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COVID-19

Confinés à la maison et sans Internet haute vitesse : «C’est l’enfer !»

le mercredi 22 avril 2020
Modifié à 11 h 23 min le 22 avril 2020
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Alors que le gouvernement demande aux citoyens de privilégier le télétravail, de commander leur épicerie en ligne et d’étudier à distance, certains d’entre eux ne peuvent pas effectuer ces tâches, faute d’Internet haute vitesse. Le confinement est une nouvelle coupure dans une plaie déjà vive, illustre une résidente affectée.  Ving ans après s’être installée à Saint-Lazare, Réjeane Bilodeau constate que la fibre optique ne s’est toujours pas frayé un chemin jusqu’à sa résidence située en milieu rural. Il lui est impossible de naviguer efficacement sur le Web et la situation s’est empirée depuis le début de la pandémie, raconte-t-elle. «Je dois débourser des sommes astronomiques pour avoir accès à une ligne téléphonique, dix chaînes à la télévision et de l’Internet limité», explique celle qui paie environ 350$ par mois pour ces services. L’enseignante confinée à son domicile veut entrer en contact avec ses élèves pendant la fermeture des écoles, mais la tâche est ardue. Le matin de la journée de l’entrevue, il lui était impossible de visionner une conférence pour son travail, puisque sa connexion n’est pas adéquate. «L’image est hachurée et la vidéo coupe constamment», résume-t-elle. «Et oubliez les divertissements comme Netflix, surtout la fin de semaine!» ajoute celle qui qualifie cette situation de non-sens. De plus, les achats en ligne se font rares étant donné qu’une simple consultation d’un site Web dans son entièreté peut prendre des heures. «C’est correct quand on sait ce qu’on veut, sans avoir à chercher», relate-t-elle. Pire que jamais À 20 minutes de Montréal, Sylvie Blais vit les mêmes difficultés que Mme Bilodeau. La résidente de Saint-Constant qui avait témoigné de sa situation au Reflet en 2019 ne peut ni suivre des formations en ligne ni se divertir avec des services de téléchargement continu comme Netflix. Elle dit vivre l’enfer.
«On nous demande de travailler de la maison, mais ma connexion Internet ne me le permet pas.» -Sylvie Blais
«Je travaille à obtenir une certification pour enseigner le yoga et à me perfectionner dans mon métier, mais je ne peux pas le faire, déplore-t-elle. La situation est encore plus frustrante, d’autant plus que le service que nous avons est encore plus lent qu’à l’habitude. C’est pire que jamais.» Incohérence Bianka Dupaul est directrice générale à la Coopérative CSUR, dont l’objectif est de brancher des résidents mal desservis en milieu rural dans la région de Vaudreuil-Soulanges. Elle dénonce l’incohérence à laquelle ils font face depuis le début de la pandémie. «Le confinement exacerbe une situation qui était déjà urgente depuis des années», soutient celle qui dit recevoir chaque jour des appels de résidents demandant de l’aide. Le fardeau est tel que certaines situations rapportées sont invivables, dit-elle. «On exige des parents que leurs enfants restent à la maison. On leur demande d’acheter local en ligne, puis on veut que les étudiants apprennent à distance. C’est exigeant, car ils ne peuvent pas le faire. Ça leur met une pression énorme», fait-elle valoir. Cheval de bataille Les députés fédéraux des circonscriptions de Salaberry-Suroît, Claude DeBellefeuille et de La Prairie, Alain Therrien, où des résidents ne sont pas branchés, ont interpellé le gouvernement quant à cette problématique. «À partir du moment où on exige des gens qu’ils restent confinés chez eux pour une question de santé publique, on doit prévoir qu’ils devront avoir accès à des services technologiques, que ce soit pour le travail, les études ou simplement pour rester en communication avec leurs proches», a indiqué la première, du Bloc québécois. «ll s'agit d'un enjeu important dans les villes de la circonscription de La Prairie. Plusieurs endroits plus ruraux ont encore de la difficulté à avoir accès à un lien Internet de bonne qualité. […] c’est un cheval de bataille qui s'avère encore plus important face à la situation actuelle pour briser l'isolement», a ajouté son collègue.

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