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VIDÉO – 55 recommandations pour s’attaquer au décrochage scolaire

le mercredi 29 septembre 2021
Modifié à 16 h 56 min le 29 septembre 2021
Par Michel Hersir

mhersir@gravitemedia.com

L'auteur de l'essai, David Bowles, est directeur général du collège Charles Lemoyne et président de la Fédération des établissements d’enseignement privés. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

Le Québec est la province où l’on retrouve le plus haut taux de décrochage scolaire à l’échelle du pays. Alors que la pandémie risque d’accentuer le phénomène, le directeur général du collège Charles Lemoyne David Bowles s’est penché sur la question dans son essai Réflexions d’un directeur d’école pour injecter une dose de persévérance au Québec, dans lequel il propose 55 recommandations pour fléchir la courbe du décrochage.

Avec cet essai publié aux éditions Château d’encre, celui qui est également président de la Fédération des établissements d’enseignement privés désire avant tout ouvrir un dialogue sur le sujet et débattre d’idées pour faire avancer la cause.

«Certaines personnes seront très en accord avec certaines idées, d’autres très en désaccord, suggère l’auteur. Tant mieux si d’autres propositions sont présentées; moi, ce que j’offre, c’est une main tendue pour que tout le monde réfléchisse au problème afin qu’on ait un plan match national sur le décrochage.»

C’est dans cet esprit qu’il émet sa première recommandation, celle qu’il considère comme la base de sa réflexion :  faire de la persévérance scolaire et de la lutte au décrochage une réelle priorité nationale.

S’il admet qu’elle est un peu plus vague que ses autres recommandations, l’auteur insiste sur son importance.

«Je pense qu’on ne valorise pas assez l’éducation, qu’on ne priorise pas assez cette problématique dans la société en général, maintient-il. C’est comme si on accepte qu’un élève sur cinq ne termine pas son école secondaire avec un diplôme.»

C’est ainsi qu’il propose notamment d’instaurer une commission parlementaire sur le sujet, à l’image de celle sur l’aide médicale à mourir. Il estime qu’elle pourrait proposer des actions concrètes pour accroître le taux de diplomation.

Pandémie

Le directeur constate également que l’éducation est souvent à l’avant-plan dans l’actualité, mais qu’elle est très orientée sur la crise sanitaire. S’il comprend l’importance du sujet, il aimerait que le discours soit plus balancé.

«On parle beaucoup de la ventilation ou des masques, mais très peu du retard scolaire que les jeunes ont accumulé et ce qu’on doit mettre en place pour éviter une crise de décrochage», se désole-t-il.

 

 

L’arrivée de la pandémie n’a par ailleurs pas aidé la situation et ses effets commencent à se faire ressentir.

«On n’a pas les chiffres sur le décrochage encore, mais les premières indications que j’ai, c’est que ça a augmenté, avance-t-il. Des jeunes qui étaient en danger de décrochage, en démotivation, se retrouvaient tout un coup seul à la maison, devant écran, avec des distractions partout. Le contact humain est super important pour les motiver et assurer qu’ils poursuivent leur parcours.»

Même s’il critique le gouvernement à quelques occasions dans son essai, il tient à souligner que ce dernier a tout fait pour garder les écoles ouvertes dans le contexte.

C’est d’ailleurs le contexte actuel qui l’a amené à réfléchir aux solutions pour favoriser la persévérance scolaire.

«Au cœur de la crise, j’étais aux premières loges des réflexions sur ce que l’on allait faire, comment instaurer l’enseignement virtuel par exemple, et j’étais de plus en plus inquiet pour les élèves en danger de décrochage, explique l’auteur. L’éducation, c’est ma passion, donc je lis beaucoup sur le sujet et je suis très impliqué. Ici et là, j’avais quelques idées que j’avais gardées, donc, j’ai tout mis ensemble afin d’exprimer ma pensée de façon cohérente dans un ouvrage.»

Tendon d’Achille du système québécois

David Bowles affirme sans hésiter que le système scolaire québécois est très bon, mais que selon lui, le décrochage scolaire est son tendon d’Achille.

Même s’il y a eu une amélioration dans les dernières années, il indique que l’écart avec le reste du Canada demeure à peu près le même. Le directeur note que dans cette même période, des améliorations considérables ont été réalisées dans d’autres provinces, comme le Nouveau-Brunswick et l’Ontario.

«En Ontario par exemple, ils ont mis en place une mesure qui rend obligatoire l’éducation jusqu’à 18 ans sans l’obtention d’un diplôme, souligne-t-il. Nous, on n’ose pas en ce moment, mais je pense qu’on devrait définitivement le faire.»

«Il faut que le gouvernement mène la charge, un peu comme à l’époque de la Révolution tranquille. On est très fier de la Révolution tranquille au Québec, mais on oublie que ça s’est d’abord fait par le système scolaire.»

– David Bowles

Le décrochage des professeurs

Il n’y a pas que chez les élèves où la question du décrochage est un enjeu. Selon une étude évoquée dans l’essai, 25% des enseignants quittent la profession dans leurs cinq premières années. David Bowles admet lui-même avoir trouvé ses premiers mois comme enseignant difficiles et croit que la profession devrait être davantage valorisée.

«On parle de personnes qui ont fait un baccalauréat de quatre ans et qui choisissent de quitter le métier, déplore-t-il. Il faut trouver un moyen d’améliorer leur intégration. Les enseignants choisissent leur classe par ancienneté, ce qui fait que souvent, les nouveaux professeurs ont des groupes plus difficiles.»

Il affirme en outre que le phénomène amplifie la pénurie de main-d’œuvre, ce qui a un effet collatéral sur le décrochage scolaire. Dix des recommandations qu’il émet sont d’ailleurs en lien avec la profession.

«Ce qu’on veut, c’est les intégrer pour qu’ils restent 35 ans dans le métier», soutient-il.