COVID-19

Un médicament à l’étude contre des symptômes de la COVID-19 produit à Candiac

le vendredi 17 avril 2020
Modifié à 14 h 54 min le 17 avril 2020
L’entreprise Pharmascience à Candiac est en mode préparation afin de produire massivement de la colchicine, un médicament présentement testé afin de réduire les complications liées à la COVID-19. Elle a déjà fourni 200 000 comprimés pour une étude internationale de l’Institut cardiologique de Montréal. Comme le médicament sera fabriqué à Candiac si l’étude appelée Colcorona s’avère concluante dans les prochains mois, les équipes sont déjà prêtes pour la production. «Ils ont réagi très rapidement. On parle de quelques semaines pour fabriquer les comprimés testés et les placebos. On se prépare à produire des millions de comprimés. On est déjà en discussion avec des fournisseurs de matières premières en Europe», explique Jean-Guy Goulet, chef d’exploitation chez Pharmascience, soulignant qu’il faut rester prudent avec l’étude et attendre. L’entreprise pharmaceutique produisait déjà de la colchicine, une «vieille» molécule qui était notamment utilisée contre la goutte. Si elle doit la fabriquer pour la COVID-19, la production augmenterait de 5 à 20 fois. Sur les 1 200 employés de Pharmascience au Québec, 300 travaillent à Candiac. La moitié est en télétravail présentement et l’autre est sur place. Les employés doivent respecter des règles déjà strictes sur le site de fabrication. L’entreprise s’est adaptée aux normes gouvernementales ajoutées en temps de pandémie. Les quarts de travail sont divisés, entre autres. Expertise et achat local Le Dr Jean-Claude Tardif de l’Institut cardiologique de Montréal a approché Pharmascience pour ses installations spécialisées à Candiac et son expertise. «On a la capacité de production et la formulation. Notre vitesse de réaction et le fait que nous sommes locaux nous donnent un avantage. Produire à l’étranger aurait nécessité l’importation et compliqué le processus, même si ça pourrait coûter moins cher», soutient M. Goulet.
«C’est en temps de crise qu’on réalise l’importance d’avoir des sites de production locaux en pharmaceutique.» -Jean-Guy Goulet, chef d’exploitation chez Pharmascience
Il précise toutefois que l’entreprise n’en est pas à considérer les revenus que pourrait lui apporter la production massive des médicaments. Elle se concentre principalement sur l’aide qu’elle peut apporter en ce temps de crise. Pharmascience prône depuis longtemps l’achat local, aspect qu’elle considère méconnu en pharmaceutique. Depuis le début de la pandémie, la demande de médicaments a augmenté, constate M. Goulet. «Dans l’ensemble du marché, en mars, on a vu une croissance de 25 à 30%. Il y a eu un mouvement de crainte pendant lequel les gens ont rempli leur prescription pour une plus longue période. Ç’a diminué à 20% depuis le début d’avril», ajoute-t-il. M. Goulet explique que l’Inde, par exemple, a également été confrontée à la crise. Cela a provoqué un ralentissement de la chaîne d’approvisionnement mondialement. C’est pourquoi la production et l’achat localement sont priorisés. Au Québec, plus de 20 millions de prescriptions sont remplies avec des produits fabriqués chez Pharmascience. «On a une responsabilité sociale. On veut continuer d’approvisionner ces produits-là. Nous avons la capacité de produire 3 à 4 milliards de comprimés. L’enjeu n’est pas le volume, mais bien la complexité de fabriquer la colchicine, un produit haut en toxicité, en plus de nos produits réguliers», indique M. Goulet. Étude L’Institut de cardiologie de Montréal recherche environ 6 000 patients atteints de la COVID-19 afin de mesurer l’efficacité de la colchicine sur les symptômes du virus. Le médicament pourrait avoir la capacité de diminuer l’inflammation provoquée par le système immunitaire lorsqu’un patient est infecté. Des centres hospitaliers de New York et Vancouver se sont également joints à l’étude. À LIRE AUSSI: Une multinationale fabrique des médicaments à Candiac