Saint-Hubert est de courte durée, mais laissera vraisemblablement une empreinte auprès de la communauté féminine locale de l’aviation.

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